L’article 4 de la Constitution fixe le rôle des partis politiques et ses limites. Ils ” concourent à l’expression du suffrage et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.” C’est peu dire que le Général De Gaulle s’en méfiait. Il y voyait des machines dont la pente naturelle était de substituer leurs intérêts propres à celui de la Nation. Dans les Mémoires de Guerre il dit sa déception à cet égard. Rejoint par beaucoup de patriotes hostiles au régime des partis, il avait même été soupçonné au lendemain du 18 Juin 1940 de ne pas être un général républicain. Il s’était attaché ensuite à redonner aux partis politiques non compromis avec Vichy la place qu’ils avaient sous la IIIème République. Ce rétablissement, opéré notamment avec le concours de Jean Moulin, ne s’était pas fait sans un tropisme gauchisant finalement assez injuste quand on regarde de près ceux qui collaboraient avec les Nazis, ceux qui soutenaient Pétain et ceux qui pratiquaient l’attentisme. La création du Rassemblement du Peuple Français aura eu pour but, manqué, de rétablir la vérité politique de la France de cette époque. “Léon Blum fut très vite ressaisi par les penchants habituels de la famille socialiste.”…Quant à Edouard Herriot…” Je lui demandai d’aider à la reconstruction de la France ; il me déclara qu’il se consacrerait à restaurer le parti radical” note avec un amer mépris le Général. Dans le fond, De Gaulle offre la particularité au plan de la Philosophie Politique d’être un Rousseau de “droite”. Dans le Contrat Social, celui-ci écrivait : “Il importe donc pour avoir bien l’énoncé de la volonté générale qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’Etat et que chaque Citoyen n’opine que d’après lui.” On retrouve cette idée chez le Général dans sa préférence pour la Démocratie Directe, les référendums et l’élection du Président par le Peuple.
A l’évidence, la France en est revenue au régime des partis. L’humour, cette “élégance du désespoir”, nous conduit même à penser que le grand parti de gauche ne cultive pas un amour immodéré de la souveraineté nationale, ni de tout ce qui est national, d’ailleurs. Quant à celui qui capte les voix de droite, il apprend parait-il la démocratie, selon son chef, si curieusement élu. Ils n’ont pas dû lire l’article 4… Le Parti Socialiste subit une dérive pathologique. A défaut d’être le parti des ouvriers, en raison de la présence dans le passé d’un fort Parti Communiste, le PS était celui des fonctionnaires. Electoralement, il l’est toujours un peu. Mais le glissement de ses implantations locales et des suffrages qui se portent sur ses candidats, le décalage béant entre ses thèmes de prédilection et les aspirations populaires donnent de lui l’image d’un marxisme devenu fou. Cette philosophie qui est à l’origine des partis socialistes, même si certains l’ont abandonnée ou ont revendiqué d’autres sources, procède de l’idée que les “travailleurs” forment la réalité du Peuple qui doit se libérer de la domination qu’il subit de la part de la minorité bourgeoise des propriétaires des moyens de production. Le schéma est simple : la majorité exploitée doit prendre le pouvoir à la minorité qui l’exploite. On retrouve des résidus de ce discours dans la condamnation des “riches”, dans la volonté de leur faire payer plus d’impôts, et de leur supprimer des allocations universelles, comme si la richesse-relative- était un crime qui devait subir une double peine, comme si l’épargne et l’investissement, avec leurs risques, étaient moins nécessaires que le travail. Mais l’essentiel est désormais ailleurs. Comme les contradictions de sa politique économique lui laissent peu d’espoir d’améliorer la situation des “classes laborieuses”… ou chômeuses, le PS est devenu le parti des minorités, avec l’espoir que leur addition lui donne une majorité. Il a donc repris le schéma marxiste, décomposé et utilisé de manière aussi systématique qu’absurde. Les “homos” sont aliénés par les “hétéros”, les descendants des “colonisés” sont aliénés par les descendants des colonisateurs : à défaut de révolution, cela donne l’espoir d’additionner le vote des quartiers “bobos”, et celui des cités “sensibles”, en empochant au passage le bénéfice d’une montée de la colère chez les Français moyens qui fera exploser l’opposition entre droites dure et molle.
La “droite” la plus bête du monde ne s’est pas fait prier pour répondre présent à l’appel du piège. Il faut entendre les NKM, Barouin et autre Le Maire dénoncer la dérive droitière qui avait cependant amené Sarkozy très près d’une seconde victoire, et d’une seconde tromperie des électeurs. L’UMP ressemble à la Fédération Républicaine, l’UDI voudrait retrouver la place de l’Alliance Démocratique. On revient à l’avant-guerre. Entre deux, il y avait eu le RPR et l’UDF… Une droite divisée, dénuée de convictions solides et fermement défendues, qui donne souvent l’impression d’être la copie de la gauche avec du retard sur le plan sociétal, comme elle l’a montré sur le PaCS et le montrera encore sur le mariage unisexe, se différencie avec un peu moins d’Etat Providence dans le domaine économique, mais sans jamais le courage de réformes que des sociaux-démocrates non-marxistes ont réalisées dans d’autres pays.
Ces partis ne sont plus que des agences électorales oscillant entre sondages et obédiences. Il reste le Front National, le PSF d’aujourd’hui, tenu à l’écart, mais dont on se demande s’il ne le souhaite pas afin de faire prospérer la firme.
En tant que Président d’un mouvement, le RPF qui se situe dans la tradition gaulliste, et n’a aucun égoïsme de parti, je souhaite que tous les hommes et les femmes de bonne volonté politique s’unissent pour mettre un terme à cette confiscation de la République, à cette dénaturation de la démocratie et, en ce Printemps Français, organisent une Contre-Attaque salvatrice.