Il avait manifestement perdu la main. Malheurs et bonheurs personnels exhibés avec complaisance, omniprésence et omnipromesses sans beaucoup d’effets, Président du pouvoir d’achat en pleine crise mondialisée de celui-ci, Chef d’un orchestre désaccordé jouant une partition méconnaissable aux oreilles des abonnés de la salle, le Général d’une armée vaincue a choisi la contre-attaque, à la fois modeste et ambitieuse. Modeste dans le ton avec l’aveu lucide de ses erreurs, ambitieuse dans son objectif : la reconquête du peuple français par la pédagogie. Face à des journalistes qui n’hésitaient pas à l’interrompre avec insistance, en oubliant parfois le respect minimum que les spectateurs doivent aux acteurs, le professeur, qui avait manifestement travaillé sa leçon, a été la plupart du temps percutant, même si l’on doit regretter son imprécision sur la réduction des déficits. La réforme est nécessaire. L’état du pays l’exige. Elle est cohérente car les 55 mesures qu’elle comprend sont complémentaires les unes par rapport aux autres.
L’exercice fut révélateur : le Président a le goût de l’efficacité et de la réussite. Au service d’une volonté tendue vers le but, il a quelques intuitions et un pragmatisme qui ne s’embarrasse pas dans la définition des concepts.
Il était urgent de remettre dans le bon ordre le travail et le pouvoir d’achat : il l’a fait, alors que depuis trop longtemps beaucoup de responsables de la majorité laissaient entendre que l’injection de monnaie et la reprise de la consommation étaient l’alpha et l’oméga de la croissance.
Il fallait être clair sur l’éducation et l’immigration illégale : il l’a été.
Mais la métaphysique est un peu courte. En fait, il n’y en a pas. Le sens de la vie, c’est de manière pragmatique, l’affaire du Prêtre, du Pasteur, du Rabbin. Il n’a pas dit de l’Imam, mais chacun l’a pensé. Voilà une manière de mettre la religion dans une case socialement utile qui ne satisfait pas le croyant que je suis. J’admets fort bien que celui qui ne croit pas puisse aussi donner un sens à sa vie, mais je pense que la religion n’est pas qu’une affaire privée et ne se limite pas à la question égotique du sens de la vie.
De la même façon, étrange a été la confusion entre l’acquisition de la nationalité française et l’obtention d’un titre de séjour. A cette confusion s’est ajoutée une position étonnante en faveur du vote des étrangers. Suffit-il d’être présent sur le territoire et d’y travailler pour être un citoyen français ? A mes yeux, la participation à la vie économique et l’appartenance à une Nation ne se confondent pas puisque celle-ci doit consister en une adhésion volontaire à des valeurs issues d’une histoire assumée. Clin d’œil à la gauche idéologique, en attendant ceux sur la famille ? Espoir d’une réélection avec une autre majorité qu’annoncerait l’ouverture ? L’emploi systématiquement négatif du mot « conservatisme » devrait alerter. Le pragmatisme ne s’embarrasse ni des idées, ni même des hommes. C’est pourquoi il est important d’en fixer les limites.