Une journaliste de Mediapart, journal en ligne créé par Edwy Plenel…, a bien voulu m’interroger au sujet de l’opportunité des lois mémorielles.
Voici le lien vers l‘article (article en date du 15 mai). Celui-ci est payant. Vous trouverez ci-dessous un court extrait, sachant qu’il vous manquera les importants fichiers sonores mp3…
L’Assemblée nationale sait qu’elle a ouvert une boîte de Pandore, en multipliant les lois dites “mémorielles”. Dans la suite de la loi Gayssot de 1990 contre le négationnisme, les députés ont en effet voté successivement la reconnaissance du génocide arménien (janvier 2001), de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité (mai 2001), puis des «aspects positifs» de la colonisation (2005). [NB : la loi n’a jamais parlé de la colonisation]
Ces quatre textes n’ont certes pas le même statut, seule la loi Gayssot comportant un volet pénal et instaurant un délit de négationnisme, mais tous ont récemment donné le sentiment que le Parlement débordait sur le champ scientifique, se mêlait d’histoire et glissait le doigt dans un engrenage : celui de la guerre des mémoires et de la concurrence victimaire.
Depuis les dernières élections législatives, cette tendance n’a pas cessé, puisque deux propositions de loi ont encore été déposées, l’une portant sur le «génocide vendéen de 1793-1794» (Lionnel Luca, UMP), l’autre sur le «génocide ukrainien de 1932-1933» perpétré par Moscou (Christian Vanneste, UMP)…
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A l’inverse, le député UMP Christian Vanneste, auteur de l’article polémique sur les « aspects positifs » de la présence française outre-mer et sur leur inscription dans les manuels (loi de 2005), s’affiche comme un «partisan des lois mémorielles» (à l’exception du texte Taubira), désireux même de « compléter » l’arsenal existant : «L’Histoire est une science molle, mouvante, qui interprète et sélectionne les faits ; elle ne doit pas s’imposer au législateur, qui se préoccupe de citoyenneté et de cohésion nationale. » (cf sonore)
Au sujet de la Seconde Guerre mondiale, d’ailleurs, ce gaulliste admet préférer «la légende» à l’Histoire (cf sonore)
Seul bémol, dans sa plaidoirie pour les lois mémorielles : Christian Vanneste s’oppose à toute «clause pénale», refusant de faire condamner les “déviants” et les révisionnistes. Pas question, par exemple, de créer un délit de négationnisme du génocide arménien, comme le réclament des dizaines de parlementaires, de gauche comme de droite, pour compléter la loi de 2001 (cf sonore).
Un commentaire
Il convient de remercier le député Christian Vanneste de son action visant à la reconnaissance du génocide des Ukrainiens.
Le principe de la reconnaissance, loin d’être un gadget possède l’intérêt dans le cas de l’Holodomor (génocide des Ukrainiens par famine organisée)de rejeter un certain révisionnisme toujours vivant.
Effectivement, les travaux d’historiens sérieux notamment à partir des archives soviétiques ne laissent aucun doute quant à la planification génocidaire organisée par Staline et Kaganovitch.
Une telle loi mémorielle aurait donc l’utilité de démontrer la responsabilité d’une idéologie toujours vivante dans des massacres de masse, des génocides.
On ne s’étonnera donc pas de la hargne des ultras de la terreur pour faire échec à la reconnaissance des crimes des leurs et pour tenter la réhabilitation du stalinisme au sein même de l’université française.