Grande nouvelle hier soir avec l’annonce de la libération d’Ingrid BETANCOURT. Beaucoup d’émotion et de joie autour de cette femme rayonnante de sa liberté retrouvée et de sa famille.
Mais au-delà de ces images, et de la surface médiatique, saturée d’affectivité, il faut rester lucide.
D’abord, il faut remarquer le décalage entre les images de Bogota et celles de Paris. A Bogota, c’est le triomphe d’Alvaro URIBE, président légitime de la Colombie, dont le père a été assassiné par les Farc, et qui a choisi de combattre les ennemis de la démocratie avec fermeté et intelligence. La communion des responsables politiques et militaires, empreinte à la fois de foi religieuse et de fierté patriotique faisait plaisir à voir. A Paris, une satisfaction générale, avec à la fois les paroles mesurées, objectives du Président SARKOZY, mais aussi les déclarations elliptiques de tous ceux qui hier n’hésitaient pas à critiquer le Président colombien et à lui reprocher de ne pas négocier avec les terroristes, et qui aujourd’hui semblent expliquer la libération par leur mobilisation tapageuse plutôt que par l’opération militaire astucieuse qui en est la véritable cause. CHANTECLER pense toujours faire lever le soleil.
Les enfants d’Ingrid BETANCOURT remercient le Président français mais oublient le Président URIBE, et l’ineffable Christophe BARBIER invite Monsieur DELANOE qui les mains jointes jure ses grands dieux qu’il ne se livrera à aucune récupération. CHANTECLER lance son cocorico sur le parvis de l’Hotel de Ville.
C’est aussi la démonstration évidente de l’indigence de la bien-pensance “people” qui domine le monde médiatique français. J’ai même entendu un journaliste dire que, finalement et aux dernières nouvelles, URIBE était un Président élu et d’ailleurs social-démocrate. Il est un peu difficile d’avouer que le méchant URIBE, un homme de droite qui ne voulait pas négocier avec les si romantiques tortionnaires héritiers du Che a gagné contre leur héros, le gentil CHAVEZ qui s’est révélé être un personnage mussolinien, théâtral, et tout-à-fait inefficace, par ailleurs complice évident de la dictature castriste et des Farc.
C’est enfin pour moi un petit bonheur personnel de constater que le point de vue que j’avais défendu ici-même (note du 6 janvier et du 9 avril 2008) s’est vérifié tandis que se lézardait progressivement le tableau de la Colombie présenté dans nos media nationaux.
4 commentaires
D’abord Monsieur Vanneste félicitations pour votre blog et bien d’autres choses.
Concernant “la mort définitive du Che”, en faisant mes courses, je continue à y voir sa “figure” sur des tee-shirts, des classeurs d’école et même… des serviettes de bain…le ridicule ne tue pas.
INGRID BETANCOURT : UN SUCCES MEDIATICO-COMMERCIAL
La libération de madame Bétancourt est en soi un fait anecdotique et ne concerne réellement que la personne elle-même et son entourage. Le reste est pur matraquage médiatique de la population. Cette histoire n’aurait jamais dû concerner les millions de lobotomisés télévisuels mais exclusivement les gens qui étaient dans la partie : famille, amis, proches politiques.
Il ne s’agit pas des funérailles de Hugo ici, juste d’une épopée médiatico-pseudo-politique, voire simplement mondaine. Un roman-feuilletons créé par de vaniteux journalistes.
Les médias ont pris en otage des millions de personnes qu’ils ont captivées artificiellement avec leurs méthodes habituelles de manipulations des esprits. Après le grand matraquage des masses, ce sera l’adoucisseur larmoyant qui incitera à faire écouler un pavé relatant les six ans de captivité de Bétancourt, pavé publié en centaines de milliers, voire en millions d’exemplaires.
Bref, un excellent coup d’édition que les petits Machiavels de la presse devaient préparer depuis longtemps. Sa libération devait être attendue, commercialement parlant, depuis des années. Plus sa captivité durait, plus l’affaire prenait de la valeur. Le vin a bien vieilli depuis six ans, il n’en sera que meilleur en “produit-culturel” star des supermarchés.
Ce sont les médias et les médias seuls qui avec patience et perversité (saupoudrées d’une bonne dose de gravité étudiée) ont fait entrer dans le crâne de qui le voulait bien des vérités unilatérales, uniformes, univoques et racoleuses. Ils ont réussi à faire croire à des millions de gens qui étaient au départ parfaitement étrangers à cette affaire que Madame Bétancourt était leur cousine, leur camarade de classe, leur voisine de palier.
Sous prétexte d’humanisme les “créateurs d’actualité” ou “décideurs d’événements” monopolisent un fait, le médiatisent à l’échelle mondiale pour mieux niveler les sensibilités, les opinions et finalement faire converger les vues vers un seul horizon : celui choisi par eux, les médias.
Fatalement vendeur.
Aujourd’hui Bétancourt, à qui le tour demain de servir de prétexte au “média-marketing” ?
La libération de madame Bétancourt est un immense soulagement, je ne le conteste pas. Mais uniquement pour les gens concernés : otages, familles, amis. Pas pour les Marcel Dupont se croyant investis d’une mission dupontesque largement orchestrée par les médias avides de pouvoir, d’actualités à leur avantage, de vision du monde à sens unique…
Je n’ai aucune haine, juste une rage saine contre les manitous de la manipulation médiatique qui ont l’art de créer des événements à la mesure de leur intérêts mercantilo-vaniteux.
Je refuse de me faire lobotomiser par un groupe de prétendus journalistes-humanistes à la solde des marchands de lessive. Madame Bétancourt est une invention médiatique à but lucratif en sens large du terme : faire tourner la machine à “news”.
L’exploitation éhontée de l’affaire Bétancourt à l’avantage de faire bêler les populations dociles, de détourner leur attention, de leur faire penser à autre chose qu’à l’essentiel. Les journalistes sont des charognards prêts à toutes les manipulations pour se sentir exister, tirant profit des causes les plus “flatteuses” pour ennoblir la profession à bon compte.
Certains prétendent que c’est l’opinion publique qui a libéré l’otage…
Faux !
Et quand cela serait vrai, est-ce une raison suffisante pour prendre en otage des millions d’esprits à des fins strictement privées, artificiellement montées en affaire d’Etat ?
Cette prise d’otage est à l’origine une affaire policière et non politique. Ce sont les médias qui ont fait de cette histoire une priorité nationale. Ce sont eux qui ont “réquisitionné” l’opinion, créé l’événement à des fins journalistiques. Bref, tout ceci n’est rien qu’une opération médiatique parfaitement arbitraire, savamment ciblée pour servir les intérêts d’une corporation. Les français dupes, pauvres moutons conditionnés par les médias, se réjouissent de la libération de celle qui il y a six ans encore était une parfaite inconnue… Vaste mascarade ! On fait pleurer dans les chaumières pour cette histoire mondaine pendant que le clochard du coin n’a droit à aucune attention médiatique, lui qui est pourtant pris en otage économique depuis, 10, 15, 20 ans par la société parfaitement indifférente sur son sort. Evidemment, Dédé Lacloche le SDF du quartier qui fait la manche à la sortie des magasins, c’est moins vendeur, moins romantique, moins à la mode que Ingrid Bétancourt, otage de “qualité, faire-valoir de la “pensée de référence” au visage bien photogénique et femme nécessairement “courageuse”.
Bref, Bétancourt est un otage télégénique susceptible d’être reçu avec le tapis rouge.
Les médias, pervers, manichéens, sélectifs, ont fait insidieusement passer Bétancourt pour une héroïne par le simple fait de son statut d’otage. En six années d’habiles manoeuvres journalistiques quasi subliminales, le fait est établi dans les esprits.
A quand la légion d’honneur pour Bétancourt ?
(Que l’on ne se méprenne pas sur mon discours : il n’est nullement question ici de remettre en cause la légitimité de la libération de l’otage mais de dénoncer la prise d’otage médiatique, subtile celle-là, de millions d’esprits inaptes à la critique pour mieux les instrumentaliser. Si le but est louable, le procédé est malhonnête, anti démocratique, et même définitivement immoral. D’ailleurs on prétend fort judicieusement que sans les médias, la captive aurait été libérée plus tôt. L’effet pervers de l’écho médiatique de cette affaire est que plus on parlait de l’otage, plus il prenait de la valeur entre les mains de ses geôliers…)
L’affaire Bétancourt est un pur produit médiatique. Qu’on me laisse au moins la liberté de ne pas penser selon les normes de cette “presse émotive”.
Moi, je suis un bel esprit, autrement dit un lion. Et surtout pas un âne, encore moins un mouton.
Raphaël Zacharie de Izarra
PS
Mes détracteurs qualifient les hommes du FARC de méchants terroristes… Objectivement ils ne sont pas plus terroristes que les Résistants de la Seconde Guerre Mondiale, considérés eux aussi comme tels à l’époque par Vichy. Les hommes du FARC, même si ce sont des criminels, ont leurs raisons d’agir ainsi. Même si je n’approuve pas leurs méthodes, ils ont leur vérité et je peux comprendre que l’on puisse penser et agir à contre-courant des masses civilisées. Les états utilisent eux-mêmes les méthodes criminelles les plus ignobles pour maintenir leur légitimité de nantis et personne ne semble s’offusquer de la chose. La prolifération de la détention de l’arme atomique en est le meilleur exemple.
On qualifie les preneurs d’otages de terroristes. Derrière le mot TERRORISTE la réalité n’est pas toujours toute noire ou toute blanche.
Bref, le point de vue de mes contradicteurs n’est pas le leur mais celui instillé par les médias.
La presse demande à la population française de s’apitoyer sur le sort de Bétancourt et le peuple gagné d’avance par le discours des “gentils journalistes anti FARC” bêle en choeur ! Les médias auraient demandé de mobiliser la sensibilité nationale pour Dédé Lacloche le SDF du coin, aujourd’hui l’opinion publique ne jurerait que par Dédé Lacloche…
A partir du moment où la population dans son ensemble suit l’ornière des sentiments médiatiques, plus de place à l’esprit critique ! La prochaine étape de “l’émotion civique” consistera à acheter le livre-témoignage de la maintenant “très courageuse” et surtout si télégénique ex-captive…
Pour en revenir à Dédé Lacloche qui semble décidément n’intéresser aucune de ces belles âmes réglées sur les mouvements de la baguette médiatique servant une musique bien sucrée, certes il n’est pas photogénique, certes il pue, certes il bredouille quand il a bu et qu’il fait la manche au coin de vos rues. Aucun caméraman ne fait de gros plans sur sa face rougeaude et pourtant il est là tous les jours, toujours otage de notre système terroriste économique particulièrement injuste, lui et des milliers d’autres. Dédé est à portée de caméra et pourtant aucune ne prend la peine de faire un scoop sur lui. Madame Bétancourt a une réelle valeur médiatique, pas le clochard du coin dont la solitude, la souffrance, la détresse sont parfois pires et plus durables que celles endurées par “l’illustre otage” lors de sa captivité.
Ce sont les médias qui ont choisi pour vous votre sujet d’émoi du jour : ils ne sont pas bêtes les médias, ils préfèrent servir de la Bétancourt plutôt que du Dédé, c’est beaucoup plus fédérateur.
Et pendant que les caméras braquées sur Bétancourt pour servir au peuple (artificiellement réjouit par la liberté retrouvée d’une pseudo-connaissance) sa dose de “news” sucrées à la gloire de “l’héroïne nationale”, pendant ce temps-là Dédé Lacloche n’existe toujours pas, médiatiquement parlant. Il est pourtant sous nos yeux mais il n’a aucune valeur en terme d’image. Juste bon pour alimenter minablement les journaux de rues vendus par les SDF.
Beau travail messieurs les journalistes ! Un peuple entier lobotomisé en six années de savantes manoeuvres subliminales…
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(Vraiment comique et pitoyable, la dérive se poursuit sur les BLOGS : l’ex-captive est maintenant accommodée à diverses sauces : “Bétancourt les images”, “Bétancourt les retrouvailles”, “Bétancourt en famille”, “Bétancourt avec Sarkozy”, etc.
Quand je disais que l’affaire Bétancourt était une cause nationale créée de toutes pièces par les médias…
Attendons-nous bientôt à : “Bétancourt et ses recettes de cuisine”, “Bétancourt le Loft”, “Bétancourt et ses secrets de beauté”…)
Une nouvelle fois, M. le député, bravo pour avoir courageusement milité pour plus de clairvoyance. Je ne partage pas votre appréciation positive du discours de Sarkozy : s’il a eu la pudeur de remercier Uribe, il aurait gagné à s’abstenir de remercier Renaud, qui avait traité Uribe de facho, et surtout Chavez, qui a profité de notre lâcheté pour tenter de poursuivre son OPA sur l’Amérique latine tout en appuyant sans honte la guérilla. Il faudra bien que Sarkozy avoue son erreur, c’est à ce prix que la France retrouvera une certaine considération en Amérique latine.
Je poste ici la réponse que m’a inspirée le commentaire d’une lectrice du blog de P. Devedjian :
Soizic, je ne sais pas quel est votre niveau de suivi de la situation colombienne. Mais je veux que vous compreniez bien les choses suivantes : personne, parmi les détracteurs des comités Betancourt et de l’hystérie entretenue jusqu’au plus haut sommet de l’Etat ces six dernières années ne se réjouissait de la captivité d’I. Betancourt et de tant d’autres. Les points de discorde étaient la présentation de la situation et la stratégie suivie. La France (ou plutôt ses autorités et sa presse) a présenté Uribe comme un dangereux maniaque totalement dépourvu d’humanité. Delanoe affichait sur son hôtel de ville une affiche “Ingrid, détenue en Colombie” dont vous pourrez mesurer l’ambiguïté. Chirac, Villepin et Sarkozy ont toujours défendu une ligne de concessions face à la guérilla et de farouche opposition à toute initiative militaire.
C’est cela qui m’a été insupportable. Mon pays s’est humilié et a agi comme Daladier l’avait fait en 1938, au plus grand bénéfice d’une terrible organisation terroriste, les FARC. Et, comme d’habitude, la famille et les comités de soutien ont constitué les bataillons d’idiots utiles au service de la stratégie de la guérilla.
Je recommande à tous d’écrire leur sentiment aux pilotes de cet errement français :
– le conseiller technique de l’Elysée chargé du dossier : Damien Loras, qui paradait hier à côté de la tribune présidentielle (j’ai mis du temps à l’identifier, ce bonhomme) ;
– l’amant de la soeur d’Ingrid, aujourd’hui ambassadeur au Mexique après avoir sévi à l’ambassade en Colombie puis à la tête de la Direction des Amériques, Daniel Parfait.
Concernant M. DELANOE, ce besoin de dire “non non il ne faut pas de récupération politique” est une facon flagrante de se cacher derrière un “oui oui je suis maire de Paris, il y aura des manifestations publiques et je me ferai un plaisir de les récupérer”
Brillante opération militaire en tout cas, joliment organisée !
Je continue de penser que l’insistance de Nicolas SARKOZY pour mettre ce dossier sur le devant de la scène a joué un role certain dans cet heureux dénouement.
Et félicitation à Avaro URIBE et à son armée régulière pour leur prestation efficace !
En tant que jeune militant, et au nom de mes engagements et nouvelles responsabilités en politique, je salue cet évenement comme une victoire de la démocratie, de la liberté d’opinion et d’expression. Parce que le courage des idées est un combat de longue haleine.
J’imagine le bonheur de Mélanie, dont j’avais suivi une conférence à la Catho de Lille, de retouver sa maman,
BONNE CONTINUATION INGRID !