M. Christian Vanneste attire l’attention de M. le secrétaire d’État chargé de l’industrie et de la consommation sur la question de l’explosion des tarifs des pièces de carrosserie. En effet, le tarif de certaines pièces détachées connaît aujourd’hui la plus forte inflation de ces dix dernières années. Un règlement européen protège les dessins et modèles des marques automobiles, et empêche la commercialisation de pièces de carrosserie concurrentes. Ce sont donc les constructeurs automobiles qui ont le monopole sur ces pièces, les automobilistes étant pour leur part contraints de supporter ces relèvements de tarifs ; ceux-ci entraînent non seulement une hausse des cotisations d’assurance, mais aussi une surfréquence de mise à la casse de véhicules qui sont déclarés irréparables plus facilement. Ainsi les ménages les plus fragiles se voient alors dans l’obligation de racheter un véhicule. Face à cette hausse des tarifs, la commercialisation de ces pièces détachées sous libre concurrence ne permettrait-elle pas d’empêcher ces hausses et de faire baisser les tarifs de 10 % ? C’est sur ce point qu’il aimerait connaître les intentions du Gouvernement et ce qu’il compte mettre en oeuvre.
Texte de la Réponse : La directive 98/71 du 13 octobre 1998 relative à la protection juridique des dessins ou modèles s’applique aux enregistrements de dessins et modèles de tout article industriel et artisanal auprès de services agréés des États membres. Cette directive concerne notamment les pièces extérieures utilisées pour la réparation en vue de rendre aux produits leur apparence initiale. Pour les automobiles, il s’agit de l’ensemble constituant la carrosserie (vitrerie, phares et tôlerie). La directive prévoit que les États membres maintiennent en vigueur leurs dispositions juridiques existantes à la date de publication de la directive ou les modifient dans le sens d’une diminution des protections accordées aux industriels pour leurs dessins et modèles. La France et l’Allemagne ont maintenu des législations protégeant les dessins et modèles pour les pièces détachées de rechange ; d’autres pays, parmi lesquels l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, ont entièrement renoncé à cette protection. Un projet de modification a été adopté par le collège des commissaires le 14 septembre 2004 : il prévoit une « clause de réparation » qui envisage la suppression de la protection juridique des dessins et modèles pour les pièces détachées de rechange. Les discussions préalables au vote du Conseil sont en cours. Le Parlement européen s’est quant à lui prononcé en faveur de la protection juridique à l’issue d’une période transitoire de cinq ans. Les autorités françaises souhaitent que soit pris en compte le souci de ne pas décourager les investissements de recherche de plus en plus importants consentis dans tous les secteurs, et notamment celui de l’automobile, pour améliorer les formes et la sécurité des produits. La protection de la propriété intellectuelle est le garant d’une juste rémunération de l’innovation, condition essentielle pour le développement de l’emploi industriel. Par ailleurs, plusieurs études réalisées au Royaume-Uni, qui a supprimé toute protection des dessins ou modèles depuis vingt ans, montrent que le gain financier pour le consommateur est loin d’être avéré. Les autorités françaises ne sont pas donc favorables au texte proposé par la Commission et font valoir cette position, partagée par plusieurs partenaires, dans les discussions en cours. Elles restent néanmoins attentives aux propositions de compromis qui pourraient être présentées à l’occasion des discussions en cours.