Le Dalai Lama (Photos : Le Dalai Lama au Sénat et Le Dalai Lama au Sénat (2)) était reçu ce matin, au Sénat, par les deux groupes parlementaires d’amitié avec le Tibet, celui de la Haute Assemblée, et celui de l’Assemblée nationale, présidée par Lionnel LUCA, auquel j’appartiens. Il s’agissait d’une parenthèse politique dans une visite en France qui se veut essentiellement spirituelle. Effectivement, le message délivré a été totalement politique.
On peut le résumer en trois points importants :
Tout d’abord, le Dalai Lama a souligné le poids des évènements du mois de mars dont les effets continuent malheureusement de se dérouler dans son pays. La répression a été plus dure qu’on ne le pense généralement : arrestations, tortures, exécutions… Il a d’ailleurs précisé en réponse à Axel PONIATOWSKI, Président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée, qui lui demandait si la trêve olympique brandie par les chinois pour imposer le silence sur la question tibétaine pendant les jeux était respectée par la Chine. Tel n’est absolument pas le cas.
Ensuite, le Dalai Lama a bien circonscrit le problème posé. Contrairement à ce que soulignent les chinois, ce n’est pas le Dalai Lama qui est en question, mais l’avenir du peuple tibétain, sa sécurité et son identité. Lui-même affirme qu’il n’a pas la moindre animosité à l’encontre du peuple chinois, qu’il lui souhaite la meilleure réussite possible au cours des Jeux, et que sa lutte ne vise que le Gouvernement chinois, totalitaire, manipulateur, et avec lequel il est d’autant plus difficile de dialoguer qu’il pratique le double langage : apparente ouverture vers le monde extérieur et fermeture totale à l’égard des ressortissants tibétains dont il a même dit qu’ils avaient mis à l’écart des secours dans les régions voisines touchées par le tremblement de terre.
Enfin, le Dalai Lama a esquissé deux solutions : la première consisterait pour la Chine à reconnaître ses erreurs et à annoncer son intention de respecter la spécificité tibétaine. Des dirigeants chinois l’avaient fait auparavant, comme Zhou Enlai. La seconde est beaucoup moins positive, mais semble davantage appartenir à l’univers mental des dictateurs chinois auquel le Dalai Lama est très étranger : comme ils l’ont fait avec succès pour la Mongolie Intérieure, il s’agirait de noyer l’élément tibétain dans une immigration massive. Un million de chinois sont en passe de s’installer au Tibet. Dans l’ensemble des provinces où la composante tibétaine est importante, elle ne correspond toutefois qu’à 6 millions de personnes qui pèsent peu devant le milliard trois cent millions de Han.
Je suis personnellement très heureux d’avoir participé à cette rencontre qui dans la dignité et dans l’indépendance qui sied au Parlement, a manifesté un éloignement de bon aloi à l’égard de la réal politik. Cela dit il est dans le rôle de l’exécutif qui dirige notre pays de pratiquer celle-ci et de défendre les intérêts de la France. De ce point de vue, le Président SARKOZY nous offre cet été un véritable festival ! La présence de la plupart des Chefs d’Etat ou de Gouvernement de l’Europe et de la Méditerranée les 13 et 14 juillet à Paris, et récemment son déplacement à Moscou puis à Tblissi, dans le cadre de la crise entre la Géorgie et la Russie, et en tant que Président du pays qui assume la présidence de l’Union européenne, sont des succès qui témoignent d’une énergie et d’une volonté dont les français peuvent être légitimement fiers. Il ne faut toutefois pas se faire d’illusion. Je maintiens bien sûr ce que je disais dans mon article hier : l’arrêt des combats en Géorgie est une bonne chose, certes… mais qui consiste à maintenir les troupes russes dans les territoires des deux républiques séparatistes qui font cependant partie de la Géorgie, dont on entérine ainsi la perte de souveraineté.