Le Premier Ministre François FILLON réunit aujourd’hui les Ministres du pôle économique avant que le Conseil des Ministres de rentrée ait lieu jeudi prochain. On peut légitimement parler d’une réunion de crise en raison de l’annonce récente du recul du PIB national de 0,3 % au 2ème trimestre 2008. Comme d’habitude le parti socialiste en profite pour en rendre responsable le Gouvernement et se féliciter de ses mesures inefficaces comme le fameux paquet fiscal. Dieu merci, les français ne se font aucune illusion sur le niveau et l’état du PS. On pourrait toutefois attendre d’un parti de gouvernement un plus grand sens de la responsabilité et un peu moins de mauvaise foi. La crise est mondiale. Elle a explosé dans les secteurs immobiliers et financiers américains. Elle s’étend aujourd’hui avec plus de gravité dans deux pays dirigés par les socialistes, l’Espagne et le Royaume Uni, qu’elle ne le fait en France. La détérioration du marché du travail en Espagne est catastrophique puisque le taux de chômage a refranchi la barre des 10 %. Il est à remarquer d’ailleurs que l’un des remèdes annoncés par Monsieur ZAPATERO consiste en la suppression de l’ISF espagnol. Cette annonce est à rapprocher de la critique de nos socialistes sur le paquet fiscal…
Plus sérieusement, la gravité de la situation dépasse largement les capacités d’action d’un gouvernement national en particulier. Celui-ci peut simplement prendre les mesures qui atténueront un peu plus qu’ailleurs les effets de la crise ou accélèreront davantage la sortie de celle-ci lorsque sortie il y aura. L’Allemagne voit son PIB reculer plus que le nôtre mais avec une amélioration de son emploi et un excédent commercial que nous avons perdu depuis longtemps. L’Espagne entame une contre-offensive fondée sur les années d’excédent budgétaire rendues possibles par la politique de Monsieur AZNAR, alors que notre pays accumule les déficits depuis un quart de siècle.On voit donc que la France doit faire face à la situation avec moins d’atouts que d’autres. On peut donc se féliciter des mesures prises dans le domaine économique depuis 2002 et singulièrement depuis 2007 afin notamment de faire baisser les charges des entreprises et de développer notre compétitivité. On peut simplement regretter que ces mesures aient été trop lentes et soient encore insuffisantes.
Je voudrais souligner deux points en particulier :
– Tout d’abord l’effort entrepris dans le domaine de la réduction de nos déficits et de notre dette a été beaucoup trop timoré et n’a pas entrainé de baisse de nos prélèvements obligatoires. Les exemples donnés par l’Allemagne, mais aussi et surtout par des pays comme le Canada ou la Suède ont montré que ce qui est nécessaire est toujours possible. La priorité des priorités est aujourd’hui de mettre un terme à la dérive des dépenses publiques des collectivités territoriales, qui non contentes de s’empiler inutilement les unes sur les autres, s’empressent de compenser les économies de l’Etat par des dépenses superflues. Chacun pourra une fois encore le vérifier en découvrant ses feuilles d’imposition locale.
– En second lieu, le leitmotiv du pouvoir d’achat lancé par le Président de la République a été une erreur. D’abord parce que celui-ci ne se décrète pas. Ensuite parce qu’il dépend d’une évolution internationale qui voit la richesse quitter en grande partie l’Europe pour l’Asie. L’augmentation du coût de l’énergie et des matières premières mesure ce phénomène. Les délocalisations industrielles l’amplifient. Enfin parce que l’accent mis sur la baisse des prix en même temps que sur l’augmentation des revenus (les heures supplémentaires) favorise l’importation de produits étrangers à bas prix. Il fallait à mon sens se concentrer davantage sur la compétitivité et l’attractivité de notre pays, et soutenir son industrie. L’autre thème fort de la campagne de Nicolas SARKOZY était le travail et il fallait s’y tenir, tant il est vrai que seule l’augmentation de l’offre de travail dans notre pays peut augmenter le pouvoir d’achat d’une manière économiquement saine. Les allemands l’ont bien compris qui ont instauré une TVA sociale devant laquelle nous avons reculé.