Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République
Palais de l’Elysée
Tourcoing, le 29 décembre 2008
Monsieur le Président de la République,
Vous avez témoigné de votre intérêt pour la région Nord-Pas de Calais notamment en lui rendant plusieurs visites. Vous avez, lors de votre venue à Douai, prononcé un discours annonçant le plan de relance de l’économie française qui a marqué les esprits en raison de l’importance qu’il donnait à la politique de l’offre fondée sur l’investissement et la production.
Cette politique que je soutiens absolument doit trouver son application dans le bassin d’emploi de Roubaix-Tourcoing-Vallée de la Lys. Celui-ci a été marqué par une activité industrielle forte, celle du textile, aujourd’hui à la fois considérablement diminuée et pourtant relancée par le pôle de compétitivité UPTEX, fondé sur les textiles innovants. Cette évolution s’est traduite par une perte considérable d’emplois et un taux de chômage élevé, supérieur de 4 points et demi au taux national et d’un point et demi aux taux régional et départemental. La reconversion du secteur textile est une histoire déjà vieille et qui a vu notamment la naissance dans le giron d’entreprises textiles de nouvelles formes de commerce, telles que la vente à distance. Celle-ci occupe dans le bassin d’emploi et dans la région une place considérable puisqu’elle rassemble 200 entreprises, 30 000 emplois, soit 80 % des entreprises et 70 % des emplois de la vente à distance française. Certes, il s’agit là de distribution et non de production, mais cette activité génère une évolution heureuse de la région vers les services, comme les centres d’appels, et permet à de nombreuses entreprises plus proches de l’industrie de se maintenir et de se développer : logistique, imprimerie, et fournisseurs, notamment pour assurer le flux tendu.
Or c’est aujourd’hui le secteur de la vente à distance qui est gravement atteint. Les plus grosses firmes viennent d’annoncer des restructurations qui concernent des centaines d’emplois. Cette situation est provoquée à la fois par une évolution interne de la profession avec la venue de l’e-commerce, et ses conséquences sur le catalogue, par la détérioration du pouvoir d’achat, et par la sinistrose véhiculée par les médias autour de la crise mondiale actuelle.
Comme je vous l’avais indiqué rapidement lors du moment de convivialité qui a suivi votre discours de Douai, je crois nécessaire de destiner aussi les efforts de relance à un secteur économique qui me parait vital pour un bassin d’emploi tellement frappé par les crises depuis plusieurs décennies, et qui à nouveau risque de connaître une situation grave en raison du recul de la vente à distance et des nombreuses entreprises dont l’activité est liée à celle-ci.
C’est la raison pour laquelle il me parait essentiel d’intégrer dans les 25 sites auxquels s’étendra le bénéfice du contrat de transition professionnelle, le bassin de Roubaix-Tourcoing. Mais si les mesures sociales de reclassement sont indispensables, elles doivent également être accompagnées d’un effort particulier dans le domaine de la production et de l’investissement. Le Nord-Pas de Calais a obtenu la labellisation de 6 pôles de compétitivité. Il parait primordial de les soutenir davantage. Bien sûr en priorité il y a le PICOM, pôle de compétitivité des industries du commerce, mais aussi le pôle de compétitivité UPTEX, lié à la production textile et à la commercialisation de celle-ci à travers la customisation qui doit pouvoir être l’un des moteurs de développement de la vente à distance.
Enfin, dans le cadre des investissements intégrés au plan de relance, la réalisation de l’autoroute de contournement ouest de l’agglomération lilloise suivant le tracé par le pont du Badou privilégié lors des conclusions du débat public, devrait être relancée. Ce ring est indispensable pour améliorer la fluidité de la circulation des poids lourds dans la métropole et pour irriguer les zones d’activités du bassin d’emploi de Roubaix-Tourcoing-Vallée de la Lys.
Dans l’espoir que vous voudrez bien prendre en considération cette requête qui vise à faire bénéficier un secteur encore largement marqué par l’industrie des retombées du plan de relance annoncé à Douai,
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l’hommage de ma plus haute considération.
Un commentaire
Des patrons contre le travail dominical
Christophe Machard est dirigeant d’une petite entreprise spécialisée dans l’environnement et président du club d’entrepreneurs Roissy Entreprises, qui regroupe plusieurs centaines de sociétés implantées dans la zone d’activité qui entoure Roissy. Il explique aux 4 Vérités pourquoi bon nombre de patrons de PME sont hostiles à l’initiative du député UMP Richard Mallié pour l’ouverture dominicale des commerces…
“De nombreuses entreprises sont défavorables à l’ouverture le dimanche. D’abord, les clients n’auront pas plus de pouvoir d’achat en 2009. Certains anticipent même des pertes de revenus, ils vont donc essayer d’épargner. Il n’y aura donc aucun effet positif sur la consommation des ménages. En revanche, une ouverture des magasins le dimanche représente un vrai danger pour l’économie, celui d’une distorsion de la concurrence. […] la France se vide de commerces de proximité pour tout concentrer sur la grande distribution. Les petits commerces qui ne pourront pas ouvrir le dimanche vont perdre des parts de marché, certains de leurs clients, et la France va encore perdre des commerces et des entreprises. C’est dramatique pour ceux qui vont se retrouver en faillite, mais aussi pour les clients qui devront faire toujours plus de kilomètres pour trouver des commerces.
Mais beaucoup de Français souhaitent une plus grande ouverture des magasins, notamment dans les grandes villes…
Oui, bien sûr, là où il y a du pouvoir d’achat, de nombreux consommateurs n’ont pas le temps de satisfaire leurs besoins de consommation ou se retrouvent le samedi dans des magasins bondés. Mais la solution, ce n’est pas le dimanche, c’est l’ouverture plus tardive le soir, comme en Espagne. De nombreux clients, dont ceux à fort pouvoir d’achat, ont besoin de consommer en sortant du travail, parfois jusqu’à 21 heures. Voilà qui ce qui permettrait de soutenir la consommation, de suivre les évolutions de mode de vie urbain.