D’aucuns pensent que ma proposition de loi visant à pouvoir récupérer plus rapidement ses points pour les professionnels de la route ne serait pas une bonne idée. Celle-ci irait à l’encontre du principe de l’égalité de tous devant la loi. En démocratie et dans une République libérale, l’égalité est un concept fumeux. Certes, l’égalité des droits est inscrite dans la Constitution, mais elle ne garantit pas l’égalité des situations. C’est pourquoi je lui préfère pour ma part l’équité. Il n’y a aucune égalité de risque entre le chauffeur qui effectue 200 000 kms par an dans le cadre de sa profession et celui qui n’en fait que 20 000. Je précise que ce ne sont pas seulement les taxis ou les chauffeurs routiers qui sont visés par ma PPL mais tous ceux qui sont obligés d’utiliser un véhicule afin d’exercer leur travail et donc afin de nourrir leur famille. Avant que les censeurs ne fassent leur travail, encore faudrait-il qu’ils aillent aux sources…
Je souhaite ainsi vous livrer deux expériences vécues très récemment.
A la suite de mes pérégrinations, j’ai rencontré un jeune chauffeur de taxi -et jeune marié- : celui s’est endetté afin d’acheter sa licence ; le jour où à force de perdre des points à cause de fautes bénignes, il s’est retrouvé sans permis, il a perdu de fait son travail se retrouvant de surcroît sans allocation chômage en raison de son statut d’artisan. La conséquence est logique (pour toute personne qui serait un tant soit peu sensée) : il ne peut plus travailler mais… et c’est là ou le bât blesse, il doit néanmoins continuer à rembourser sa licence !
Il me revient encore le cas de cette personne, qui, licenciée à plus de 50 ans, a fait « fructifier » ses indemnités de licenciement en achetant une licence et qui peu de temps après, se voit privé de son unique moyen de ressources.
Le Président de la FNAT me le répétait encore ce week-end : « la très grande majorité des professionnels qui perdent des points se font “effeuillés” leur permis point par point sans avoir la capacité de revenir à une situation convenable malgré leur professionnalisme. Or la récupération de ces points est obérée par le nombre de kilométrage annuel effectué. Nous commençons à constater des drames familiaux de plus en plus fréquents en raison de la perte du permis sans avoir commis d’infractions importantes. »
J’aimerais connaître votre avis sur le sujet : n’est-il pas légitime de défendre son outil de travail ? Il est évident que lorsque l’on fait 100 000 kilomètres par an, on a beaucoup plus de risques de voir son outil de travail mis à mal…
2 commentaires
Un élément important de la sécurité routière, c’est de ne pas non plus limiter n’importe comment. Quand, sur une belle route bien large, on limite sans raison la vitesse à 70 km/h au lieu de 90 km/h, il ne faut pas s’étonner que 65% des automobilistes soient en infraction… et perdent donc un point.
Un retour au bon sens s’impose donc d’urgence…
Comme le dit la Constitution, l’Egalité en Droit (personne n’a parler d’égalitarisme !!!) est reconnu à tous…Et n’est pas un principe fumeux !!! (Il suffit pour cela que les parlementaires, qui font la Loi…Respectent la première d’entre elle…Chose impossible ?)
Cette égalité en Droit (et j’insiste, en Droit) peut être écartée, dans les cas où cela ne serait pas préjudiciable à la Société.
“La Loi doit être la même pour tous, qu’elle protège ou qu’elle punisse.” C’est un droit fondamental que tous les Citoyens ont…Et une force publique est instaurée (dont le Parlement) dans ce but de garantie de ce principe.
Instaurer un “privilège” (une loi privée) même pour des raisons qui sont plus ou moins valables…Est donc et cela sans être “censeur”…Une violation de ce principe.
Il est probable que votre proposition de loi soit “tuée” à un moment, ou à un autre…Ou bien étendue…Car on voit mal pourquoi, effectivement, les “professionnels de la route” auraient des privilèges sur les autres Français…
La voiture est un moyen de transport obligatoire, à notre époque. Votre PPL ne peut, dès lors, concerner que l’ensemble des Français, en âge de travailler…
Car il n’y a pas une seule “profession” où la voiture ne soit pas nécessaire ! (Y compris la députation : comment un parlementaire ferait il pour faire sa “tournée” sans voiture?)
Si l’on peut accélérer la récupération des points pour une CSP…Pourquoi pas pour l’ensemble des Français, qui pâtissent des lenteurs de l’administration ?
Les “erreurs bénigmes” ne sont pas que pour les “professionnels de la route”. D’ailleurs, en tant que tels…Ne devraient ils pas moins commettre d’erreurs sur la route…Que les autres Français ?
N’importe quel citoyen peut témoigner avoir perdu des points sur son permis pour des erreurs “bénigmes” : passage à l’orange (et oui ! Vous perdez des points…Alors que le code de la route dit “allez y mais en faisant attention”), amendes pour “excès” de vitesse (vous rouliez à 53 km/h au lieu de 50, sur une route dégagée…Faudrait il avoir les yeux braqués sur le compteur plutôt que sur la route ?) Etc.
En tant que citoyen, il me serait facile d’aller devant un tribunal, et au nom du respect de la Déclaration de 1789, qui prime sur la “loi”…De demander soit la suppression de ce privilège, soit au contraire l’extension de ce procédé d’accélération pour l’ensemble des Français conducteurs (ce qui fera du monde).
Tant que votre loi – si elle est adoptée – n’est pas remise en cause devant un tribunal, elle sera légale…Mais à la première occasion, le journal Auto Plus, par ex, informera ses lecteurs qu’en faisant une action devant le tribunal, ils pourront, eux aussi, récupérer leurs points plus vite…Car si la loi est légale, elle demeurera anticonstitutionnelle.
Pourquoi limiter votre proposition de loi à une catégorie professionnelle ? Est ce à dire qu’une caissière, par ex, qui chaque matin doit se rendre chez Leclec, et donc utiliser sa voiture pour ce faire, mérite, elle, d’attendre pour obtenir ses points…Alors qu’un commercial, qui est souvent pris pour utilisation du téléphone portable alors qu’il conduit…Aurait droit à un “passe droit” ?
Pouvez vous stigmatiser, sur le plan des valeurs, les lobbystes gay qui veulent des lois privées c’est à dire des privilèges, et trouver normal qu’on fasse de telles lois privées anticonstitutionnelles donc, pour les “professionnels de la route” qui comme par hasard…Sont des électeurs de l’UMP ?
Pour le reste, je suis tout a fait d’acord avec Michel. La Sécurité Routière n’est plus une prévention mais une pompe à fric pour le Gouvernement.
A quand le retour au bon sens ?