M. Christian Vanneste interroge Mme la ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative sur un polluant répandu qui altèrerait la reproduction masculine. En effet, d’après un article du Figaro en date du 22 septembre 2008, il semblerait que des chercheurs français ont montré sur des cultures de cellules de testicules, alors que la baisse des spermatozoïdes chez l’homme semble réelle, l’effet toxique d’un phtalate contenu dans le plastique. Des soupçons portent sur le DEHP. Il aimerait en savoir plus sur son utilisation et sa nocivité.
Réponse de Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé :
Depuis une quarantaine d’années, des études épidémiologiques à travers le monde industrialisé ont révélé une baisse de la fertilité masculine en partie liée à la baisse de la production de spermatozoïdes chez l’homme et une augmentation de certaines malformations congénitales chez le petit garçon. Ces évolutions préoccupantes sont souvent attribuées à certaines substances chimiques qui peuvent soit avoir un effet toxique direct sur les organes de la reproduction, soit perturber le fonctionnement du système hormonal reproductif. Ces substances peuvent affecter l’adulte, le jeune enfant, l’embryon ou le foetus lors de son développement prénatal. Parmi celles-ci, sont souvent cités les phtalates et en particulier le DEHP qui a fait l’objet de nombreuses études pour évaluer son potentiel reprotoxique. Le DEHP, par son activité antiandrogénique et son potentiel d’inhibition des hormones thyroïdiennes, provoque des altérations de la fertilité masculine pouvant aller jusqu’à la stérilité. Moins sensible, l’appareil reproducteur féminin peut également subir certaines altérations telles qu’une réduction de la durée gestationnelle. Les résultats de ces études ont amené la Commission européenne à classer le DEHP comme reprotoxique pour la fertilité et pour le développement catégorie 2 (c’est-à-dire celle des substances pour lesquelles on dispose de suffisamment d’éléments pour justifier une forte présomption pour les assimiler à des substances altérant la fertilité ou causant des effets toxiques sur le développement dans l’espèce humaine), ce qui le place d’office sur la liste des substances interdites de vente au grand public. Par ailleurs, il ne peut pas être utilisé comme constituant dans les jouets et produits pour enfants tels que les articles de puériculture, à des concentrations supérieures à 0,1 % en poids du matériel plastifié. Son usage est restreint dans les matériaux de contact alimentaire et interdit dans les cosmétiques. Néanmoins, ce plastifiant est encore largement utilisé dans de nombreux polymères comme le PVC souple, sa production annuelle européenne étant de l’ordre de 340 000 tonnes par an, et peut donc être libéré dans l’environnement pendant la durée de ces plastiques et affecter l’homme par cette contamination environnementale. C’est pour tenir compte de ces préoccupations de santé publique et environnementales relatives à cette classe de substances reprotoxiques que l’Agence européenne des produits chimiques vient de proposer dans le cadre du règlement REACH (enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques) l’inscription sur la liste des substances soumises à autorisation de trois phtalates reprotoxiques, dont le DEHP. L’entrée de cette substance dans la procédure d’autorisation de REACH signifie que seuls certains usages seront autorisés, et uniquement si les risques en résultant sont valablement maîtrisés et si le requérant s’engage à une démarche de substitution par d’autres substances ou technologies appropriées. Le ministère chargé de la santé soutient totalement cette démarche d’interdiction et de substitution à terme de toute substance chimique ayant des effets inacceptables sur la santé humaine.
Question publiée au JO le : 11/11/2008 page : 9712
Réponse publiée au JO le : 14/04/2009 page : 3647