Le 4 décembre dernier, dans le nord, plus précisément à Douai, vous avez présenté les moyens mis en œuvre pour faire face à la crise conjoncturelle que nous connaissons. La meilleure politique de relance possible, c’est celle qui soutient l’activité d’aujourd’hui et qui prépare la compétitivité de demain, pour reprendre vos propres termes. Vous avez pris des mesures pour soutenir et compenser l’investissement privé, et vous avez mis un point d’honneur à défendre l’industrie, notamment automobile, pour éviter les délocalisations et sauvegarder l’emploi.
L’exemple d’Alstom devrait en faire réfléchir plus d’un : sauvé in extremis de la faillite en septembre 2004 par les pouvoirs publics, Alstom démontre aujourd’hui – au prix d’une restructuration drastique – sa capacité de résistance à la crise. Au premier trimestre, Alstom a réalisé un chiffre d’affaires en hausse de 7% à 4,8 milliards d’euros.
Alors que l’Asie-Pacifique sort de la crise, avec bien évidemment la Chine en tête, nous devons poursuivre nos efforts car les dérives financières ne doivent pas faire oublier le basculement global de la production de richesses industrielles vers les grands pays émergents. En tant que Président du groupe d’études Textile et Industries de main d’œuvre à l’Assemblée Nationale, il me semble indispensable de maintenir la création de richesse, en associant l’industrie à la recherche et à la formation.
Les pôles de compétitivité, mis en place notamment dans le Nord, œuvrent en ce sens : le pôle Uptex a permis de redonner espoir au secteur textile de la région Nord-Pas-de-Calais.
Les événements qui se déroulent ces dernières semaines dans quelques entreprises en difficultés sont déconcertants, mais témoignent également de la détresse des ouvriers qui ont parfois passé toute leur carrière professionnelle dans la même entreprise : séquestration de cadres chez Michelin, pression sur le liquidateur judiciaire chez Nortel, afin d’obtenir de meilleures indemnités supra-légales, pose de bonbonnes de gaz chez New Fabris. Si les mesures mises en place pour sortir de la crise sont importantes (exonération de Taxe Professionnelle, remboursement du Crédit d’Impôt Recherche…), il est nécessaire d’instaurer un véritable plan de mobilisation pour le sauvetage des emplois ouvriers, qui sont indispensables à la production de richesses dans notre pays. Les actions menées actuellement témoignent du désespoir et du manque de confiance dans l’avenir de notre industrie. Il me semble revivre sur de larges pans industriels et au plan national l’année 2003, année durant laquelle de nombreuses entreprises textile ont fermé.
N’oublions pas que la crise actuelle est avant tout une crise financière, qui par ricochet, a touché l’industrie. Il est temps que la fiscalité des entreprises fasse l’objet d’une profonde réforme. On peut regretter de ce point de vue l’abandon de la TVA sociale, qui aurait renforcé notre industrie par rapport à la concurrence internationale. On peut également s’inquiéter d’un alourdissement des taxes qui touchent notre production. Il est important de rendre lisible le système fiscal français, car les entreprises attachent plus de prix aux taux qu’aux avantages fiscaux ponctuels. Agir sur la fiscalité locale permettrait enfin de réduire le coût du travail, et stimulerait la création des entreprises et des PME.