Jean-François Copé vient d’annoncer son intention de déposer une proposition de loi en vue d’interdire la burqa sur la voie publique pour des raisons de sécurité. Il aurait ainsi « pris de vitesse » l’opposition et la majorité. Il a surtout commis très consciemment un plagiat législatif puisqu’il ne fait que reprendre la proposition de loi que j’ai déposée dès le 29 septembre 2009, et qui a été cosignée par plusieurs membres du groupe UMP de l’Assemblée nationale. J’avais rédigé cette proposition dans la mesure où je pensais qu’il ne fallait pas prolonger inutilement le débat, puisque la seule raison compatible avec la Constitution d’interdire la burqa ne pouvait être que la dissimulation de l’identité, et donc l’exigence de la sécurité publique, dans le contexte notamment de la vidéoprotection. J’avais également introduit l’exception des carnavals et autres manifestations festives. Je trouve très étonnant que le Président du groupe UMP récupère en son nom une démarche d’un membre de celui-ci. Cela montre qu’il y a peu de distance entre la coproduction affichée et l’autopromotion en vue d’échéances électorales futures. De la même façon, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. C’est bien de cette dernière dont Jean-François Copé se rend aujourd’hui coupable.
L’attitude de Jean-François Copé est critiquable à trois points de vue. D’abord, si le choix de la sécurité comme fondement de l’interdiction est bien le seul valable, en revanche, le moment choisi par le responsable du groupe UMP de l’Assemblée est coupable à la fois à l’égard du Président de l’Assemblée et des membres de la mission parlementaire chargée de traiter la question et des membres de son propre groupe qui n’ont manifestement pas été associés à sa démarche. En second lieu, il s’agit d’un problème délicat. Dans un contexte rendu sensible par le débat sur l’identité nationale, la prudence et le respect doivent être de mise, à moins qu’il ne s’agisse précisément d’user d’imprudence et d’irrespect afin de se valoriser auprès d’une partie de l’opinion publique. Lorsque j’avais déposé ma proposition, je n’avais évidemment pas l’espoir qu’elle bénéficie d’un retentissement national, mais j’avais surtout la volonté de traiter d’une manière juridiquement correcte une question dont les français exigent le règlement, sans en faire un problème religieux ou communautaire. J’ai eu l’occasion d’en débattre récemment avec Amar LASFAR, Recteur de la mosquée de Lille-Sud. Enfin, et en forme de clin d’œil, je dirai pour conclure qu’il est assez étrange que Monsieur Copé qui a tellement soutenu la loi HADOPI, c’est-à-dire les droits d’auteur sur internet, ne respecte pas davantage l’auteur d’une proposition de loi, d’autant plus que ce droit là est purement moral et n’a rien de patrimonial…
Un commentaire
Et que penser de ceci ?
A l’une de vos questions, la réponse de Luc Chatel est-elle un copié-collé du Web ?
http://lisforlexington.blogspot.com/2010/01/quand-luc-chatel-lit-wikiberal.html