Éric Ciotti (UMP, Alpes-Maritimes) et Christian Vanneste (UMP, Nord) entendent interdire les triangulaires lors des prochaines élections, notamment législatives. Aujourd’hui, tous les candidats ayant obtenu un nombre de voix supérieur à 12,5% des électeurs inscrits peuvent se présenter au second tour des législatives
Parce que « la légitimité d’un élu doit reposer sur une majorité absolue » Eric Ciotti et Christian Vanneste – qui seraient soutenus par près de deux cents autres élus -, ont déposé chacun de leur côté, une proposition de loi quasi identique, visant à supprimer définitivement du paysage politique les triangulaires.
Christian Vanneste, Député (UMP, Nord)
“ Le mode de scrutin doit viser 3 buts : être clair, désigner des élus responsables devant les électeurs, favoriser des majorités nettes. Le mode de scrutin qui répond à ces finalités est l’élection uninominale par circonscription à deux tours : la généralisation de l’élection qui mobilise le plus les Français, celle du Président de la République. C’est le moyen de donner aux seuls électeurs le pouvoir de désigner ou de reconduire leurs représentants. La proportionnelle entérine le choix des partis en faisant élire ceux qu’ils ont bien placés sur les listes. Elle est parfois présentée comme exprimant la diversité des opinions. C’est une confusion regrettable entre un sondage qui privilégie une orientation supposée à un moment donné, alors que la démocratie représentative consiste à désigner des responsables devant des électeurs sans mandat impératif. Enfin, la proportionnelle conduit à une majorité éclatée au sein de laquelle le groupe qui la constitue arithmétiquement, même le moins nombreux, devient paradoxalement le plus puissant. C’est ainsi qu’une élue Verte du Nord Pas-de-Calais en 1992 devint Présidente de la région. Pour conclure, le scrutin à un tour permet à une minorité de gouverner, le scrutin à deux tours garantit la majorité et donc le choix de l’élu le plus proche des préoccupations de l’électeur. Le mode d’élection uninominale au sein d’un grand parti, croisé avec des sensibilités différentes en son sein, permet donc l’élection la plus démocratique.”
3 commentaires
Bien que cette proposition de loi soit hyper opportuniste – vous oubliez de préciser que les 200 supporters de la proposition sont, comme de bien entendu, à l’UMP, et que le motif de cette proposition est d’éviter une bérézina aux régionales en interdisant certaines formations politiques avec qui l’UMP se refuse à parler – je ne vais pas la dénoncer.
En revanche, puisque votre excuse officielle, pour changer le mode de scrutin, est la clarté de l’élection et la légitimité de l’élu qui sort des urnes, je vous demande de bien vouloir rajouter deux conditions – qui rendront cette loi bien moins partisane – nécessaires à cet objectif :
–un taux de participation de plus de 51%
–la possibilité de supprimer les candidats dont on ne veut pas, sur une liste (comme en Irlande)
Sans quoi, ce sera comme aux européennes : un taux de participation de moins de 40%, des candidats UMP élus mais ne recueillant pas même 1/3 des voix.
L’élection présidentielle, comme celle du maire, a une absention très basse. Ce qui n’est pas le cas pour les autres élections. Et là, le mode de scrutin n’a rien à voir, cela est lié à la perception que les citoyens ont de l’influence de leurs élus sur le cours du monde et dans les affaires de la France.
Alors, changer le mode de scrutin pour donner plus de légitimité aux élus, en ne les forçant pas à l’alliance, très bien.
Mais alors, avant, merci de bien vouloir rajouter les deux conditions mentionnées ci dessus…Et par ailleurs de chercher, comment faire pour que les Français votent pour vous.
Avez vous conscience de la valeur symbolique de votre proposition ?
Elle prouve indéniablement qu’il y a panique à bord de l’UMP, que le FN augmente son audience (s’il se maintient, en dépit de votre changement de scrutin, au premier tour, vous ferez quoi ? Vous augmenterez encore la barre ? Ou vous ferez comme M. Chirac qui refusa tout débat, alors que, quoi qu’on puisse penser du FN, il est et demeure un parti politique qui a droit au même respect que les autres…Ou alors il faut l’interdire. Mais faire une loi privée parce que l’UMP est incapable de “séduire” plus de 30% parmi 40% de votants, c’est ridicule et surtout désolant)
Absolument pas d’accord, cher Ch. Vanneste. Le scrutin majoritaire a montré ses limites quand 95 % des députés étaient favorables au traité constitutionnel européen qui a été rejeté par 55 % du peuple pour une fois interrogé.
Il est urgent de rétablir le scrutin proportionnel pour les élections législatives au moins, sous peine d’élargir le fossé déjà colossal entre la France et ses élus.
Votre argumentation est une tartufferie : je comprends comme vous que l’élection présidentielle est le choix d’un homme, donc le deuxième tour restreint se justifie.
En revanche une assemblée est la REPRESENTATION DE L’EVENTAIL DE LA POPULATION. Sinon, supprimons l’assemblée et élisons un seul homme qui décidera tout pour la région.
Mon point de vue est tout aussi soutenable que le votre. Et surement plus crédible. Mais il semble que cette proposition soit votre lubie, récurente de surcroît!
Quant à la majorité absolue, quelle crédibilité d’un élu lorsque 60 % s’abstiennent (de gré ou DE FORCE, par le biais de votre loi) et qu’il recueille 40 %. Quelle “crédibilité” que cette majorité de 16 %!
Enfin, n’abusez pas du terme démocratique. Le fin lettré que vous êtes n’en ignore pas l’origine, sans doute votre idéal “démocratique” est il une France de citoyens (UMP de préférence), environnés d’îlotes qui grâce à Dieu n’auront pas les moyens électioraux de leur “populisme”.
Pour conclure, si votre coup d’Etat législatif aboutissait, je vous souhaite d’être victime de la définition : Au premier tour on choisit, au deuxième tour on élimine (et en priorité le député Vaneste et ses deux cents sbires complices de cette infamie).