Monsieur le Président, Madame le Ministre, Mes Chers Collègues,
Le Projet de Loi dont nous débattons appelle de ma part trois réflexions.
D’abord, il faut souligner la lenteur de sa gestation. La question a été soulevée, il y a plus d’un an. Une commission d’enquête a été créée. Le Président de la République a évoqué le sujet au Congrès de juin 2009. Le sabre de bois de la résolution, cette façon irrésolue de ne pas trouver de solution, a été brandi. Entre-temps, le Conseil d’État avait rappelé au législateur, aux représentants du peuple combien le droit leur échappait. Nous allons donc voter un texte une fois encore né de l’émotion provoquée il y a plus d’un an par les images d’une pratique rarissime. Nous allons voter à contretemps de l’actualité, même si, je l’ai constaté samedi dernier à Tourcoing, cette pratique s’est développée en proportion de la médiatisation qui lui était offerte. Les voies juridiques de la réponse étaient pourtant évidentes. Il fallait une loi puisqu’il s’agissait de libertés publiques, une loi fondée sur l’ordre public, sur la sécurité. J’avais déposé dès octobre 2009 une proposition visant à interdire l’ensemble des vêtements ou accessoires permettant de masquer l’identité d’une personne. Dans l’exposé des motifs, j’écrivais : « l’interdiction de ce vêtement ne doit pas être évoquée à travers la religion, mais uniquement du point de vue de la sécurité ». Les belges, dont je m’étais inspiré, ont déjà voté, malgré leurs problèmes.
Pourquoi ce retard ? La loi sur la dissimulation du visage a surtout été l’occasion de dissimuler sa pensée. Il y a bien sûr ceux qui avancent masqués pour 2017 et ont trouvé là prétexte à dévoiler leurs ambitions. Il y a surtout le vrai débat, le choc des cultures, celui qu’on n’a pas le droit d’évoquer. Comme disait Alain, costume c’est coutume, et l’apparition d’un vêtement imposé ailleurs est ici ressenti comme une atteinte identitaire, comme une provocation, ce qu’elle est d’ailleurs de la part de groupes qui se livrent ainsi à des tests de résistance. Seulement, notre identité, c’est de ne plus en avoir. Laïques, c’est-à-dire tolérants, nous allons proposer à des femmes, souvent converties et qui choisissent le voile intégral, des stages de citoyenneté expliquant qu’il faut se dévoiler, au nom de la tolérance. Dans cette contradiction, subsistent les motivations espérées, mais juridiquement fragiles : égalité hommes/femmes, dignité, laïcité dans l’espace public. La notion d’ordre public immatériel vient heureusement au secours de ces valeurs, non sans un humour involontaire puisque la burqa est comparée à l’exhibitionnisme du nu intégral…
Après plus d’un an, nous nous résignons donc à dire que le problème n’est plus celui du NIKAB, mais celui du masque hors carnaval pour attaquer les banques ou du casque intégral pour tueur à gage. Accepter que des personnes soient méconnaissables malgré la vidéoprotection est contraire au bon sens. Le capitaine Haddock de Coke en Stock posait le problème et offrait la solution. Ce projet de loi n’est-il donc qu’une défaite de la pensée ? Non. Le voile intégral révèle un aspect essentiel de notre civilisation, si bien souligné par Emmanuel LEVINAS : « L’accès au visage est d’emblée éthique », car c’est par son visage que l’autre n’est plus un objet, un individu semblable aux autres, mais une personne comme moi, parce que différente de moi. À l’occasion de cette loi, nous pouvons nous souvenir qu’au-delà de l’égalité, il y a la fraternité.
3 commentaires
Bonjour,
tout à fait d’accord avec vous. Bien sûr que le fait de cacher le visage est symboliquement insoutenable dans une logique de vie en société. La question qui reste est celle du voile “normal”, qui n’est qu’une forme atténuée de la burqa. La communauté pèse sur les femmes musulmanes pour qu’elles le portent, et portent ainsi la marque de leur appartenance à la communauté.
Comment sortir de ce cercle vicieux ? voilà toute la question. Qu’en pensez-vous ?
Je ne suis pas de droite mais face à la lâcheté de celle-ci quant à l’islamisme (comme la gauche naïve et suicidaire) rampant :
http://www.fondationbrigittebardot.fr/site/actu.php?id=40260
Il est doublement scandaleux d’imposer le halal pour tous, qui plus est au sein des services de l’Etat, mais de faire accepter une pratique barbare (pas d’engourdissement des animaux avant abattage) à notre insu : NON! d’autant que les autres pays de l’UE l’ont interdite!
Vous en toucherez mot à Hortefeux? car là il n’est pas crédible. Et il y en a assez de la veulerie des pouvoirs publics face au plus grand danger pour notre démocratie, l’islamisme via le salafisme ultra-obscurantiste.
Pardon, j’ai oublié aussi ce scandale dans les rues de Paris et d’ailleurs je suppose : les prières sur la voie publique et l’interdiction des festivités avec porc et alcool conjointement. Même si il y a des provocateurs pour le porc, il y en a autant en face avec ce prosélytisme haineux.
Où sommes-nous? en terre laïque donc égale pour tous en termes de droits (ou presque) ou en pays laissant appliquer la sharia?
Là aussi que fait la droite qui se veut musclée? si je m’adresse à vous alors que nous sommes aux antipodes sur bien des points (mon pseudo = cqfd) mais je ne vais pas aller voir le FN pour ça! ces intimidations et revendications islamistes croissantes nous concernent tous!!!!
Sur votre région, un catholique de mon bord (gay) a dénoncé l’attitude lâche de Martine Aubry (qui n’honore pas son père) interdisant des représentations basiques de Noël : des crèches! en quoi ça gêne? faut-il mettre des symboles musulmans à la place? ou ultra-laïques…mais le père Noël c’est pas Coca-Cola qui a mis au goût du consumérisme la tradition de St Nicolas?
(benoit-catho-homo.skynetblogs.be)