Lors de la présentation de mes amendements sur le projet de loi de réforme des retraites, je vous avais dit avoir déposé un texte (cf l’amendement en question) visant à garantir le taux plein à 65 ans pour les femmes ayant eu une famille nombreuse. Celui-ci -tout comme celui déposé par ma collègue Chantal Brunel- a malheureusement été rejeté, ce qui me désole. Compte-rendu de mon intervention lors de la défense de cet amendement :
En raison de leur maternité, et du temps consacré à l’éducation de leurs enfants, les femmes connaissent en moyenne de moins bonnes carrières que les hommes. La réforme que nous étudions ne prend pas assez en considération ce fait, et néglige le rôle que joue l’investissement dans cette éducation qui assure en réalité les retraites de la génération à laquelle appartiennent les parents, ce qui n’est pas le cas de leur cotisation.
En 2008, chaque femme retraitée a perçu en moyenne 825 €/mois de pensions, contre 1 426 € pour les hommes. Pour elles, le montant est inversement proportionnel au nombre d’enfants qu’elles ont élevés : de 1 122 € sans enfant, on descend à 818 € avec 2 enfants et 627 € avec 4 enfants ou plus.
Avec l’allongement de l’espérance de vie, ce qui n’était initialement qu’une sorte d’assurance pour ceux qui avaient la chance d’être encore en vie à l’âge de la retraite, est devenu un transfert massif d’une classe d’âge à une autre, imposant aux familles la double charge de leurs enfants et des retraités.
Les majorations de retraite dont bénéficient ceux qui ont élevé au moins trois enfants sont très loin de compenser cette double charge. La proposition consistant à prendre en compte pour le calcul de la retraite les indemnités journalières perçues au cours du congé maternité est une bonne initiative, mais elle est fort modeste, sans commune mesure avec la véritable liberté de choix qui permettrait aux femmes renonçant à leur emploi, le temps d’élever leurs enfants, d’acquérir des droits à la retraite sur les bases de leur salaire antérieur.
C’est pourquoi, à l’article 26, je propose de prendre en compte en totalité le congé parental dans le calcul de l’ancienneté du salarié(e). C’est pourquoi je défends dans l’article 6 le maintien de la retraite à taux plein à l’âge de 65 ans, pour les femmes ayant eu 3 enfants ou plus. Celles-ci subissent on le sait d’importantes inégalités. De nombreuses études le montrent : la pension des femmes qui ont un seul enfant ou pas d’enfant du tout est ainsi, en moyenne, de 25% supérieure à celle des femmes qui ont eu plus de deux enfants.
Il s’agit donc de réparer cette injustice.
3 commentaires
Bravo pour cette action en faveur des femmes et pas seulement celles au foyer !
les femmes devenues mères de famille lors de leur mariage avec un veuf ou un divorcé ayant la garde de ses enfants n’ont plus droit depuis avril 2010 aux majorations de trimestres d’assurance faute d’avoir adopté les enfants de leur mari. pourtant l’art 213 du code civil leur impose les mêmes devoirs qu’aux mères biologiques ou adoptantes.