Atlantico est un nouveau site internet d’information. Ce Rue89 de la droitosphère (cf Autheuil) a bien voulu m’interroger sur la droite populaire, l’UMP et la dernière polémique relative aux radars… (cf l’entretien)
Atlantico : La droite populaire est-elle une droite populiste ?
Christian Vanneste : La distinction entre populaire et populiste est le type même d’une dichotomie sémantique de gauche, qui consiste à traiter le vocabulaire de manière manichéenne. Il y a les bons et les mauvais mots. Par exemple, le droit du sang c’est mauvais, mais le droit du sol c’est bien. Pour populiste et populaire, c’est la même chose. Populiste, c’est une façon de stigmatiser le mot populaire en employant un autre mot, ce qui permet à l’élite de gauche de se prétendre démocratique tout en insultant le peuple et en considérant que celui-cl est essentiellement constitué de gens qui ne sont ni capables de réfléchir, ni dignes d’exprimer des avis sensés. La réaction d’un certain nombre de personnalités de gauche lors de l’affaire DSK est très révélatrice. En fait, la gauche est en grande partie une gauche d’élite bobo, qui a trouvé le moyen d’employer le mot populiste pour stigmatiser ceux qui n’appartiennent pas à leur monde. C’est une sorte de réflexe oligarchique.
Que pensez-vous de la réforme qui vise à supprimer les avertisseurs de radars, qui a réellement divisé la majorité populaire ?
Beaucoup de personnes pensent que le gouvernement est laxiste avec les délinquants voire avec les criminels les plus dangereux, mais en revanche qu’il pénalise, pour des faits bénins, un certain nombre de personnes, et même qu’il considère qu’une grande partie de la population est constituée de délinquants potentiels qu’il faut pourchasser avec sévérité. Autrement dit, on s’intéresse davantage à la personne qui pour des raisons professionnelles est obligée de conduire, puisque sa voiture est un instrument de travail, et à qui on va retirer son permis pour des petits excès de vitesse. Certaines de ces personnes vous diront que ce n’est pas pour limiter le nombre de morts sur la route mais pour renflouer les caisses de l’Etat. Que voulez-vous répondre à ça ? J’ai signé avec d’autres membres de la droite populaire la lettre de Richard Mallié, signée aussi par d’autres personnes qui ne sont pas membres de la droite populaire. Le message que l’on fait passer c’est « cessez donc de vous attaquer aux citoyens lambda et ciblez davantage ». Il faut par exemple faire en sorte qu’il y ait plus de policiers et de gendarmes autour des boîtes le week-end lorsque des jeunes montent à cinq dans une voiture et dont le conducteur est chargé d’alcool ou de cannabis.
Le rêve d’un parti unique à droite à un an des présidentielles est-il possible, ou l’UMP doit-elle laisser tous ses courants s’exprimer ?
Je ne pense pas que la droite doit laisser ses courants s’exprimer sous forme de partis opposés. J’estime que toutes les démocraties doivent reposer sur deux grands partis : un parti de centre-droit et un parti de centre-gauche avec des distinctions idéologiques tout à fait claires. A droite, il doit y avoir un parti au spectre assez large et il doit se décliner en fonction des différents thèmes. Par exemple, en Italie, la majorité de Berlusconi va d’anciens démocrates-chrétiens jusqu’à Gianfranco Fini en passant par la Ligue du Nord. Il faut que les centristes acceptent d’être très fermes en matière de sécurité, puisque c’est ce qu’attend la population. Et d’un autre côté, il faut qu’on écoute davantage les centristes en matière de fiscalité ou en matière de droits sociaux. Il y a aussi un problème des régions en France. Notre pays est traversé par un axe qui va du Havre à Perpignan où les thèmes de la droite populaire se portent mieux à l’Est de cet axe qu’à l’Ouest, puisque ce n’est pas le même climat politique et la même culture.