Article à retrouver sur le site de l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales)
Par Christian Vanneste, Député du Nord et
Nicolas Lecaussin, Directeur du développement de l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales)
90 fonctionnaires pour 1 000 habitants en France, 50 en Allemagne. Christian Vanneste, député du Nord et Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF, passent en revue les réformateurs en Suède, au Canada, en Allemagne, en Angleterre ou au Portugal : tous venus de la gauche. L’idéologie a laissé place au réalisme.
Selon un Rapport parlementaire publié jeudi 13 octobre, la masse salariale de la fonction publique d’Etat continue de progresser de 1 % par an. De même, dans son dernier rapport, la Cour des Comptes note les faibles économies générées par la mesure qui concerne le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Elle est d’ailleurs largement compensée par les embauches de fonctionnaires dans les collectivités locales : 500 000 nouveaux recrutements depuis 10 ans. Les dernières statistiques de l’OCDE concernant le nombre d’emplois publics dévoilent qu’en France il existe 90 fonctionnaires pour 1 000 habitants. Malgré les « baisses » de ces dernières années, le nombre de fonctionnaires est resté parmi les plus élevés au sein des membres de l’OCDE. Nous avons pratiquement deux fois plus de fonctionnaires pour 1 000 habitants qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas où il y a 50 fonctionnaires pour 1 000 habitants.
On n’a plus le temps d’attendre car la sortie de crise passe inévitablement par la réforme de la fonction publique et la baisse des dépenses publiques. C’est ce qu’ont compris d’autres pays. Déjà, dans les années 1990, la Suède, le Canada ou les Pays-Bas ont fait des coupes drastiques dans leurs dépenses et ont diminué le nombre de fonctionnaires. Des ministères ont eu leur budget divisé par deux et les postes de fonctionnaires par trois ou quatre. Le statut des fonctionnaires a même été supprimé, en Suède par exemple, et certaines administrations sont devenues des organismes mi-publics, mi-privé. Il faut noter aussi que ces réformes ont été menées par des gouvernements de centre-gauche ou de gauche comme en Suède ou au Canada, pays terriblement étatisés et au bord de la faillite au début des années 1980. En Allemagne, c’est bien le social-démocrate Gerhart Schröder qui lance, en 2002, l’Agenda 2010, une série de réformes du marché du travail qui transforment radicalement l’Etat-providence. En Grande-Bretagne, c’est Tony Blair, leader du Parti travailliste, réélu trois fois de suite, qui a réformé en profondeur l’Etat britannique. Avec la crise de 2008, ces pays ont continué sur la voie des réformes, d’autres ont été obligés, eux-aussi, de mettre en place des cures d’austérité. L’Espagne, le Portugal, l’Irlande ont baissé ou bien gelé les salaires des fonctionnaires. Même la Grèce vient d’annoncer la suppression de 150 000 postes de fonctionnaires d’ici 2014, c’est-à-dire 20 % du total.
En Irlande, la masse salariale dans le secteur public diminuera de 1,2 Mds d’euros entre 2010 et 2014. Presque 25 000 postes de fonctionnaires seront supprimés tandis que les salaires et les retraites des fonctionnaires seront amputés jusqu’à 15 % de leur montant.
En Espagne, pour économiser 50 Milliards d’euros en trois ans, le Premier ministre (socialiste) Zapatero vient d’annoncer une réduction moyenne de 5% des salaires des fonctionnaires (le gouvernement s’appliquera une baisse de 15%), le renouvellement d’un seul fonctionnaire sur 10 (!) partant à la retraite et la baisse de l’investissement public de 6 Milliards d’euros en 2010 et en 2011. Le gouvernement social-démocrate portugais a présenté mi-septembre une réforme de l’administration centrale de l’Etat qui prévoit la suppression de 27 % des postes de cadres dirigeants. Le plan comprend la suppression de 1.700 postes dirigeants de l’administration et de 137 institutions publiques, le gouvernement souhaitant réduire le nombre de structures de l’Etat de 38 %.
Comme on le voit, ces réformes, pour la plupart réalisées par des gouvernements de gauche, sont imposées par le réalisme et par le souci de l’intérêt général, non par l’idéologie. Lorsque ces réformes ont été effectuées avant la crise, comme au Canada, en Suède ou en Allemagne, elles ont permis d’atténuer les effets de celles-ci, en termes de croissance et de chômage. Notre pays n’a eu ni ce courage, ni cette lucidité et a continué au contraire à maintenir la dépense publique à un niveau suicidaire. Le moment est venu d’être à nouveau révolutionnaire, et d’établir une véritable égalité entre les salariés, en remettant en cause le tabou du statut de la fonction publique, et ses privilèges.
Un commentaire
Tant que les jaloux n’ayant pas réussi de concours, surtout depuis 15 ans où le nombre de postes est ridicule et le nombre de candidats pléthorique et sur-diplômés (une gageure digne du Loto!), eh bien tant que ces jaloux ne souhaitent pas ôter la sécurité de l’emploi, le minimum VITAL reste assuré sinon gare à la Révolution ou à la corruption ensuite comme dans tous les pays pauvres/émergents…nous n’en sommes pas si loin 🙁
C’est vrai pensez à toutes ces familles, surtout modestes, qui sont enfin soulagées de voir leur enfant fonctionnaire donc protégé!
Je vous enjoins à lire le dernier rapport du Secours Catholique sur la catégorie la plus malheureuse en France : les 18-25 ans;
Mais après il ne faut pas oublier que même diplômés, après 25 ans c’est toujours la galère pour les jeunes et que la vie stable, indépendante ne commence qu’après 30 ans (CDI ou fonctionnariat, logement personnel). Un pays qui méprise autant sa jeunesse se suicide.
Vive les Indignés, ils ont encore de la dignité face à la vie économique de m….. qu’on leur impose.