Le grand théâtre parlementaire a frappé ses trois coups avec le discours d’un Premier Ministre pontifiant à son habitude. L’ancien professeur d’Allemand n’a pas évoqué Goethe, mais fait penser à Shakespeare (Hamlet, acte 2 scène 2) : Words, words, words… Rien que des mots, l’impuissance du verbe dans sa splendide solennité, et ses trois variétés.
Il y a d’abord les mots écrans, qui, au lieu de dire, cachent : n’allez pas dire rigueur ni austérité, dites simplement “sérieux”. Comme si l’importance relevée de la dette et les perspectives de croissance n’exigeaient pas la rigueur d’un remède de cheval. Fillon, avec ce courage et cette franchise qui le caractérisent si bien, avait osé le mot, mais évité la chose. Ayrault se passera du mot mais il fera payer la chose aux classes moyennes, à ceux qui commettent ce crime de vivre de leur travail, de n’être pas assistés, d’être au-dessus des seuils et de payer cette merveilleuse Csg à la source et proportionnelle, ce remède miracle du bon Monsieur Rocard, vanté et admiré, augmenté aussi par ses successeurs de droite comme de gauche.
Il y a les mots miraculeux auxquels certains élus qui siègent à droite ont déjà prêté l’oreille : proportionnelle, mariage homosexuel, synonymes de progrès démocratique et de division chez l’adversaire. Ces réformes sont-elles contraires au Bien Commun ? Peu importe ! Elles sont dans l’intérêt du parti.
Il y a enfin les mots qui fâchent, comme le droit de vote des étrangers, tambour de bronze et muleta qui ne manqueront de pousser le troupeau de buffles de l’UMP, et les taureaux du FN à foncer, au besoin les uns contre les autres, à faire de la poussière et à détourner l’attention des problèmes économiques non-résolus et même sans doute aggravés.
Monsieur Ayrault se paye de mots. Aucune proposition n’est faite qui soit à la mesure de la situation. Au contraire, les quelques dispositions trop timides du gouvernement précédent sont remises en cause, comme la fusion du Conseiller Régional et du Conseiller Général (Il fallait supprimer le département) ou la mini TVA promise pour le mois d’octobre. Ces décisions très politiques sont à comparer à la désastreuse ouverture à gauche de Sarkozy et à cette tendance caractéristique de ce qu’on appelle “la Droite” en France de ne jamais revenir sur les “avancées” de la Gauche.
Des mots, rien que des mots, mais la politique française est-elle autre chose depuis de longues années ? Des raffarinades, à l’éloquence du menton sarkozienne, en passant par le lyrisme villepiniste, nous avons de nombreux talents chez nos comédiens politiques. Ce sont les Acteurs qui manquent.
6 commentaires
“La politique française est mangée par la démagogie.”
Michel Debré
Bonjour Monsieur le Député,
je suis désespéré de constater que plus personne ne poste de message de soutien à vos propos, que je suis peut être seul à venir lire…
Allez-vous persister encore longtemps ?
Ne représenter que soit même sera-ce suffisant ?
Prêcher dans le désert est une pratique biblique. Qui sait si au bout d’une trentaine de nuits, la révélation divine guidera vos pas, Monsieur le Député.
En fait, je reçois les commentaires, mais ils ne s’affichent plus…Merci de votre attention.
Bonjour le Député,
une défaillance informatique permet un dialogue quasi intimiste, diantre quel privilège !!!
La nouvelle ministre de la culture est-elle plus francophobe que Djack Lang ?
http://www.gerard-brazon.com/article-aurelie-philippetti-archetype-de-la-gauchiste-sectaire-et-haineuse-105531306.html
@ Buil :
Ne faut-il pas se dire qu’à l’aide des nouvelles technologies, plus personne ne prêche dans le désert ?