Grand mouvement d’indignation à l’Assemblée Nationale : le Premier Ministre socialiste a osé dire que l’opposition voulait l’échec du pays. La “droite” s’est levée comme un seul homme, atteinte dans son honneur et sa dignité, pas mécontente d’offrir aux députés l’occasion d’un spectacle qui passera en boucle sur les écrans et rassurera sur la présence dans l’hémicycle – enfin, avant le départ outragé – et montrera aux électeurs qu’on ne se moque pas aussi aisément des Elus de la République. Quant à vouloir l’échec du pays, ils se le diront à la buvette parlementaire, il n’en est pas question. Ils savent simplement que le gouvernement est mal parti, que le bilan faiblard de Sarkozy, déjà miraculeusement sauvé par le dynamisme du candidat et la ligne de Buisson, va peu à peu prendre de la couleur face à la navigation à la godille de l’exécutif. La Perrette qui sommeille en tout politique compte déjà les conquêtes des villes, des départements, des régions, des sièges de sénateurs et le retour au pouvoir, enfin, qui vont résulter de la déception et de la colère suscitées par l’impéritie gouvernementale.
Mais l’opposition de droite (?) et du centre (?) devrait être plus modeste. Ni l’immobilisme radical (et aussi socialiste d’ailleurs), de Chirac, ni l’agitation de son successeur n’ont été capables, en 10 ou 12 ans de pouvoir, de procéder aux réformes structurelles dont la France avait le plus urgent besoin. Après les 5 ans de raffarinades et de villepineries, de petits pas pour l’un, d’éloquence du menton pour l’autre, nous étions nombreux à attendre l’homme du courage et des réformes. On a eu l’ouverture à gauche, la croissance par la dépense et la baisse sélective de la fiscalité, et un rétropédalage après deux ans de crise. Le résultat n’est certes pas le pire, mais il témoigne d’un manque total de vision à long terme, de cohérence et de véritable courage de la part du personnel politique de notre pays. LE BILAN EN EST CALAMITEUX : tandis que l’Allemagne ou la Suède diminuaient la part de dépenses publiques dans le PIB, la France passait de 52,6 à plus de 56% pendant le dernier mandat, avec une dette qui explosait de 1100 à 1800 Milliards (86% du PIB) et des prélèvements obligatoires qui atteignaient un niveau record. Aujourd’hui comme hier, nos gouvernements semblent prisonniers d’un redoutable effet de ciseau : la diminution des dépenses, notamment en investissements, va amoindrir la demande. L’augmentation des charges et des impôts va affaiblir à la fois l’offre, la compétitivité et la consommation.
Parmi tant d’erreurs, l’une est emblématique : il s’agit de la TVA sociale qui consistait à baisser les charges qui pèsent sur NOS entreprises pour accroître leur compétitivité et financer une partie de la protection sociale sur la consommation, et donc aussi sur les importations et les touristes. Cette réforme mise en oeuvre dans les pays scandinaves à la fin des années 80, plus ou moins pratiquée par d’autres depuis, nous allons bientôt être les seuls à ne pas l’avoir instaurée. Si nous la faisons après les autres pour réduire le déficit et non plus pour baisser les charges, çà n’aura évidemment plus le même intérêt. Que la gauche y soit opposée par bêtise et par démagogie ne me choque pas. Ils n’en veulent pas parce que la droite l’a proposée et parce que cela risque de déplaire aux consommateurs qui ne pourront plus aussi facilement acheter des téléviseurs japonais avec leurs allocations de rentrée scolaire. Bien sûr, ils découvrent le problème de la compétitivité et un ministre n’hésite pas à mouiller sa marinière pour devenir le VRP de l’usine qui la produit. Cela réjouit l’ancien président du groupe d’étude Textile de l’Assemblée que je suis, mais ce n’est pas une politique et cela dévalue la politique ! Lorsque je consulte l’histoire de cette réforme avortée, et la manière dont la “droite” l’a traitée, je suis révolté : Artuis la propose au début des années 90. Il soutient aujourd’hui Borloo qui, incapable de la défendre face à Fabius en 2007, nous la plombe pendant tout un mandat. Auteur, en 2005, d’une Proposition de Loi visant à l’introduire, j’interroge une première fois Sarkozy qui me répond taxe carbone aux frontières européennes ! Je le félicite lorsqu’il la relance, mais trop tard en 2012. Tant de légèreté, tant d’impuissance soulèvent un doute angoissant sur la qualité de ceux qui nous gouvernent.
Hélas, ce cas n’est pas isolé. Que Fillon qui a été membre de la majorité pendant 10 ans et Premier Ministre pendant 5 découvre le problème des 35 heures maintenant, que Copé soit brutalement illuminé par l’existence du racisme anti-blanc devraient les disqualifier définitivement aux yeux des Français. Ils étaient distraits. Ils sont maintenant devenus attentifs… attentifs à devenir le patron de l’UMP, puis, pourquoi pas, celui de la France ensuite. Pauvre France, qui n’a vraiment pas mérité çà ! Certes, Nicolas Sarkozy a réformé plus que d’autres : carte judiciaire, autonomie des universités, fusion de services, taxe professionnelle.
Mais à côté de ces quelques exemples, trois tendances plus lourdes se sont manifestées. D’abord, la “droite”, comme la gauche, mais c’est plus inquiétant, est victime de cette maladie qui a atteint la France pour la première fois, entre 1789 et 1794, le SINISTRISME qui fait croire aux malades qu’il y a un sens de l’histoire allant de droite à gauche. La prétendue “droite” croit donc qu’après avoir combattu le Pacs vainement, elle doit le considérer comme une bonne idée puisqu’en concernant essentiellement des “hétérosexuels”, il s’est contenté de miner un peu plus la famille. Elle est maintenant divisée sur le mariage des personnes de même sexe et vous avez même au sein de l’ump, un mouvement et des personnalités qui militent en sa faveur. De même, le vote des étrangers que Sarkozy lui-même a envisagé. La “droite” sans conviction ni connaissance des sujets se résume à n’être que la gauche avec retard et en fonction des sondages.
Ensuite, il y a la priorité donnée au “technique” sur l’idéologique. On va préférer le bouclier fiscal à l’abolition de l’ISF, qui aurait été un signal fort, la défiscalisation des heures supplémentaires à l’abrogation des 35 heures, la gestion hôtelière des prisons et les gadgets électroniques de la Loi Pénitentiaire plutôt qu’une réforme en profondeur du code pénal incluant la révision totale des Ordonnances de 45 sur la Justice des mineurs, le développement coûteux du millefeuille territorial plutôt que la suppression des départements obsolètes.
Enfin, il y a l’implosion idéologique de la “droite” qui ne rassemble plus maintenant que des professionnels de la politique dont la carrière se fait au nom du pouvoir à tout prix. Du Gaullisme, il ne reste que le pragmatisme sans le but qui était l’intérêt national. De la Démocratie Chrétienne, il ne subsiste rien chez ceux qui ne veulent même plus affirmer les valeurs chrétiennes de l’Europe. Du Libéralisme, que survit-il pour ceux qui n’osent plus se dire libéraux et ne cessent de vilipender le conservatisme, pour ceux qui ont introduit plus de 30 nouvelles taxes dans le mandat précédent et accepté le développement odieux d’une police de la pensée ?
Certes, la France hérite d’une des gauches les plus néfastes, les plus dangereuses et mortifères pour leur pays. Mais victime d’une redoutable hémiplégie, elle n’a pas de Droite. Ceux qui prétendent être de ce côté ou qui souhaitent le soutenir devraient y réfléchir. Effectivement, l’histoire de notre pays a eu un sens ces dernières décennies, c’est le déclin et peut-être même la décadence. Il est déjà bien tard. Barrès, dans “Leurs Figures” disait de l’Assemblée, “cette cuve où tous”les”espoirs achevaient de s’anéantir”. Cette phrase me revient à l’esprit lorsque, désormais spectateur, j’en vois la stérile agitation, tellement éloignée d’une ambition digne de la France.
7 commentaires
OUI ce que vous dîtes est VRAI et IL FAUT LE DIRE mais ON NE PEUT PAS EN RESTER LA !
Un HOMME POLITIQUE digne de ce nom a LE DEVOIR de ne pas CEDER au DECOURAGEMENT !
Je pense personnellement que FILLON est CELUI qui peut le mieux RASSEMBLER et NE PAS REFAIRE les ERREURS monumentales que nous avons faites en faisant preuve de ce COURAGE QUI MANQUE TELLEMENT à GAUCHE et également à DROITE !
Le PASSE est PASSE et nul ne peut LE REFAIRE !
L’heure n’est pas au RENONCEMENT mais à l’ENGAGEMENT !
Deux réponses en une : je suis loin d’être découragé. Mais après avoir cru en Chirac, jusqu’en 1988 et en Sarkozy jusqu’en 2007, c’est uniquement mon expérience qui me guide. Fillon, c’est 0 à l’Education Nationale, ce sont des réformes temporaires et comptables sur les retraites et non une réforme courageuse à la suédoise, c’est l’attentisme lâche durant cinq ans. Il aurait dû démissionner et dire qu’il voulait autre chose que l’agitation confuse avec quelques bons moments que nous avons connue durant le dernier mandat. La réforme de la TVA sociale devait se faire sur le modèle scandinave avec pour point commun le très haut niveau de dépenses publiques et de protection sociale. Ils ont baissé la dépense et mis la TVA à 25%. Nous pas. Cette augmentation est compensée par la baisse des charges patronales ( qui sont le double des allemandes) et avantage ainsi la compétitivité au détriment des produits importés et en faveur de nos exportations. C’est la seule taxe que je préconisais. J’ai également proposé, par exemple, une suppression de la redevance audiovisuelle qui devait s’accompagner d’un considérable allègement du prétendu “Service Public”.
Et bien, Monsieur le « député honoraire »…Quelle envolée ! Je ne crois pas vous avoir « vu » aussi féroce depuis bien longtemps. Serait ce la reconquête de votre liberté qui vous donne des ailes (et cette plume acérée ?) ? Ou bien est ce la fin de votre aveuglement sur un parti (et un homme) que vous avez longtemps défendu…Bien que nous ayons été nombreux (moi le premier, je le confesse) à vous suggérer d’en partir (pour le bien du pays) ? Voire les deux ?
Quoi qu’il en soit…Chapeau ! J’espère, vivement, que vous resterez sur votre lancée ! C’est, tout simplement, jubilatoire ! Et la France a bien besoin d’un Châteaubriant… !
Dommage, cependant, que vous restiez obnubilé – à mon sens, vous avez toute licence pour me prouver le contraire en argumentant – par des idées inefficientes.
Ainsi en est-il du projet (qui vous tient à cœur) de TVA sociale, dont l’objectif affiché serait de terrasser d’un seul coup plusieurs calamités : manque de compétitivité, délocalisations, chômage, déficit de la balance commerciale et déficit de la sécurité sociale.
Sur le papier, j’en conviens, l’idée fait des émules. Mais qu’en serait-il dans la pratique ? Je vais vous le dire.
*Selon les annonces, la TVA de 19,6 % serait augmentée pour tous les produits et services, qu’ils soient fabriqués en France ou à l’étranger. Cette hypothèse d’une première période de rodage, suivie d’un niveau définitif, ouvrirait une période d’incertitudes pour les entreprises ; pour situer les chiffres, un point de plus « rapporterait» 7 milliards. La folie taxative étant omniprésente, il est même question de manipuler la CSG ce qui donnerait encore plus d’argent à la voracité étatique.
Ce grand chambardement s’attaquerait donc directement au pouvoir d’achat, ce qui frapperait comme d’habitude sévèrement les plus modestes. L’amélioration toute hypothétique imaginée grâce à l’allègement envisagé des charges sociales est pour plus tard. On reconnaît les «lendemains qui chantent » refrain du marxisme, idéologie sous-jacente de la manœuvre. Faut il rappeler que – contrairement à ce qui se passe en Allemagne par ex – notre croissance repose quasi essentiellement sur…La consommation ?
*La taxation étant par hypothèse décidée, il s’agirait de choisir les charges sociales à supprimer. Les charges patronales seraient les premières à alléger pour donner de la souplesse aux entreprises. Beaucoup prêchent aussi pour l’allégement des charges salariales en vue de panser partiellement la plaie du pouvoir d’achat. Nous nous dirigeons, certainement, vers des empoignades aboutissant à une nouvelle usine à gaz dont les effets sur la richesse générale seront comme d’habitude négatifs.
Bref, l’idée ne m’émoustille absolument pas.
Pour ce qui est de vos constats sur la « droite », je suis tout à fait d’accord avec vous. Je n’emploierai pas le mot que vous utilisez pour qualifier ces « tendances » néfastes, je lui préfère le terme de lâcheté naturelle. La « droite » ne s’assume pas et surtout ne défend (surtout pas) ses intérêts ! Et cela quelques puissent être ses atouts ! A croire que les politiques se disant de « droite » sont en fait sado masochistes ! Comment comprendre qu’ils s’infligent – à la manière de certains moines reproduisant la Passion – un tel mépris d’eux-mêmes ?
Merci pour votre réponse. Je continue à penser néanmoins, qu’une TVA sociale, même bonne dans la pratique, est trop complexe à mettre en place…Pour les politiques actuels, et présente trop de “si” pour que cela marche.
Je suis moi même patron et employeurs, et une telle “réforme” ne me serait, en rien, un “bienfait”. Je préfère, il est vrai, qu’on s’attaque réellement (et avec courage) à une problématique (déficit secu) plutôt que de gérer une conséquence (hausse des taxes) qui ne règle pas ladite problématique.
Personnellement, je ne comprends pas pourquoi la “droite”, lorsqu’elle est au pouvoir (ou pas du reste) cherche compliqué, quand elle peut faire simple. Mais peut être que les intérêts financiers (“grand cercle”) de l’UMP ne sont pas ceux de la France…
Car, à dire vrai – il suffit de lire des livres sur le sujet ou de consulter n’importe quel blog – les solutions on les connaît. Seulement, on ne les applique pas !
-versement intégral, à la sécu, des taxes diverses qui lui sont – en principe – attribuées. Dans les faits, il semble que le Parlement ou/et le Gouvernement se garde une bonne part d’icelles pour son compte (infrastructures) ou pour des projets sans lien avec les dépenses “sociales”.
Somme gagnable : 5 milliards par an minimum.
-arrêt des organismes inutiles : je vous laisse regarder du coté de Bercy, leur rapport.
Somme gagnable : 50 milliards par an minimum. Coupons la poire en deux : 25 milliards.
-arrêt de “l’aide pour les 35 h” : la Cour des Comptes dénonce l’ineffiscience et l’effet d’aubaine de ces pseudos “aides”.
Somme gagnable : 30 milliards par an minimum.
Sans être un as en maths, je vois là 60 milliards d’euros, bêtement jetés par la fenêtre, et cela tous les ans !
En admettant que l’on conserve 30 milliards pour la Sécu tous les ans, on résolve un “problème” lancinant. Bref, moral en hausse, joie dans les foyers, conso au top, entreprises qui investissent ; bref redemarrage de la “croissance”. Et bien sur incidence “extérieure”, bon point des marchés et position plus solide au sein de l’UE. (Bah oui, on devient soudain “bon élève”)
Reste donc 30 milliards. Baisser “seulement” de 10 milliards les charges sociales seraient déjà un grand pas pour la majorité des entreprises…Et pour les “salariés” cela se verra immédiatement. Donc conso, donc moral au beau fixe…
Les 20 milliards restants, qu’en faire ? J’avoue ne pas avoir trop d’idée en la matière.
@ Monsieur le Député:
” Deux réponses en une : je suis loin d’être découragé. Mais après avoir cru en Chirac, jusqu’en 1988 et en Sarkozy jusqu’en 2007, c’est uniquement mon expérience qui me guide. ”
Au soir du second tour, François Hollande avait 1 113 983 voix d’avance sur Nicolas Sarkozy mais 2 154 939 bulletins blancs et nuls avaient été déposés dans les urnes et, si Nicolas Sarkozy avait devancé François Hollande au premier tour, l’appel de François Bayrou à voter pour le candidat socialiste n’aurait pas désorienté le noyau dur de l’électorat du Modem.
Or, pendant la campagne présidentielle, François Hollande déclara publiquement qu’il s’inspirait des septennats de François Mitterrand lequel, avec l’affaire de Carpentras, fit monter le score du FN pour réduire celui du RPR aux échéances électorales de 1992.
J’aime l’esprit d’examen et l’esprit critique, je fuis l’esprit de système et l’esprit de parti. L’UMP pose un problème : comment ce parti qui en 2005-2006 avait fait un travail très intéressant a-t-il pu tout perdre en seulement 5 ans ? La liberté d’expression, première des libertés, a été bafouée d’abord par la tentative de faire passer en force la loi sur le génocide arménien, plus par rien moins que Copé, Fillon et Sarkozy réunis lorsque ce trio a condamné vos propos, Christian Vanneste, sans se donner le temps de prendre connaissance du texte et du contexte. Pour moi c’est rédhibitoire.
Cependant j’essaye d’éviter le sectarisme, et j’invite par exemple à signer la pétition de l’UMP contre le vote étranger.
Excellent article.
Le problème de l’UMP est en effet son incapacité à défendre les idées qui permettraient de sortir le pays de l’ornière. Sa faiblesse intellectuelle la rend incapable de faire le bon diagnostic et donc de proposer la bonne politique. Le PS est victime de son dogmatisme socialiste, l’UMP de sa vacuité intellectuelle.
Pour ne parler que de l’économie, les responsables de l’UMP (comme ceux du PS) ne comprennent pas son fonctionnement et sont incapables d’un raisonnement logique recherchant les causes et les effets d’une situation ou d’une action. Ils répètent bêtement des idées fausses comme celle consistant à croire que c’est l’Etat qui crée la richesse et non la société civile bénéficiant des libertés économiques. Ils pensent qu’il faut “stimuler” la demande avec de l’argent pris de force aux particulier et aux entreprises. Ils veulent donc déverser de l’argent dans l’économie qu’ils ont au préalable pris par les impôts (ou la dette, les impôts de demain) dans cette même économie et ne voient pas le non sens d’une telle politique qui n’a jamais fonctionné nulle part. Ils refusent d’ailleurs de regarder ce qui marche ailleurs. Ils ne lisent jamais les articles ou les livres qui pourraient les instruire.
Bref s’ils s’instruisaient, ils découvriraient que la liberté favorise la prospérité et que l’étatisme l’étouffe. Mais on en est loin, puisque pour eux le libéralisme (qu’ils ne comprennent pas) c’est mal.