Le spectacle donné à Toulouse par le Premier Ministre lors de son discours devant le Congrès du PS était angoissant. Que des responsables applaudissent à la soviétique, avec pour beaucoup un enthousiasme apparemment sincère, un tel martèlement de formules creuses, obsolètes, et tournant le dos à la réalité ne peut que soulever les craintes les plus grandes pour l’avenir de notre pays. Que le chef du gouvernement puisse à ce point s’illusionner sur le sens des mots employés, ignorer leur ridicule achevé dans la situation présente est glaçant ! “Un nouveau modèle français“, tel en était le leitmotiv. Malheureusement, à gauche, rien de nouveau : toujours les mêmes absurdités économiques ou sociales qui depuis trente ans plombent la France, laquelle n’est plus un modèle pour personne, mais un repoussoir, le concentré de ce qu’il ne faut pas faire, l’histoire d’un enfant gâté qui a gâché toutes les chances que la nature et l’histoire lui avaient offertes.
M. Ayrault croit toujours que la France est une île où l’on pourra mener une politique différente de celle qui est pratiquée dans le reste du monde. Il rend responsable de la crise l’idéologie libérale des années 80 et la domination sans partage du Marché-Roi. Certes, on peut pointer les excès d’une spéculation détachée de l’économie réelle, mais depuis le début de la crise la cause principale a été l’emballement du crédit sous la poussée de la démagogie : accession à la propriété du logement trop facile aux Etats-Unis pour commencer et pour finir, endettement des Etats européens qui ont financé par la dette le maintien apparent de la richesse et de la protection sociale malgré le recul relatif des économies européennes. La libéralisation d’un marché mondial a été un heureux évènement qu’il “fallait prendre par la main avant qu’il vous saisisse à la gorge” comme disait Churchill. Les pays qui ont entrepris les réformes structurelles à temps participent au banquet du monde. Les autres sont contraints à une politique d’austérité trop tardive et qui peut être suicidaire. Notre Premier ministre découvre la compétitivité mais il est face à elle comme une poule devant un couteau.
La part du marché mondial détenue par des entreprises françaises ne cesse de reculer. Le génie français invoqué de manière grandiloquente par M. Ayrault ne sortira pas d’une bouteille de Cognac. Il dépendra de deux facteurs : d’abord, l’amélioration du rapport qualité-prix de nos produits et ensuite la taille de nos entreprises pour avoir la capacité d’exporter. Des avancées très insuffisantes ont été réalisées par les gouvernements précédents. Il y a eu le Crédit Impôt Recherche, mais il fallait davantage de liens entre la recherche, l’Université et l’industrie. On pense au réseau Fraunhofer en Allemagne. Il fallait baisser le coût de notre production par un report sur la consommation. C’était la TVA sociale, beaucoup trop tardive. Il fallait aider nos entreprises à grandir, notamment par la suppression des seuils dissuasifs. Il y a eu la politique des “gazelles” de Renaud Dutreil, que l’intelligente UMP a dégoutté de la politique. Mais aujourd’hui, il y a la chasse hargneuse au “gros”, une tentative dés à présent vouée à l’échec de rétablir les comptes publics, par l’impôt démotivant plus que par la diminution des dépenses de fonctionnement. Il y a l’incantation à un modèle qui avec un emploi public trop lourd, un temps de travail trop faible, une déresponsabilisation générale des comportements nous fait, comme l’a dit Nicolas Baverez, regarder “tomber la France”. Si elle tombe moins vite que d’autres grâce à ses fameux “amortisseurs sociaux”, c’est plus continuellement et avec plus de difficultés à se relever.
Mais, non content d’ignorer la réalité du monde économique, la “nuque raide”, comme dit Mme Aubry, de même que d’autres étaient “droits dans leurs bottes”, M. Ayrault projette sur le réel le mirage des vieux fantasmes idéologiques et contradictoires de la gauche : égalité des sexes, égalité des “couples”, confusion entre liberté et permissivité. Le mariage, non pas pour tous, mais pour des personnes de même sexe, l’adoption par de tels “couples” alors que l’offre est aujourd’hui insuffisante, relèvent d’un déni de la réalité biologique et sans doute psychologique de l’humanité et du principe de précaution à l’égard de l’équilibre des enfants. De même, le remboursement intégral de l’avortement, si éloigné des conditions restrictives que Mme Veil avait invoquées pour faire passer “sa” loi, la gratuité de la contraception pour les mineures soulignent le dangereux amalgame entre la liberté et la transgression chez quelqu’un qui ose pourtant en appeler aux principes et aux valeurs. Dans le même mouvement, la baisse du plafond du quotient familial était votée. Solidarité nationale face à la crise ? Comment susciter celle-ci chez tous ceux dont on blesse inutilement les convictions les plus profondes ? Plus prosaïquement comment la faire admettre par un Français qui renonce à un appareil dentaire ou auditif, ou tout simplement à une paire de lunettes, parce qu’ils ne sont pas suffisamment remboursés ? Comment ne pas allumer la révolte chez ceux qui voient dans cette politique une attaque frontale contre la famille alors même que la politique familiale était peut-être la seule à constituer un modèle français ? L’acharnement de la gauche contre la nature et contre la vie peut-il être compatible avec un réel souci de l’avenir ?
Déni de la réalité du monde ! Déni de la réalité de l’économie ! Déni des exigences de la Nature et de la Vie ! M. Ayrault s’attend à des résistances et il y en aura : celles du réel, d’abord, et celles de tous les CONSERVATEURS qui se battent pour la survie de la France, de ses valeurs et de son identité.
4 commentaires
Vous avez bien raison. Le déni de réalité englobe et résume toutes les “exceptions françaises” qui détruisent la France depuis plus de trente ans.
Cela montre la voie à ceux qui souhaitent le redressement: s’appuyer sur le réel. Cela suppose qu’il faut abandonner l’idéologie égalitaire qui est contre nature pour revenir à l’idéologie des Lumières qui s’inspire des droits naturels que sont le droit à la vie, à la liberté et à la propriété.
Monsieur le Député,
Il me semble que le débat politicien n’a plus que la valeur d’un combat d’arrière-garde ou d’une simple mascarade. La Nation n’existe pratiquement plus et il ne nous reste même plus le pouvoir de décider de la guerre depuis notre entrée dans l’OTAN.
La Commission européenne est devenue de fait le véritable exécutif de notre pays en y ajoutant dans ses statuts l’exclusivité des propositions. La BCE et la Commision de Justice européenne viennent compléter un dispositif de mise sous tutelle des nations. C’est l’Europe qui donnera finalement le blanc-seing à l’action du gouvernement français et… les marchés.
Il n’y a plus de démocratie depuis la forfaiture de Nicolas Sarkozy qui est passé au-dessus du peuple pour ratifier le traité de Lisbonne. L’Europe va à grand pas vers une Europe fédérale, non votée par les citoyens européens, mais une Europe unitaire, centralisée et technocratique. Elle renie la démocratie comme un danger de ne pouvoir réaliser les objectifs d’une élite qui détient à elle seule la Raison (au sens révolutionnaire du terme) dans une gnose mortifère comme l’ont bien exprimé ses pères fondateurs, Jean Monnet et Jacques Delors !
Arrêtons la politique politicienne pour revenir à la défense du bien commun et à la mise en oeuvre de la volonté du peuple. Ce serait là une oeuvre de salut public et le seul moyen d’éviter le déclin inéluctable de la France tel que l’a programmé un consensus politique sur l’idéologie européenne.
Le véritable problème de la France c’est l’Europe telle qu’elle se construit, qui voit les nations d’effacer et se découdre dans des revendications régionalistes en Espagne, en Italie, en Belgique, et même en France où l’Europe a redonné à l’Alsace la langue officielle allemande au même titre que le français. On voit se développer des liens directs entre l’Europe et les régions à l’heure où des politiciens nationaux se disputent sur une politique gauche ou droite dont les fondements européens sont les mêmes.
Le peuple français sent bien que ceci n’a plus de sens et qu’on lui vole ce qu’il a de plus précieux la démocratie.
Bonjour,
J’ai suivi une partie du discours du PM au Congrès du PS. Personnellement, je n’ai pas trouvé que les applaudissements aient été très nourris – à comparer avec ceux pour Mme AUBRY – sauf bien sur, du coté des premiers rangs….Mais là, j’ai envie de dire, c’est assez normal. La même chose s’observe dans tous les partis : les Ministres/élus tapent dans leurs mains ou hochent la tête, des militants fanatisés sont placés pour être pris par les caméras et je ne serais pas surpris d’apprendre que des chauffeurs de salles traînent dans les coins. Voire – et c’est là aussi un trait commun à tous les partis – qu’on ait pour l’occasion recouru à des faux militants enthousiastes.
S’agissant du discours, en tant que tel, il n’a rien « d’angoissant » puisqu’il est dans la droite ligne de ce que vous comme moi, nous connaissons. Je peux néanmoins comprendre votre lassitude à ces exercices composés (pas meilleurs que ceux des candidats UMP pour la présidence, qui découvrent la poudre) qui me donnent l’impression d’être devant une mauvaise série B.
Pour autant, j’admets mal que vous – surtout vous – qui nous expliquiez l’absurdité de la repentance et condamniez avec force la lâcheté ou/et le renoncement de vos ex collègues à défendre les valeurs et convictions de « droite » (dès lors qu’elle en a) qui sont leurs (s’ils sont sincères)…Preniez un plaisir manifeste à dénigrer, dans ce billet, notre beau pays.
« Repoussoir, modèle pour personne, concentré de ce qu’il ne faut pas faire, enfant gâté qui a gâché toutes ses chances… » ainsi, définissez vous notre France ! Pis encore…Vous demandez à la France de mener une politique indifférenciée de celle qui (selon vous) est « pratiquée dans le reste du monde » sur le plan économique…Alors même que vous dénoncez, sur le plan sociétale, un tel suivi (Le PS s’appuyant justement sur le fait qu’autrui le fait, pour légitimer ses propositions) !
Au reste, cette politique « pratiquée partout dans le reste du monde » est celle que vous dénoncez un peu plus loin ! « L’emballement du crédit, l’accession trop facile au longuement, l’endettement » compulsif grâce à l’euro sont justement des éléments « mondiaux » ! Et si la France a été moins sensible à leur portée, ce n’est pas grâce à des politiques avisés – qui bien au contraire militaient haut et fort pour la Stratégie de Lisbonne I – mais parce que les Français ont été réfractaires à ce « modèle mondial » qui leur paraissait (à juste titre) malsain !
Je reconnais, bien volontiers, que la France est en petite forme – cela est une évidence – mais cela ne me semble pas être une raison suffisante pour la rabaisser comme vous le faites…Au reste sans raison.
La France, disait un célèbre auteur, est une personne. Si nous voulons qu’elle reprenne de l’allant, nous n’avons qu’une seule chose à faire : l’aimer. Et la prendre telle qu’elle est. Avec ses forces et ses faiblesses, ses atouts et ses défauts. Ne cherchez pas à la transformer parce que, pour une raison absurde, vous croyez l’herbe plus verte chez le voisin.
Vous proposez comme remèdes à notre compétitivité (industrielle…Nous sommes excellents dans les services, l’agroalimentaire et le luxe) d’améliorer le rapport « qualité prix » (via la TVA pseudo sociale) et d’agir pour faire « grandir » nos entreprises (via la baisse des seuils).
*Sur le plan qualitatif, il va être extrêmement dur de concurrencer les pays du Nord. Tout simplement parce que ceux-ci se sont spécialisés dans l’industrie, quand nous avons choisi, de notre coté, de parier sur les services. Résultat ? Vous voyez un défilé et vous avez le signal « France » qui s’allume. Vous voyez une voiture et vous dites « Allemagne ».
*Sur le plan du coût, là encore, la concurrence est quasi impossible. Même la Chine se fait déborder en tant qu’atelier du monde ! C’est dire…Donc, à moins de rétablir l’esclavage ou de faire la guerre aux « pays à bas coût » (c’est connu, les industriels n’aiment pas l’instabilité politique !) nous avons peu de chance d’être « compétitifs » en la matière.
Si l’on veut – sans porter atteinte à nos points forts – demain, remettre en marche notre industrie, il me semble donc clair que nous ne pourrons le faire qu’en nous adressant au « marché français » (cela n’empêche pas d’exporter, mais l’EBE se fera en France), puisque c’est le seul qui nous procure des opportunités : une consommation intérieure moyenne (mais plus forte qu’en Allemagne), une bonne démographie, des consommateurs bienveillants (pour des raisons sociales et de solidarité nationale) et un pays bien placé géopolitiquement. (Apte à faire reconnaître un savoir faire) puisque le jeu est trop risqué en dehors de nos frontières. Nous n’avons aucun intérêt à nous lancer dans une course perdue d’avance.
*Sur le plan des seuils : c’est une bonne idée. Remettre de l’ordre dans le « nerf de la guerre » ne serait pas non plus de trop.
-Déjà, on pourrait commencer par criminaliser certains comportements. Un notaire risque pour un oui pour un nom la cour d’assises, ne faillite d’entreprise systémique peut conduire à la prison à vie. Porter atteinte à la préservation de milliards d’euros et, davantage ou à la préservation du système de financement placé sous des « risques systémiques » n’est, en revanche, pas sanctionné !
-Ensuite, depuis 2008, les banques ont toutes licences pour faire faire des faillites finalement payées par le contribuable. Ces sauvetages publics sont largement jugés comme immoraux et comme créant ce que les économistes appellent l’aléa moral (plus on sauve plus les financiers prennent des risquent en se disant (à raison) « on sera sauvé » !)
L’interdiction des aides publiques est pourtant supra-constitutionnelle à raison du TUE. Or, au cours de la « crise », une pluie d’aides s’est déversée dans le système financier (la violation du Traité a fait l’unanimité, ou presque !). Les grands financiers savent donc qu’ils peuvent essayer de gagner des centaines de millions/milliards au préjudice du contribuable (le fameux « aléa moral ») ! Et le comportement des pouvoirs publics reconduit ce risque.
Le Législateur pourrait pourtant mettre facilement un terme à la puissance bancaire – qui terrifie apparemment les dirigeants – en conditionnant le droit d’usage du banquier sur les dépôts des clients. En contrepartie de ce privilège d’usage de la monnaie déposée, qui sert la Nation et la banque, ce dernier se verrait dans l’obligation de restitution absolue.
-Le Législateur pourrait également, contraindre les banques d’investissement qui font des affaires avec toute types d’opérations (participations via un marché réglementé ou pas, participations spéculatives, contrats financiers, devises…) à ne prendre les dépôts du public qu’à titre marginal et après avertissement du client.
-Enfin s’agissant des traders, sortir ceux à haut revenus du cadre ordinaire du droit du travail ne serait pas une mauvaise chose. L’ordre public financier justifie que, pour la réglementation bancaire, les traders soient habilités par les autorités monétaires dès lors que leur rémunération et la capacité d’engagement de l’établissement dépassent des seuils para-systémiques.
Les traders ne pourraient donc opérer, être agréés, que si les rémunérations ne sont pas de nature à les « déresponsabiliser » à l’égard de leur employeur. En agissant ainsi, les banques apprendraient à travailler proprement et on éviterait, à l’avenir, des faillites internationales ce qui devraient faire de la Zone Euro la plus belle et stable place financière mondiale !
@ seb:
” -Déjà, on pourrait commencer par criminaliser certains comportements. ”
http://www.laprovence.com/article/france/le-president-de-mitsubishi-france-attaque-montebourg-puis-se-retracte
Et que penser de ce membre du cercle Copernic sous l’autorité duquel, probablement, un contrôle fiscal a été décidé à l’encontre de Jean-Claude Debard ?