Vincent Peillon est impayable. Je suis saisi d’admiration lorsqu’avec une mine superbe, de sa voix calme, et d’un ton professoral, le philosophe condescend à révéler la vérité qu’il possède mais dont il veut généreusement faire profiter le monde ignorant. Il y a mûrement réfléchi, et sans devoir passer par cette embarrassante concertation qui gène le progrès d’une réforme inspirée par la raison et sans même avertir ses collègues ni le premier d’entre eux, le voilà qui sort sa pépite de la mine, cette idée qui brille comme un diamant. Les élèves français bénéficient de vacances trop longues en été. C’est mauvais pour les apprentissages. Les pays sérieux comme l’Allemagne ont des années scolaires plus longues avec des horaires plus légers. Des rythmes scolaires plus étalés seront meilleurs pour la communauté éducative. Et le Ministre d’affirmer que six semaines de vacances, c’est suffisant et que la création de deux zones serait possible. Ces précisions laissent entendre que la réforme est prête. Le gaffeur récidiviste aura beau rétropédaler avec l’énergie du désespoir, souligner que la mise en place des quatre jours et demi dans le primaire est assez difficile pour ne lancer la réflexion sur les vacances d’été qu’après son aboutissement, c’est-à-dire en 2015, il est déjà trop tard. Le mal est fait. Toutes les frustrations se réveillent. Matignon recadre en rappelant qu’il ne s’agit, cette fois encore, que d’une piste. Les syndicats d’enseignants, vexés, soulignent qu’ils ont leur mot à dire sur cette question si sensible du temps de travail. L’opposition tient un discours de la méthode et crie à l’improvisation et à l’amateurisme.
Sur les pistes de l’éducation Vincent Peillon sème ses mines. Elles explosent “allègrement” jusqu’à ce que lui-même ne saute un jour comme son indépendant prédécesseur, grand chasseur de mammouths. Toujours en avance d’une réforme, sans palabre ni beaucoup de cohérence, notre nouveau ministre a brûlé la politesse à Matignon en annonçant les quatre jours et demi dès son arrivée, puis l’allongement des vacances de la Toussaint et enfin la diminution des vacances d’été. En fait, si les enseignants protestent car ils n’aiment pas être bousculés, les parents d’élèves comprennent assez la logique du ministre qui est de concevoir une école faite pour les enfants plutôt que pour les professeurs. Moins heureuse a été son annonce du recrutement de 40 000 nouveaux enseignants alors que l’Etat est astreint aux économies. Carrément à contre-sens fut sa sortie sur la dépénalisation du cannabis qui jurait pour le moins avec sa relance d’une morale laïque. Pour le coup, les parents se sont demandé qui était le suprème responsable de la formation de leurs enfants.
Cette nouvelle gaffe de Vincent Peillon sur les vacances d’été appelle trois observations. Lorsque j’entends les critiques des Fillon, Le Maire et autre Bertrand, je les reçois comme des points positifs pour notre Ministre. Avec une grande fatuité, nos ex-ministres donnent des leçons sur la forme au débutant. Pas un mot sur le fond, en revanche, alors que précisément les gouvernements précédents ont été incapables de mettre en oeuvre les réformes structurelles dont la France avait besoin. Par exemple, qu’a fait Fillon lorsqu’il a été en charge de la rue de Grenelle ? Rien ! Quant au dernier, Chatel, outre les suppressions de postes, on lui doit l’entrée de la stupide théorie du genre à l’école ! Ils devraient faire preuve de plus de modestie ! Deuxième observation : sur le fond, précisément, l’adaptation des rythmes scolaires aux besoins des enfants, non à ceux des enseignants, ni à ceux des professionnels du tourisme, ni même à ceux des parents qui confondent école et garderie, doit être la priorité de l’aménagement du temps scolaire. Une année plus longue avec des journées plus courtes et un temps gagné pour le sport et la culture sont un objectif salutaire qui dans ce pays rétif à la réforme nécessaire mettra donc un mandat présidentiel et plus, si tout va bien, à être atteint.
Troisième observation : la France était fière de son système éducatif. Elle l’est moins lorsqu’elle observe son recul dans les classements internationaux, le nombre d’élèves sortis de la formation sans diplôme qualifiant , voire le niveau de l’illettrisme. Ce n’est pas la modification des rythmes scolaires qui va renverser la situation. Il faudra pour cela une réforme en profondeur sur trois niveaux. D’abord, tuer le mamouth, c’est à dire, sur la base d’objectifs et de programmes nationaux, libérer l’école en la régionalisant et en ouvrant davantage la voie à l’iniative privée, qui fait déjà ses preuves, mais que les gouvernements précédents ont maintenue endiguée dans le carcan des accords conclus par ce cher Jack Lang. Il faudrait, par exemple, instaurer le chèque scolaire qui permettrait aux parents de choisir vraiment leur école comme c’est le cas en Suède. Ensuite, briser les méthodes éducatives inscrites dans les prétendues sciences de l’éducation dont le jargon dissimule mal l’absence de véritable scientificité. Le recul persistant de la France au PISA par rapport aux pays asiatiques, notamment, est préoccupant et devrait induire une remise en cause des méthodes pédagogiques utilisées. Enfin, et surtout, redonner un esprit au processus éducatif. Celui-ci ne peut réussir que dans la discipline et le respect de l’autorité des maîtres. Celle-ci implique à son tour que les maîtres aient une claire conscience des buts de l’éducation de l’Ecole à l’Université : non pas former des spectateurs critiques comme le souhaite Vincent Peillon, mais des acteurs lucides, autonomes, créatifs et performants de l’avenir d’un pays qu’ils auront appris à aimer.
5 commentaires
Vous avez raison, il faut privatiser largement et mettre en concurrence. Le modèle suédois est exemplaire. L’Etat ne sait pas faire, qu’il passe la main au privé.
Force est de constater que réformer l’éducation nationale reste symptomatique de ” l’impossibilité” de réformer la société Française.
Le premier des Gaullistes a su , en son temps , prendre toutes dispositions à cet effet. Il avait le regard au loin et au plus juste sans que ses comptemporains n’en comprissent l’entière portée. De ses réformes nous jouissons aujourd’hui encore des beaux restes . Faudra-t-il atteindre un jour l’apogée de la ruine morale et matérielle de la V ème république pour porter à notre société les remèdes nécessaires.C’est semble-t-il la voie que nous prenons.
http://pascalvittori.com/?p=4715
Après les ordres venus d’en haut de faire falsifier par les maires calédoniens indépendantistes les listes électorales au moment où François Hollande était premier secrétaire du PS, après l’accord électoraliste conclu entre la nouvelle direction d’Air France et le putschiste fidjien Monsieur Bainimarama, c’est maintenant Victorin Lurel qui dévoile son projet politique à la droiet calédonienne. Le ministre de l’outre-mer du président socialiste réitérera-t’il ce que firent naguère Georges Lemoine et Henri Emmanuelli ?
Mais quand va-t-on comprendre que le problème est celui des programmes, de la pédagogie, de la discipline en classe et non pas des rythmes scolaires, et surtout pas des vacances … ! Gérer une classe c’est lourd, et bien que n’étant pas enseignant, je pense que 8 semaines sans des élèves de plus en plus difficiles à cadrer c’est une nécessité pour les enseignants.
Mais quand on ne veut pas résoudre les vrais problèmes, on parle de rythme, c’est tellement plus populaire !
Et que dire de ce que ces vacances sont aussi des occasions pour des cousins de se voir, surtout quand ils vivent loin les uns des autres, mais cela c’est aussi dans le souci de ce ministre de détricoter l’esprit de famille….
quand j’étais infirmière en psy, il y avait 44 patients dans le pavillon, on ne pouvait ni les envoyer au coin, ni leurs faire faire un jeu dehors pour les calmer…nous travaillons huit heures non stop par jour, et ce pendant 6 jours puis nous avions deux repos une semaine, trois la semaine suivante . quand on prenait des congés c’était 20 jours maximum à la file …
je n’ai donc jamais pleure sur ces pauvres professeurs et maîtres .
le problème principal est que nos maîtres d’école sont
trop politisés dès que quelque chose se passe , ils ont besoin du parti pour savoir que penser et réagir en conséquence c’est à dire répondre NON
l’autre qu’ils sont
utopistes, tout le monde doit réussir ÉGALEMENT ce qui oblige à supporter les trublions ,répéter 15 fois la même chose pour que le plus couillon comprenne et s’occuper activement des élèves qui ne parlent pas français . Le résultat est que les bons s’endorment les moyens se dégoûtent et font les singes avec le groupe des indécrottables . des classes de niveau seraient bien préférables autrefois il y avait en ville le cm1 fort et le cm1 ordinaire …ce qui permettait aux élèves de progresser sans l’entrave des copains en difficulté ou invivables .
Les ministres sont la troisième plaie du système, chacun y va de sa réforme sans d’abord réfléchir avec les parents et les enseignants sur les contenus éducatifs, du coup une reforme a chassé l’autre avant qu’elle soi t appliquée .
“l’école de toutes les chances” fait courir et faire du sport à des gosses qu sont venus apprendre à lire écrire et compter, on les mène au musée pour avoir un jour tranquille puis au cinéma pour voir vivre “Amifa la petite arabe” (long métrage en arabe) alors qu’il suffit à la plupart des gosses de regarder autour d’eux ,et pendant que la petite fille regarde un film ou elle ne comprend rien ou fait du rugby (et oui) apprend elle à lire ?
l’instruction civique instruisait , l’éducation nationale n’éduque pas et les résultats aux examens invitent chaque année les parents à se tourner vers les écoles confessionnelles , là ou on répète comme autrefois et ou l’on fait des exercices d’application , là ou les profs et pions sont dans la cour et pas à boire un jus pendant que les mômes ‘s’entretuent .
le” mieux” voulu par notre institution est l’ennemi du bien !
alors le pétillant monsieur Peillon se cassera le nez comme les autres, il n’y a pas si longtemps qu’un ministre avait envoyé son programme sous forme de livre aux instits qui lui ont retourné…c’était une belle idée pour relancer …la poste .