Montebourg est un modèle. Il est, jusqu’à la caricature, l’archétype du politicien d’aujourd’hui, narcissique, égocentrique, concentré sur la communication à court terme, attentif aux effets de celle-ci sur son image médiatique, mesurée par les sondages du jour, et porteuse d’une carrière personnelle, satisfaisante pour son ego. La notion de serviteur de l’Etat, discret, mais efficace lui est totalement étrangère. La marinière du beau gosse est produite par une entreprise qui a perdu désormais son marché auprès de l’Etat, en l’occurence l’habillement de 120 000 policiers, qui assurait l’emploi d’une quarantaine de CDD. Mais l’image de la marinière a marqué, comme les déclarations de guerre au capital étranger ou aux délocalisations, les coups de clairon du “made in France” et les coups de gueule contre les autres ministres, y compris le Premier. Montebourg est bon vendeur, mais d’un seul produit : lui-même ! Montebourg, c’est le Déroulède de la guerre économique, mais avec cette différence que ce dernier croyait vraiment en la Patrie, quand le bel Arnaud n’en a qu’une : son destin personnel ! Il n’est pas le seul. NKM est son versant féminin de l’opposition : même souci de singulariser ses positions pour se distinguer, de surexposer ses thèmes ministériels, sans égard pour l’intérêt général, et de s’en prendre à ses “amis” pour se faire valoir. On se souvient de son caprice législatif sur les OGM qui l’avait amenée à traiter les députés UMP, d'”armée de lâches” ou encore de son soutien à Jouanno sur l’absurde taxe carbone. La ligne était claire pour les deux ambitieuses aux dents longues : se positionner sur le “créneau” écolo-moderne porteur auprès des “bobos parisiens”. L’écologie est un bon produit d’appel lorsqu’on a l’intention de se proposer au marché électoral parisien. Leur attitude récente de soutien plus ou moins affirmé au mariage unisexe confirme cette orientation. Dans ces démarches de politique “commerciale”, on observe une totale inversion des valeurs. Au lieu de considérer la responsabilité ministérielle comme un moyen de servir l’Etat, en charge de l’intérêt général de la Nation, on utilise l’Etat comme un moyen de propulser sa carrière personnelle.
La récente affaire de la cession de Dailymotion illustre le cynisme de ces comportements. Le discours ministériel proclame l’intérêt supérieur de la patrie, la nécessité de préserver l’identité d’une pépite nationale. On ne peut que souligner au passage le nom de cette entreprise si empreint de “French touch”, et que le Ministre prononce à l’anglaise. On croit mesurer dans le ton solennel de Montebourg le souci de remplir les devoirs de l’Etat en imposant à ‘intérêt privé d’un groupe l’obligation de maintenir dans le giron national la filiale que celui-ci souhaite partiellement céder. On s’étonne, toutefois, de la référence faite à l’accord Renault-Nissan en rien comparable. Mais surtout, on constate les dégâts. La vente est manquée, après des mois de négociation, et il n’y a pas de partenaire français capable d’offrir les moyens de Yahoo qui se retire. Or Dailymotion, en progrès notamment aux Etats-Unis, est actuellement encore loin derrière son concurrent Youtube. Cette intervention malencontreuse de l’Etat perturbe simplement la stratégie d’un groupe privé, Orange, qui rappelle avec force qu’il n’est pas aux ordres du Ministre et que le développement d’une entreprise ne doit pas être à la merci d’un coup de “com” politicien. Dans cette affaire, où est l’intérêt général ? On peut penser que dans la confrontation entre deux intérêts privés, celui du groupe et celui du Ministre, c’est objectivement le premier qui était le plus utile à la collectivité. Non seulement les déclarations intempestives du Ministre du Redressement Productif n’ont sauvé ni Aulnay, ni Florange, ni Petroplus mais elles ont envoyé trois messages négatifs : le premier dit aux investisseurs étrangers que l’Etat se mêle de tout, le second révèle les profondes divisions de l’exécutif et le troisième, à travers Mittal comme Yahoo, que la France ne veut pas d’eux.
La France meurt de trop d’Etat. Trop de dépenses publiques, de prélèvements obligatoires, de réglementation et d’administration entravent l’initiative privée. Trop d’illusoire protection et de postes offerts dans la fonction publique agissent sur les Français comme une addiction qui les détourne de l’activité privée et les fait se tourner vers l’Etat comme vers un sauveur tout-puissant et jamais à court de moyens. Or ce Deus ex Machina garderait son pouvoir s’il en respectait les limites et en concentrait les effets. De quel droit le Ministre est-il intervenu auprès de Gdf-Suez après qu’une filiale du groupe eut remporté l’appel d’offres perdu par Armor Lux, la firme de la marinière ? Que l’Etat maigrisse pour peser moins sur les coûts de production, qu’il allège les contraintes imposées aux entreprises pour libérer leur développement, qu’il améliore sans cesse les infrastructures, qu’il assure la plus totale sécurité. Pour le reste, l’Etat est un fardeau plus qu’un levier, fardeau d’autant plus lourd qu’il sert davantage de levier à la promotions de ministres inutiles voire nocifs, lorsqu’ils interviennent comme des éléphants au milieu des porcelaines. Pour redresser le pays, la suppression d’un Ministère aussi superflu que celui de Montebourg est une nécessité, mais il s’en faut de beaucoup qu’il soit le seul.
3 commentaires
très bon article je vous suis depuis vos déboires avec l’UMP et ses sbires totalitaires. qu’attendez vous pour vous joindre avec d’autres patriotes comme NDA et rejoindre DLR ? cela donnerait des idées a d’autres comme Jacques Myard . seul c’est difficile notamment pour porter la bonne parole dans les médias . plus on est de fous…….
Revenons 20 ans en arrière, lorsque Internet Explorer et Alta Vista étaient des navigateurs concurrents: Yahoo était, à ce moment-là, le seul annuaire disponible pour les internautes. Pour la gauche, cet annuaire avait ceci d’inconvénient qu’il aurait considérablement réduit l’activité des publicitaires, lesquels font vivre les journalistes de telle sorte que les gouvernements socialistes de François Mitterrand retardèrent le déploiement d’internet en France.
Au sujet de cette vente manquée, je me demande si Arnaud Montebourg a sombré dans un zèle revanchard après la fermeture de l’usine Texas Instruments à Villeneuve-Loubet…
Dailymotion est une entreprise française! Eh bé! Vous voyez bien qu’il n’est pas complètement inutile Montarebours, sans sa déplorable intervention, je continuais à penser que c’était américain.