Avec un bel entrain, le PS et le candidat UMP appellent au rassemblement républicain pour faire barrage au Front National dans l’ancienne circonscription de Jérome Cahuzac. Les deux partis de pouvoir, les deux agences électorales se donnent la main pour empêcher le pirate de monter à bord du bateau si confortable de la République. Cette situation est un aveu dont on ne mesure pas la signification.
C’est d’abord un cadeau fait au parti de Marine Le Pen. Depuis longtemps, celui-ci dénonce la complicité objective des deux formations qui pratiquent l’alternance. Si, compte tenu de l’image de Jean-Marie Le Pen construite dans les médias, et du rôle évidemment décisif de l’élection présidentielle, on a pu comprendre l’appel du PS en 2002, en faveur de Jacques Chirac, telle n’est pas la situation aujourd’hui. Il s’agit d’une élection législative partielle qui ne fera pas basculer la majorité. Qu’un parti représentant entre 15 et 20% des électeurs ait trois députés au lieu de deux n’affaiblirait en rien la République. D’autant plus que rien dans le comportement de ses élus ou de ses dirigeants ni dans leurs propos ne menace la République ni ne porte atteinte à la démocratie. C’est plutôt le fait d’exclure a priori ce mouvement de la vie politique qui vicie la République. Celle-ci n’est donc plus notre Bien Commun mais celui de certains à l’exclusion des autres ? Quant à la démocratie, c’est une étrange façon de la servir que d’entraver la représentation d’une partie non négligeable des Français. Partisan du scrutin majoritaire, j’accepte une surreprésentation du parti qui gagne sur ses idées afin qu’il y ait un gouvernement stable et efficace, mais lorsque deux formations, qui n’ont aucune idée en commun et se combattent depuis des décennies, s’entendent pour éliminer le concurrent, alors on retrouve ce que le gaullisme a subi et refusé : l’alliance des intérêts électoraux des partis plutôt que la compétition honnête entre les idées et les hommes qui doit assurer, selon la volonté du Peuple, l’intérêt supérieur de la Nation. Le premier RPF est mort des apparentements qui l’ont empêché d’accéder au pouvoir en 1951 et qui ont amené le Général à se retirer une première fois.
Si l’on ajoute à ce cadeau le parfum des affaires qui, à l’UMP comme au PS, donne parfois à la France une odeur de république bananiére, il devient royal. Cahuzac ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt et que l’on aurait abattu. Celle-ci s’étend de Marseille à Hénin-Beaumont en passant par l’Hérault. Quant à l’UMP, elle a été plus sévère avec les défenseurs de la liberté d’expression qu’avec ses ripoux. Un élu bien implanté dans les Hauts-de-Seine, Patrick Balkany déclarait que l’UMP n’aurait plus de candidat dans ce département si elle n’investissait pas des élus condamnés…
Mais le plus grave est ailleurs. Il s’agit du rôle de la politique dans une démocratie. C’est une compétition destinée à amener au pouvoir ceux dont les idées et les projets paraissent les plus à même de répondre aux problèmes du pays. Or, contrairement à ce qui se dit ici et là, le fossé entre la gauche et la droite existe bien. C’est celui qui sépare la démagogie de la responsabilité. La droite privilégie la liberté, l’effort et le mérite, l’ordre et la sécurité, la Nation et la famille. Elle doit soutenir une économie de l’offre, une politique judiciaire sévère, une maîtrise rigoureuse de l’immigration. Indépendamment d’un certain glissement à gauche du FN, et à l’exception de la politique européenne qu’il faut, de toute manière, revoir, le clivage des idées ne passe pas entre l’umps et ce parti mais entre la gauche et la droite. Il faut, comme l’Italie a su le faire, un moment, en tirer les conclusions. Si on a le courage de faire ce choix, la politique française gagnera en clarté et en dignité. Les partis seront des vecteurs d’idées et non des machines à conquérir les places et à les garder. Pendant ses dix ans de pouvoir, l’UMP n’a pas fait une politique de droite. Elle a brouillé les pistes et obtenu de bien maigres résultats. L’ouverture à gauche de Sarkozy après une victoire à droite a été une faute magistrale dont nous payons encore les conséquences. Mais aujourd’hui comme hier, ces gesticulations révèlent que pour les partis de pouvoir, les places, seules, comptent. Au RPF, nous préférons les idées et les valeurs, au service de la France. C’est ce qu’attendent les Français qui vont, de plus en plus nombreux, déserter les machines électorales que la panique réunit aujourd’hui.
6 commentaires
Vous avez tout à fait raison; de plus en plus de citoyens modérés, de droite ou de gauche, envisagent maintenant de voter FN faute de voir leurs idées être respectés par la droite classique et le PS….la droite n’a pas su défendre ses valeurs, elle a depuis trop longtemps intégré le “politiquement correct” de la gauche (cf l”abstention ou le vote de la loi Taubira!=
Rachida Dati plutôt mesurée a bien confirmée que ce front républicain ne correspondait à rien de bon. La gauche et la droite se combattent et c’est salutaire pour la démocratie.
Leurs attitudes va éloigner les militants de convictions qui sont actuellement totalement perdus, désespérés et n’ont plus l’impression de vivre dans le même monde que leurs représentants politiques.
Mieux vaut accepter quelques sièges FN que de se vendre à l’adversaire en se comportant de la sorte, le résultat n’en sera que plus catastrophique.
Tout ça est évident mais n’a pas encore traversé la carapace d’imbécilité des bornés UMPS !
Cher Monsieur,
Je pense personnellement que le système majoritaire n’est pas démocratique et je ne comprends vos arguments en sa faveur, mais ils reposent uniquement sur le fait que notre constitution place la chambre sous la coupe de l’exécutif. Il y a dans notre constitution des choses inacceptables.
En effet le législatif devrait être totalement indépendant de l’exécutif ce qui n’est pas notre cas d’où la nécessité d’un vote majoritaire. L’exécutif propose les lois et le législatif les votent, mais l’exécutif ne devraient pas pouvoir faire pression d’aucune façon. Bien sûr le législatif peut aussi initier des lois. La diversité et l’indépendance du parlement serait la garantie d’une certaine stabilité politique et permettrait d’éviter la proliférations de lois inutiles, injustes ou liberticide…. Bref il y a beaucoup à dire sur le sujet.
Dans le même ordre d’idées je suis contre l’indépendance de la justice car c’est un Etat dans l’Etat soumis à aucun contrôle. La justice devrait dépendre de ce même parlement, les juges seraient périodiquement élus par celui-ci, et la justice devrait annuellement rendre compte de son activité devant ce dernier….
Bref le schéma est simple, mais probablement trop simple…
J’admire votre courage
Remerciements
J.P. Lucas
Dans une démocratie, c’est le peuple qui détient la légitimité. C’est pourquoi la démocratie directe, les votations suisses en sont la meilleure expression. De même les juges devraient être élus puisqu’ils rendent la justice au nom du peuple. Enfin, si la séparation des pouvoirs est malheureusement une illusion dans notre pays, il faut la rétablir mais pas en mettant fin au scrutin majoritaire. Celui-ci donne une plus grande indépendance aux députés à l’égard de leur parti. En revanche, il faut dissocier l’élection présidentielle des élections législatives : un Président élu pour 7 ans en dehors des partis, comme le voulait le général de Gaulle.