On ne sait plus comment qualifier le gouvernement socialiste : matamore, petit-bras, distributeur de poudre aux yeux ? Très satisfaits d’eux-mêmes, affichant un optimisme artificiel, minimisant les échecs, multipliant d’éhontés mensonges, ou annonçant d’illusoires succès, nos gouvernants sur la scène internationale jouent les précurseurs alors que les Américains au Moyen-Orient ou les Allemands en Europe les acculent à n’être que d’impuissants suiveurs. L’annonce de la réforme des retraites en offre un exemple de plus, cette fois en politique intérieure. Le matamore s’avance et clame qu’il va procéder à une réforme structurelle, juste et courageuse. Monsieur Petit-bras additionne des réformettes associant un allongement de la durée du travail et des cotisations supplémentaires, avec un seul aspect positif, qui serait la prise en compte de la pénibilité. Le tout est dissimulé sous un nuage de mensonges d’une épaisseur telle que l’observateur le plus aveugle doit le considérer comme un phénomène assez rare de la météorologie politique.
On remarquera d’abord que l’évidence démographique de l’allongement de la durée de la vie sur laquelle la majorité précédente s’arc-boutait pour justifier ses propres réformettes et que la gauche contestait jusqu’au lendemain de sa victoire est désormais acceptée par elle de même que l’âge légal de 62 et non plus 60 ans pour le départ en retraite. Premier mensonge ! Ensuite, il ne s’agit pas d’une réforme structurelle. Deuxième mensonge ! Par définition, celle-ci ne peut consister dans le glissement de quelques curseurs, mais doit résulter d’un changement de la structure même du système, de son financement et de l’organisation de l’accès à la retraite. Le passage de la répartition à la capitalisation serait une réforme structurelle. Sans aller jusque là, le modèle suédois des “comptes notionnels” offrait sans doute l’alternative la plus intelligente d’une réforme “structurelle” de notre système, lequel obtient un nouveau sursis, mais ne parvient pas à un régime pérenne, comme celui que les Suédois ont patiemment élaboré. Leur système maintient la répartition pour la plus grand part, introduit un peu de capitalisation, fixe un âge de départ relativement précoce à 61 ans, mais en mariant l’égalité, la nécessité et la liberté de façon exemplaire. Tous les Suédois peuvent prendre leur retraite à 61 ans. Dans l’année qui précède, ils sont informés de leur compte en points déterminé par leur durée de travail. La valeur du point est évolutive. Elle dépend d’une part de l’espérance de vie et d’autre part du salaire moyen. Il s’agit donc d’un mécanisme de répartition par points qui tient compte de la réalité démographique et économique : c’est sa part de nécessité. Mais le futur retraité choisit de quitter ou non son travail, en fonction de sa situation personnelle et familiale : c’est sa part de liberté. La plasticité même du système garantit sa stabilité, dans un pays où la protection sociale est financée par la consommation essentiellement avec une TVA sociale à 25% qui ne pèse pas sur l’emploi.
La prétendue réforme socialiste va maintenir et amplifier tous les inconvénients du monstre, de la chimère française, avec une augmentation des cotisations, c’est-à-dire un nouveau frein au pouvoir d’achat des salariés et à la capacité d’investir des entreprises, un accroissement de cet impôt hypocrite, la CSG, un maintien des inégalités scandaleuses et infondées entre les salariés du secteur privé, les fonctionnaires et les privilégiés bénéficiaires des régimes spéciaux. Mais ça n’empêche pas les socialistes de prétendre mettre en place une réforme juste ! Troisième mensonge ! Il semblerait que le Premier Ministre ait réussi à faire croire au nouveau Président du Medef que l’augmentation des cotisations liées à la retraite serait compensée par une baisse de celles liées à la famille. Quatrième mensonge ! D’une part, cela ne conduirait pas à un abaissement du coût du travail, mais à un maintien. D’autre part, comment seraient financées les prestations familiales ? Soit par de nouveaux prélèvements obligatoires, soit elles ne le seraient pas et ce serait un nouveau coup porté à la politique familiale qui est le seul modèle social français enviable pour les autres pays. Le bon sens voulait que la politique familiale fût financée par la TVA, augmentée en conséquence, en compensation d’une baisse des prélèvements sur le travail, avec le double avantage, à l’extérieur, comme à l’intérieur, d’améliorer la compétitivité de nos produits. Mais là encore, les socialistes ont fait le mauvais choix. Ils ont critiqué la TVA sociale, mais augmenté au 1er Janvier 2014, une TVA sans intérêt ni sur le plan social, ni sur celui de la compétitivité. Il est vrai que pour atteindre ce second objectif, ils ont instauré une usine à gaz, le crédit d’impôt pour la compétitivité et pour l’emploi. M. Ayrault évoque furieusement le Me Jacques de Molière : “Ayrault rassure” titrait un grand journal du soir, qui le lendemain disait du même qu’il mécontentait et divisait. La nuit porte conseil… Réveillé de son sommeil hypnotique de Matignon, M.Gattaz dénonce une non-réforme. La prétendue réforme des retraites est une illusion comme celle qui consiste à faire baisser le chômage de façon artificielle avec de faux emplois coûteux en dépense publique. Cela fait reculer le nombre des demandeurs d’emploi jeunes mais augmente celui des plus âgés, puisque l’emploi non-productif est toujours financé par un alourdissement des charges et des impôts. Or, les victimes du déséquilibre actuel sont précisément ceux qui atteignent la retraite sans que celle-ci corresponde à un niveau de revenus acceptable. La facilité des impôts et des charges plutôt que le courage d’une vraie réforme, la dissimulation systématique par de faux-semblants plutôt que les vrais changements dont notre pays a besoin : telles sont les pratiques socialistes dont il faut absolument nous délivrer !
Un commentaire
Excellent article qui démasque un gouvernement de manipulateurs, sans idées et sans courage, dont la principale qualité est de savoir noyer la contestation. L’Egypte et la Syrie sont habilement utilisées et le peuple… berné et anesthésié. Le gouvernement allemand ne peut s’empêcher de rire (vidéo non reprise par les médias à l’appui) quand il évoque la politique française mais reconnait que tout passe à coups d’illusions bien montées. Tout passe… jusqu’à ce que tout casse !