Cocteau le disait : “en amour, il n’y a que des preuves d’amour”. Lorsque M. Hollande embrasse, avec plus d’empressement que Valérie naguère, le leader des pigeons, on se demande si le nom du volatile ne lui inspire pas l’idée qu’on peut prendre les enfants du Bon Dieu pour des pigeons à rôtir. En l’occurrence, celui-là était voyageur et aurait pu suggérer au Président une retenue plus conforme à une fonction dont il n’a visiblement pas une idée claire. Mais l’intensité du revirement gestuel est spectaculaire et apporte immédiatement trois informations capitales. D’abord le socialisme est une ineptie économique qui mène à la catastrophe. M. Hollande l’avoue piteusement en s’orientant vers la flexibilité et l’allègement du coût du travail. Ensuite les mesures qui ont été mises en oeuvre et les discours tenus par son gouvernement et sous son autorité étaient néfastes à la santé économique du pays. Ils ont entraîné un recul calamiteux des investissements étrangers dans notre pays. Quand ceux-ci augmentaient de 11% dans le monde, ils reculaient de 77% chez nous en raison de la pression et de l’instabilité fiscales, de la complexité et de la rigueur de la réglementation et d’un discours public hostile aux entreprises. Le pouvoir s’adonne donc à une calinothérapie démonstrative et pathétique. Mais les gestes ne suffisent pas, il faut des preuves. Enfin, en révélant son ignorance et son irresponsabilité, M. Hollande perd sa légitimité réelle, celle qui repose sur l’adhésion d’une partie importante de la population. A 20% d’opinions favorables, soit par charité, soit par fanatisme, on mesure l’effondrement du soutien qui est pourtant nécessaire pour qu’un pouvoir puisse agir efficacement. Le revirement déçoit et humilie le peuple de gauche. Les réformes sociétales provocatrices et hors de propos ont mobilisé la droite comme jamais, malgré la profonde nullité de l’UMP. Les électeurs peu partisans capables d’adhérer à une politique social-démocrate responsable comme de suivre un gouvernement conservateur courageux et efficace jugent que le pouvoir actuel n’est pas à la hauteur, n’est pas à sa place, tout simplement.
Comment restaurer la confiance qui est le carburant psychologique de la croissance quand on a installé pendant deux ans la défiance des investisseurs qui lui fournissent le carburant physique, le capital ? Les paroles et les mesurettes pour éviter les accusations de trahison ne suffiront pas. Une élection présidentielle anticipée avec un Président capable, enfin, de lancer les réformes nécessaires au pays, au besoin à coup de référéndums, plutôt que de pratiquer la stupide ouverture à gauche de Sarkozy serait miraculeuse. Un changement de gouvernement, après élections législatives anticipées, serait bienvenu et donnerait d’ailleurs au Président une chance de se refaire, car les réformes créent toujours du mécontentement. La victoire de Mitterrand en 1988 et la défaite de Schröder en Allemagne le montrent bien. Un nouveau gouvernement de gauche sera insuffisant et accentuera le malaise et les divisions dans son camp. C’est pourtant ce vers quoi nous allons.
Quelles seront les armes à sa disposition ? Politiquement, elles seront limitées par la majorité elle-même en raison de ses divisions idéologiques et de son archaïsme doublé d’irréalisme sur les sujets économiques. Inexistante au Sénat, elle s’affaiblira à l’Assemblée. Après la raclée prévisible aux Européennes et, sans doute une montée de l’Euroscepticisme, les mesures d’austérité compétitive vont être redoutablement concurrencées par ceux qui prônent une libération du carcan européen. Le pays dont le redressement est le plus spectaculaire est le Royaume-Uni, hors de l’Euroland, et qui donnera peut-être le grand signal de la dés-union. Techniquement, il est évidemment trop tard pour faire croire à la stabilité fiscale. Le Premier Ministre a, au contraire lancé un grand chantier en vue d’une refonte de la dépense et de son financement. Bonne idée en 2012. Aveu d’inconduite et d’ignorance en 2014 ! On va donc en rester aux timides avancées sur le marché de l’emploi et à l’ersatz révisé “pacte de responsabilité” de la fausse TVA sociale mise en oeuvre sournoisement avec maladresse sur son assiette et mauvaise évaluation de ses conséquences. Comment va-t-on financer la politique familiale ? Qui peut croire aux contreparties ? En quoi la baisse des charges sans faire peser son financement sur les importations, contrairement à la TVA sociale, va-t-elle favoriser notre industrie qu’elle soit nationale ou étrangère implantée en France ? La création d’une agence de plus, d’un nouveau “machin”, de nouveaux fonctionnaires, et de 200 millions d’Euros de dépenses supplémentaires pour accueillir les capitaux étrangers montre qu’au-delà des gestes d’ouverture, les réflexes du socialisme technocratique restent les mêmes.
Notre gouvernement a lancé un retentissant cocorico pour saluer les 0,3% de croissance en 2013. Au Royaume-Uni qui connaît un chômage à 7,4%, c’est 1,9% de croissance ! Les investissements étrangers privilégient l’Angleterre parce que le coût horaire du travail est à 21 Euros tandis qu’il est à 32 en Allemagne et à 35 en France, essentiellement en raison du poids des charges dans notre pays. Mélenchon dit que ce n’est pas un problème. Effectivement, c’est lui qui a un problème. Mais que des “socialistes de gouvernement”, ou des gouvernants “de droite” n’aient pas vu la lumière plus tôt devrait soulever une lourde angoisse sur la qualité des politiciens français.
Un commentaire
Pour s’en sortir il devrait dissoudre et laisser faire le nouveau gouvernement, comme le veut la constitution. Constitutionnellement le président n’est pas le chef de l’exécutif, et comme il est incompétent on ne peut que s’en réjouir.