La gauche semble étonnée de l’ampleur de sa défaite. Elle avait espéré des élections purement locales, le rêve de toutes les majorités nationales en place. Elle s’accrochait aux “affaires” de l’UMP, et de Sarkozy, en particulier comme au radeau de la Méduse. Il est sûr que les Français sont dans l’attente d’un changement véritable après dix ans d’une “droite” improductive, parfois gesticulante, mais dans le fond, toujours timorée suivis de deux ans d’une gauche calamiteuse. Lorsqu’ils peuvent faire un autre choix qui ne soit pas une aventure, ils saisissent l’occasion. Mais le plus saisissant réside dans l’aveuglement de la gauche, et du microcosme médiatique qui forme une bulle autour d’elle. 2014 est la répétition de 1983, après deux ans de contre-sens politiques dans les deux cas. Les trois dévaluations de l’épisode Mitterrand avaient sonné le tocsin, dit la vérité de la politique économique suicidaire menée et contribué à remettre notre pays dans la course après l’avoir appauvri. L’Euro a cette fois interdit cet aveu et a, au contraire, accentué nos difficultés. En l’absence du révélateur de la monnaie et dans le cocon protecteur de l’idéologie dominante, le signal qui parvient directement aux Français est le chômage. Encore notre système à bout de souffle avec son matelas d’emplois publics et d’assistance sociale en atténue-t-il le bruit. Puisque la politique s’est réduite à n’être que de la communication, l’exécutif a pensé qu’il suffisait d’un signe positif sur l’emploi pour modifier le jugement des Français. C’est ce qui a justifié la focalisation sur l’inversion de la courbe du chômage. Obtenue à coup d’emplois aidés et de dépense publique, en l’absence d’une croissance suffisante pour créer de vrais emplois, elle n’aurait été qu’une coûteuse illusion, une opération cosmétique quand le malade a besoin d’un chirurgien. Les médias ont cependant participé à cette lamentable combine qui a échoué. Le médecin mortifère s’est révélé un maquilleur maladroit.
Errare humanum est. Perseverare diabolicum . Comment des gens qui reviennent périodiquement au pouvoir pour en être chassés de plus en plus brutalement peuvent-ils avoir persévéré dans leurs erreurs depuis si longtemps ? 1986, à demi sauvés par la proportionnelle, 1993, 2002… à chaque fois, en dépit de circonstances économiques mondiales plus favorables que celles affrontées par la droite, la gauche s’est systématiquement trompée et a fait chuter notre pays. Avec entêtement elle a fait le contraire de ce que faisaient les autres pays, qu’ils soient gouvernés par la gauche ou la droite : socialisme renforcé en 1981, lorsque la vague libérale se forme. Réhabilitation de la dépense publique et relance par la demande quand la compétition internationale devient plus ouverte et plus âpre en 1988. La fin du Travail est annoncée, sauf que ce sera le temps libre du chômage ! Après 1988, ce sera 1997, et la lutte finale… contre le travail. Les 35 heures et la “cagnotte” non de l’excédent budgétaire , mais du moindre déficit ! Les cigales étaient au pouvoir chez nous dans un monde qui devenait de plus en plus celui des fourmis, chinoises notamment ! Avec de tels résultats, la gauche aurait dû être privée de pouvoir pour au moins un siècle. Or, elle y est revenue, plus arrogante que jamais, sûre de ses erreurs, comme on peut parfois l’être de sa vérité.
L’explication est double. Elle réside d’abord dans ce qu’à tort on appelle parfois la droite, désespérément vide d’idées ou de véritable courage. Arrivée au pouvoir, soit elle se paralyse à la première manifestation venue, ou à la première grève suscitée dans les services dits publics, soit elle se chamaille pour le pouvoir, soit elle s’ouvre à gauche en reconnaissant la supériorité intellectuelle et morale de son adversaire ! La gauche française a manqué de Schröder et la “droite” de Thatcher ! La bourde de la dissolution du trio Chirac, Villepin, Juppé et les fausses habiletés de Sarkozy, et de son “collaborateur”, jettent une lumière désespérante sur l’offre de l’opposition actuelle. L’autre cause englobe la précédente : c’est l’insolente domination de la gauche et de ses préjugés dans l’idéologie qui domine notre pays. Même la “droite”, plus ou moins volontairement, s’y soumet. Certains avec enthousiasme, d’autres par tactique. C’est la complicité militante d’une grande partie du monde des médias et de la culture qui insuffle à la gauche politique une prétention qu’aucun succès ne conforte, mais que des échecs en série ne semblent pas entamer. Ils se sont trompés sur tout et toujours et se croient néanmoins seuls possesseurs du vrai et du juste. Manifestement, ils ne parviennent pas à comprendre, dans leur donjon, pourquoi ils sont rejetés. C’est pourtant simple : pour une grande partie des Français, ils ne travaillent dans aucun domaine à l’intérêt du pays. Qui plus est, c’est aujourd’hui, pour la première fois sans doute, l’incompétence des gouvernants qui est pointée plus encore que les idées qu’ils défendent.
Au milieu du gué, le Chef de l’Etat va devoir changer de monture. Ce sera la sanction d’une politique qui n’a pas tenu ses promesses, qui a navigué d’échecs en renoncements et en revirements, d’annonces sans réalisation en problèmes sans solution. Par exemple, on ne sait toujours pas comment financer les allocations familiales. Il manquera 10 Milliards, une fois récupéré le financement du CICE abandonné à peine lancé. Mais la solution sera peut-être en partie trouvée dans une diminution drastique des aides aux communes. Après tout, elles seront pour beaucoup dirigées par la “droite”…
Un commentaire
La raison pour laquelle la gauche domine les mentalités des politiciens et les médias est ailleurs. La gauche sociétale porte l’idéologie progressiste dont la droite néolibérale, détentrice de la puissance financière, a besoin pour faire toujours davantage de fric. Il n’y a plus de gauche ou de droite, juste du business et des relais médiatiques à base de sentimentalisme prêchi-prêcha qui servent à le développer.