Ouf ! On l’a échappé belle ! Grâce à un remarquable marqueur du Real, la République Française a infligé une cinglante défaite footballistique à l’imposante formation du Honduras d’ailleurs réduite à 10 pendant la moitié du match, non pas tant pour équilibrer les forces que pour atténuer une agressivité mal contrôlée. Gaffe quand même ! Le Honduras est l’un des rares pays à être passé du footballistique au balistique tout court. En 1969, en préparation du Mondial de Mexico, l’équipe nationale affrontait le voisin salvadorien. Au bout de trois matchs, truffés d’incidents, aller, retour, et une belle qui fut franchement moche à Mexico, patatras, la guerre ! Le Salvador, plus petit, mais plus nombreux, envahit le Honduras qui résista difficilement avec son aviation. On comprend qu’avec un adversaire pareil, notre Président ait tenu à rester à son poste, le doigt à portée du bouton et l’autre main sur le téléphone rouge. Les mauvaises langues diront que ce n’était pas du tout pour ça. Il s’agissait bien de guerre, mais purement franco-française. François Hollande a lancé sa grande offensive de printemps, celle de la reconquête de l’opinion.
Après les désastres électoraux du PS, la descente aux enfers sondagiers présidentiels, la contre-attaque est lancée. Première étape : on balance le mistigri, le maladroit Ayrault, ce chef d’orchestre spécialiste des couacs et passionné d’aviation. L’accompagnent les habitués des fausses notes et adversaires des vols, sauf lorsqu’il s’agit de ceux effectués par des gens en provenance de l’est européen. Deuxième étape : on le remplace à Matignon par le chouchou des sondages, le Sarkozy de gauche, lui-aussi enfant d’immigré des beaux-quartiers, lui aussi virtuose de l’éloquence du menton. Trois ans à Matignon, c’est comme le taureau dans l’arène. A la fin, la queue et les oreilles ! C’est ce qui a fait la différence entre Villepin et Sarkozy. C’est bien d’être populaire à droite quand on est de gauche, mais dans le triangle Marine-Sarkozy-Valls, ça ne laisse pas beaucoup d’espace au dernier ! D’ailleurs, le Président a regagné deux points et le Premier Ministre, perdu cinq (opinionway). Troisième étape : on se refait le portrait. Il y a encore un effort à faire au propre, côté vestimentaire, mais au figuré, la pose est nouvelle. On passe du fait divers à scooter à l’événement historique brillamment revisité par une mise en scène grandiose et avec des acteurs de premier plan. Pas un n’a manqué à l’appel du 6 Juin. Ils ont bien joué leur rôle. Ils se sont même parlé. Bien sûr, le film tourné, ils sont repartis se faire la guerre en Ukraine ou ailleurs, mais les images resteront. Personne n’aura l’inélégance de prétendre que la diplomatie de M. Hollande, c’est du bluff ! Mais redessiner la silhouette du Président normal, lui faire quitter la zone du banal, du médiocre, de celui qui fait honte et que l’on hue lorsqu’il veut se rapprocher ne se limite pas à le replacer en haut de la fonction, à l’international. Il faut aussi que cet homme exceptionnel capable de faire se rencontrer Obama et Poutine soit proche des gens symboliquement. Beaucoup de Français adorent le ballon rond. Il s’y connaît un peu et devient commentateur sportif, non pas des matchs amicaux de Corrèze, mais de ceux qui engagent l’équipe de France. Si elle est championne, tous les espoirs pour 2017 sont à nouveau permis. Il suffit d’être l’adversaire de Marine au second tour. En bondissant de son siège comme un cabri, lors des exploits de Zidane, un autre Corrézien, en 1998, avait amorcé la trajectoire.
Là-dessus, le Président bénéficie en outre d’un généreux concours d’idiots utiles. Sur tout l’horizon, c’est à qui va transformer l’opposition en faire-valoir du pouvoir. A l’extrême-gauche, 17% de grévistes, dont les représentants respirent une intelligence et une ouverture d’esprit dignes d’une parodie à la Coluche, s’entêtent à pourrir la vie des Français, sans la moindre raison valable. Ils menacent le sacro-saint Bac et l’avenir des gosses ! Presque aussi grave qu’une grève de la télé, un soir de mondial ! Le Président va pouvoir montrer sa fermeté inaltérable. La loi sera votée ! Non mais ! Au centre-droit, pas le temps de s’occuper de foot ! C’est plutôt la mêlée pour savoir qui va sortir le ballon. Certains demandent au gouvernement de négocier : Estrosi-Mélenchon, même combat ! D’autres rappellent que la “droite” avait voté une loi sur le service minimum, qui avec une folle audace stipulait de ne pas payer les gens qui ne travaillent pas et emmerdent ceux qui essayent. Et même plus à droite on a mis à recuire une querelle familiale. Tout “benef” pour le Président ! Il faut maintenant que la France gagne ses matchs, et ça redevient jouable !