Lorsque l’on regarde le vide et qu’on se dit qu’on pourrait tomber de haut, on ressent un malaise qui s’appelle le vertige. Lorsqu’on a reçu une éducation française classique dans les années 50 et 60, on peut difficilement échapper à ce malaise en regardant la France. Baverez parle de la France qui tombe. Dès les années 70, la France a quitté les 30 glorieuses pour les 30 piteuses, bientôt 40 calamiteuses, avec leurs déficits en tout genre, leurs records humiliants et la collection de mauvais choix faits par des gouvernants que leurs collègues du monde entier considèrent avec étonnement. L’héritage était suffisamment coquet pour que sa dilapidation ne se voit pas trop vite, la réputation assez honorable pour ne pas effaroucher les prêteurs. C’est fini ! Notre coq a du plomb dans l’aile à défaut d’en avoir dans la tête. Ce symbole, heureusement non officiel, fier et ombrageux, n’est pas très malin. C’est sur ce dernier point qu’il touche au réel. A force d’additionner les contre-sens, de la dépense publique absurde jusqu’à une durée et un coût du travail suicidaires, l’intelligence de nos brillants dirigeants suscite le doute. Il nous reste la fierté symbolique, celle que l’on puise dans l’histoire, dans la culture, dans les valeurs, là où notre “Président” veut trouver la voie de la reconquête.
Mais il faut éviter que le symbole soit lui aussi un contre-sens. La Grande Guerre ne peut plus être commémorée comme victoire de la France sur l’Allemagne. La France a sauvé sa liberté. Elle a retrouvé son intégrité territoriale. Elle a consenti le plus lourd sacrifice humain de son histoire. Voilà ce qui doit être rappelé. Si la France est la même, l’Allemagne a changé comme son drapeau. Le jaune a remplacé le blanc, la République Fédérale, l’Empire. Ce n’est pas cette Allemagne qui nous a envahis à trois reprises. Elle se contente, étant devenue pacifiste, de nous envahir de ses produits. Amitié, donc, mais sans excès. Associer l’Allemagne au 6 Juin, ou à la commémoration de la guerre 14-18 n’a aucun sens. Le 14 Juillet prochain, on fera plus fort. Pour célébrer le souvenir de 1914, on invite les représentants de tous les pays qui ont participé à notre effort. Parmi ceux-ci, deux pays dont les drapeaux actuels sont ceux des mouvements qui ont combattu la France et obtenu leur indépendance au prix de milliers de morts français, évidemment négligeables. Quelles que soient nos relations avec le Viet-Nam, la dictature communiste qui y règne n’a aucun lien avec le 14 Juillet. Sa présence est une insulte à la mémoire des prisonniers français morts de manière atroce dans les camps viet-minh après Dien-Bien-Phu. Les héritiers des combattants vietnamiens de l’Armée Française se sont battus dans l’armée du Sud-Viet-Nam, pas pour le communisme contre le monde libre. De même, les soldats venus d’Alger, de Constantine ou d’Oran n’étaient pas les ressortissants d’un pays qui n’existait pas encore. Parmi eux, comme plus tard en 1943, il y avait majoritairement des Pieds-Noirs, qu’on passe sous silence. A leurs côtés, il y avait les Français Musulmans, engagés ou supplétifs qui ont ensuite choisi la France. Le drapeau algérien est celui que les uns et les autres ont combattu, et pour lequel nombre des leurs ont été massacrés : des dizaines de milliers de Harkis, des milliers de Pieds-Noirs, à Oran notamment, en Juillet 1962. Comme l’Allemagne, l’Algérie d’aujourd’hui n’est plus la même qu’en 1914. Départements français alors, elle est devenue un pays indépendant, avec lequel nous devons avoir des rapports apaisés et même coopératifs, par réalisme. Mais ce pays est bien celui qui célèbre la guerre contre la France, cultive l’ingratitude et exige la repentance, celui, enfin, d’où ont été chassés des centaines de milliers de nos compatriotes qui avaient contribué à le construire. L’exposition outrancière de son emblème en toutes occasions n’est pas exempt de provocation. Il n’était nullement légitime de l’officialiser. L’un des grands vainqueurs de 1918, le Maréchal Franchet d’Espérey, né à Mostaganem, n’aurait sans doute pas apprécié.
Il y a dans l’attitude de nos dirigeants à l’égard de ces blessures non refermées comme de l’indifférence, voire du mépris pour tous ces jeunes Français, que leurs prédécesseurs ont voués à une mort inutile. Peut-être est-ce là la grande imposture contenue dans cette manière de célébrer le 14 Juillet, la grande hypocrisie d’un Fabius faisant l’éloge de Giap, sans un mot pour ses victimes. Cette lecture paradoxale de notre histoire n’est pas seulement une trahison idéologique en faveur de l’anticolonialisme à l’encontre du patriotisme. C’est aussi un calcul électoral, dénué de fierté, en direction des minorités immigrées. Notre pays est aujourd’hui le théâtre de “faits divers” qui montrent combien son “ouverture” peut se faire au détriment des nationaux, de ceux qui portent le plus les valeurs de notre pays. Ce sont les “Paras” de Carcassonne agressés par des supporters lors de la qualification de l’Algérie pour les huitièmes de finale du Mondial. C’est Jérémy Mortreux, ce militaire français assassiné à Digne par des récidivistes, “réfugiés” bosniaques. Ce sont les deux officiers légionnaires attaqués à Calvi. C’est l’institutrice poignardée mortellement à Albi devant sa classe. Mais qu’est devenue la dignité de la France ? Elle accepte sur son sol de prétendus bénéficiaires d’un asile sans objet puisque l’intervention militaire à laquelle la France a participé a rétabli le Droit dans leur pays et ceux-ci la remercient en assassinant un de nos soldats ! Elle offre aux immigrés des conditions d’enseignement dont le coût et la qualité sont sans équivalent chez eux et les violences envers les enseignants se multiplient !
Respect est un mot brandi par des individus qui parfois ne le méritent guère. On doit s’interroger sur le manque de respect que subit la France sur son propre sol, sur son impuissance à se faire respecter et sur le manque de fermeté des dirigeants de notre pays pour exiger qu’on le respecte. Mais, c’est peut-être qu’eux-mêmes ne sont pas très respectables !
2 commentaires
Je pense que l’on en revient toujours au même point. Tant qu’il n’y aura pas d’obligation de résultat de la part de toute la classe politique, avec la possibilité de se faire évincer ou limoger, dans le pire des cas, nous continuerons à écrire pour dénoncer. Imaginons nous notre temps économisé pour démontrer que la France pourrait être autre chose ! Non ?