Le cinéma politico-social français joue toujours le même film. Seuls les acteurs changent. Le scénario est archi-connu. Un syndicat aux idées archaïques d’extrême-gauche s’octroie une légitimité fondée sur l’abstention de nombre de ceux qu’il prétend représenter. Il se dresse contre le pouvoir politique constamment englué dans des questions où il ne devrait même pas intervenir. Mais en France, l’Etat tout-puissant doit être partout et toujours. La revendication s’appuie sur trois motifs inscrits tellement dans nos habitudes idéologiques que même la droite s’y laisse aller. Il y a un “modèle” français. Ce modèle est d’ailleurs paradoxalement une exception que le monde entier nous envie bien que, bizarrement, il ne nous imite pas. Il consiste, deuxième idée, à offrir aux Français le bénéfice d’un Service Public dans de nombreux domaines en prenant davantage en compte l’intérêt des bénéficiaires et la satisfaction idéologique que son coût pour la collectivité. Enfin, s’il connaît des échecs, c’est uniquement en raison du manque de moyens consentis par l’Etat qui trahit sa mission alors que ses ressources sont comme chacun sait, inépuisables. Sud-rail, la CGT des intermittents, et aujourd’hui l’UNEF campent sur cette position: même combat pour défendre un système qui fait tomber la France.
Déficits à la SNCF comme dans les universités, résultats calamiteux pour le fret ferroviaire, échecs trop nombreux dans le parcours des étudiants, et cerise sur le gâteau : une hypocrisie qui consiste à défendre au nom de la “gôche” des situations totalement inégalitaires en faveur des retraités du ferroviaire dans un cas et en défaveur des étudiants qui vont se perdre à l’université sans avoir les prérequis nécessaires dans l’autre.
L’UNEF vient donc d’épingler 42 universités qui auraient appliqué une sélection et imposé des frais aux étudiants au mépris de la loi. Le syndicat étudiant réclame 1,6 Milliard d’Euros à l’Etat pour que “le service public puisse fonctionner normalement”. Le mot est juste. Elles ne fonctionnent pas normalement. Mais ce n’est pas parce qu’elles manquent d’un argent public devenu plus rare. Elles sont prisonnières d’un système absurde et hypocrite dont la réforme Pécresse est loin de les avoir délivrées. L’Université est en France un gros mensonge, renforcé et fossilisé par les événements de 1968, et la peur des gouvernements de droite devant l’agitation “étudiante”. La mort de Malik Oussekine en 1986 pèse encore aujourd’hui. L’université devrait être le sommet de la formation, réservé d’entrée aux étudiants les plus capables d’autonomie, possédant les prérequis indispensables pour une filière, et en outre animés par une motivation forte. La sélection par concours ou sur dossier et entretien devrait prévaloir au nom du bon sens. Un mélange d’idéologie et de tartuferie impose au contraire la non-sélection et l’accès de tous les titulaires de baccalauréats dont le taux de réussite démagogique ne fait plus un critère sérieux. M. Hamon a tenu à proclamer à nouveau le dogme de l’égal accès pour tous. L’absurdité de ce système a des conséquences catastrophiques : encombrement de certaines formations privées de débouchés au détriment de la qualité de l’enseignement et taux d’échecs inacceptables en licence, compris entre 50 et 90%. La sélection par l’échec tardif est la plus contraire au principe démocratique de l’égalité des chances et au principe républicain de la reconnaissance des mérites.
L’université est victime d’une double hypocrisie. D’une part, le système éducatif, le fameux service public, sait très bien que l’essentiel est ailleurs. En France, un étudiant à l’université ( filière longue) représente un coût annuel de 8000 Euros, contre 10170 pour un lycéen et 13000 pour un étudiant en filière courte d’IUT. Le taux de l’encadrement l’explique, ce qui devrait obliger à réserver ce type d’enseignement à un petit nombre, aux meilleurs, ceux qui vont s’inscrire dans les Grandes Ecoles, après concours. Alors, sournoisement, les universités sélectionnent, en douce, en faisant valoir leurs capacités d’accueil. Le comble de l’injustice est atteint lorsqu’elles limitent le recrutement par tirage au sort. La loterie aveugle a pris le pas sur le mérite républicain dans un pays que les idées de gauche rendent loufoque. C’est pourquoi le Président de la Conférence des Présidents d’Université suggère l’instauration d’une orientation active, afin d’habiller d’une formule politiquement correcte une sélection nécessaire dans l’intérêt même des étudiants. C’est pourquoi le Président de l’UNI souhaite une opération vérité qui consisterait à remettre en cause le tabou de la non-sélection et à rendre transparentes et légales des mesures incontournables.
Comme le service public doit être gratuit, et que les universités manquent de moyens, certaines d’entre elles tentent subrepticement de faire payer certaines prestations. C’est évidemment illégal. Mais surtout, il est stupide de considérer que la formation supérieure des individus soit un service public. L’étudiant tirera un bénéfice personnel d’études réussies et il pourra d’ailleurs exercer ses talents à l’étranger. Le service public aura même été carrément nuisible lorsqu’il aura financé l’échec prévisible d’un étudiant qui aura perdu inutilement son temps. C’est pourquoi il doit se limiter à soutenir des formations indispensables au pays, à sa recherche, à sa compétitivité et à son rayonnement en tenant compte en amont de la capacité des étudiants à aborder une formation et en aval des débouchés de celle-ci. Que les étudiants s’impliquent dans le financement de leurs études notamment par le biais d’emprunts ou qu’ils soient soutenus par des bourses fondées sur leurs aptitudes éviterait le tourisme universitaire. On prendrait là le chemin salutaire que Kennedy montrait aux Américains en leur disant qu’ils devaient se demander ce qu’ils pouvaient faire pour leur pays plus que ce que leur pays pouvait faire pour eux. Le discours compassionnel et victimisant qui règne à droite comme à gauche accompagné par les larmes de crocodile de ceux qui profitent du système a tendance à faire des Français les assistés de l’Etat. Ce discours et ceux qui le propagent tuent notre pays.
8 commentaires
” La mort de Malik Oussekine en 1986 pèse encore aujourd’hui. ”
Bien plus que les meurtres de commerçants braqués par des malfrats souvent issus de la “diversité”.
https://www.youtube.com/watch?v=LZPT5_k5Al4
Une petite provoc? pas tant que ça tant cela m’ulcère de voir trop de gamins “rois”! j’ai beau être surtout à gauche, ce n’est la gauche laxiste mais celles des valeurs méritoires de la République!
Il n’ a pas qu’en ZEP urbaine ou rurale…combien de petits chéris sont allergiques à la contrainte et aux frustrations? j’en ai un dans la famille, enfant unique ultra gâté, habillé comme un sapin de Noël (que des marques), qui ne pense qu’à jouer et là il est ultra réactif.
Par-contre, dès qu’il s’agit d’étudier ou de bosser “manuellement” à la maison…il a toutes sortes d’excuses, depuis la dyslexie jusqu’au poil dans la main, pardon une fatigue excessive 🙁 il ne faut pas l’envoyer en colonie (à 14 ans il est toujours accroché à sa “môman” laxiste, alors chez les boys-scouts ce serait traumatique! pourtant, je lui ai dis que je devenais riche, non il n’aurait pas le dernier scooter mais un stage en Afrique auprès de gamins qui n’ont rien mais qui cherchent à étudier, et pendant ce temps fini les sucreries, les marques, la télé lobotomisante, les jeux vidéos, etc…1 mois c’est pas la mort non?
Je serais prête à payer plus d’impôts pour envoyer ces enfants-rois, devenus aussi capricieux que les petits Chinois issus de la politique forcée de l’enfant unique, dans des pays qui provoqueront un électrochoc salutaire chez eux. Parce que voyez-vous, quand on leur demande ce qu’ils veulent faire plus tard? JOUER!! mais encore quel métier?? prof de sport (filière ultra bouchée où il faut quand même bac +3 et peut-être +5 comme les profs d’école primaire), sinon filières psycho-socio même avec un bac pro…du grand n’importe quoi, une perte de temps et d’argent et quels salariés ensuite???? ça promet!!!
Désolée d’en rajouter une couche, quoique….
Je suis peut-être naïve mais dites-moi pourquoi ces gamins dont j’ai donné un exemple même pas caricatural tant il y en a, ne sont pas orientés le plus tôt possible vers l’apprentissage? je sais bien qu’il y a une gauche dont je suis peu fière (celle du nivellement par le bas) mais quand même, l’ensemble de la société a son mot à dire! je ne comprends pas pourquoi on laisse des gamins très limités, non pas déficients, mais limités par le fait d’être sur-protégés/gâtés, aller dans des filières générales puis à la fac où ils vont s’ennuyer en cours (mais pas en dehors!) et surtout ennuyer ceux qui veulent y arriver 🙁 et le pire, c’est qu’un certain nombre sont boursiers et ne fichent rien!
Le gamin dont je parle ne cherche pas à lire, s’instruire, etc…en dehors des devoirs obligatoires. Comment entreprendre des longues études si le système ne le fait pas redoubler, ne le responsabilise pas, ne le discipline pas ??? je lui ai dit que dans son département rural, lui qui veut travailler au grand air, les filières professionnelles ne manquent pas : agriculture, artisanat. Mais ce n’est pas “fun” pour lui, pas autant que prof de sport 🙁
Je préfère le système allemand où le lycée est d’excellence et à côté il y a un lycée pour les moins bons mais avec des passerelles, comme ça la seconde chance existe mais quand on veut bien se donner la peine.
@ Carole:
Puisque vous êtes une scientifique de gauche, que pensez-vous de cette constatation: sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, 53 Députés et Sénateurs socialistes siégeaient sans aucun problème au Parlement parce qu’ils avaient été condamnés par la justice pénale à une peine en sursis.
En revanche, tous les ministres ou conseillers politiques soutenant le président de la république Nicolas Sarkozy pendant son mandat ont été condamnés à une peine ferme, convertissable en peine d’inéligibilité en appel.
Cette attitude des magistrats consistant en des représailles sur les amis de Nicolas Sarkozy est une adaptation aux méthodes nazies.
@ Carole: J’ai volontairement utilisé l’adjectif indéfini “tous” car moins de 53 ministres et conseillers politiques ayant soutenu le président de la république Nicolas Sarkozy durant son mandat ont été condamnés pénalement.
Lu sur http://www.tahititoday.com/ :
“Une information, pourtant, va achever de jeter le discrédit sur les intentions des détracteurs de Nicolas Sarkozy. Valeurs actuelles peut en effet révéler que les deux journalistes ont bénéficié d’un rendez-vous à l’Elysée, le vendredi 3 octobre à 19 heures, soit trois jours avant la parution de leur premier article. Contacté par Valeurs actuelles, la présidence de la République n’a pas répondu à notre demande de confirmation. Le lundi 6 octobre, jour de parution de leur « enquête » sur Bygmalion, et veille de leur article sur le « kazakhgate », Davet et Lhomme sont reçus à 12h30 au ministère de la Justice. « C’est tout à fait vrai », répond la Chancellerie à la demande de vérification de Valeurs actuelles, précisant que la place Vendôme reçoit « les journalistes qui font des demandes régulières ». Enfin, et c’est le rendez-vous le plus surprenant : ils sont reçus le lundi 6 à 15 heures au Pôle financier, lieu en théorie impénétrable par des journalistes puisque les dossiers sensibles qui y sont traités sont protégés par l’ « inviolable » secret de l’instruction. Dans leurs enquêtes publiées après ces trois rendez-vous, Gérard Davet et Fabrice Lhomme feront notamment état d’informations que seuls les juges du pôle financier peuvent avoir : documents de travail des juges, procès-verbaux des enquêteurs de la Police judiciaire et récits d’auditions de protagonistes de l’affaire Bygmalion.
Pourquoi ces trois rendez-vous dans la même journée ?
Si on ne connait pas la teneur des échanges qui ont eu lieu entre les deux journalistes et leurs interlocuteurs à l’Elysée et au ministère de la Justice, on sait en revanche que les journalistes, ont bénéficié de la violation du secret de l’instruction pour publier deux enquêtes, quelques jours plus tard. L’Elysée et la Chancellerie étaient-elles au courant du rendez-vous au pôle financier et des articles qui allaient être publiés dans Le Monde trois jours plus tard ? Quel juge du Pôle financier a reçu les journalistes ? On ne le saura peut-être jamais. Une seule certitude, les enquêtes publiées par Gérard Davet et Fabrice Lhomme ne peuvent avoir été conduites qu’avec l’aide de juges qui, cherchant à nuire au retour de Nicolas Sarkozy, sont prêts à violer impunément la loi.”
La loi du silence règne chez les juges, comme dans toute mafia !
Euh Thibault, j’aurais préféré des réponses sur mon sujet plutôt que sur la politique politicienne qui m’exaspère au plus haut point, droite et gauche confondues! pourquoi un tel dualisme (je rêve d’un grand centre de bonnes et honnêtes volontés) et de tels dysfonctionnements de part et d’autres?? qui se frotte les mains à part les extrêmes dont la France cultive le particularisme : une droite extrême et une gauche extrême dignes du siècles dernier. Au moins, quand on avait Marchais et Krasucki + Lepen, ça donnait du spectacle plus ou moins hilarant mais maintenant fini de rire, on vit une époque particulièrement propice aux pires explosions de ras le bol.