L’Automne va bientôt arriver avec ses odeurs de feuilles mortes détrempées par les pluies. Pour l’instant, ça sent la rentrée, ça s’agite dans le microcosme politique. Il y a ceux qui reviennent de loin, comme Juppé, ceux qui sortent des bouquins comme Duflot, ceux qui font semblant de sortir comme Mélenchon, ceux qui sont des spécialistes des “sorties” verbales comme Montebourg… Mais toutes ces sorties sont des façons d’entrer en scène pour le spectacle de l’année politique, qui se déroule comme l’année scolaire et la saison théâtrale de Septembre à Juin, avec la Récréation ou l’entracte, comme on voudra, de la trêve des confiseurs. Ce petit monde cherche à attirer lumière, micros et caméras pour exhiber un nombrilisme associé à une médiocrité qu’on ne trouve nulle part ailleurs.
Depuis 1974, la France n’a plus voté un budget en équilibre. Depuis 1981, la gauche s’est évertuée à lui tirer des balles dans les pieds, avec toutes les armes possibles de l’économie, de l’immigration, de la famille, de la sécurité, et ce qu’on appelle la droite, qui elle-même n’aime pas être appelée ainsi, a tenu à confirmer son manque de courage et de volonté. Depuis 2002, notre commerce extérieur est en déficit. Bref, un pays miné par le chômage, en perte mortelle de compétitivité, rongé par une délinquance de plus en plus violente, et qui se flatte de perdre son identité, aligne des résultats exécrables qui en font l’Homme malade de l’Europe. Mais cela n’empêche nullement notre petit monde de venir faire son numéro d’avant-scène tellement persuadé qu’il éveille encore de l’intérêt. Il y a un grand absent, c’est le souci du Bien Commun ou de ce que le Général appelait l’intérêt supérieur de la Patrie. Non, chacun n’a qu’une idée en tête : son plan de carrière, remplacer le calife (tiens ?) ou au moins exister en face de lui.
Les procédés sont divers. Juppé joue la posture. Il fait des défauts de son âge et de sa psychologie des atouts indiscutables. Loin de l’agitation parisienne, le Maire de Bordeaux a quand même daigné quitter un peu le char municipal bordelais pour participer au sauvetage de l’UMP, et serait prêt à l’abandonner pour conduire celui de l’Etat. L’âge donne l’expérience et calme les ambitions. La froideur inspire davantage le sentiment de la sécurité que l’agitation, fût-elle parfois talentueuse. En face de Marine Le Pen, le candidat le plus à gauche de la “droite” sera le meilleur. Bayrou l’a bien compris qui se voit déjà à Matignon. Sarkozy slalomant entre les affaires, allant d’un concert de son épouse à une conférence, aura bien du mal malgré l’enthousiasme et la nostalgie des militants à convaincre les Français qu’il a une fois encore “changé”. La France aura été si loin dans l’incompétence et l’irresponsabilité des politiques, qu’un énarque apparemment sérieux, qui a été Premier Ministre, et a payé assez cher sa fidélité à Chirac, que le Maire d’une grande ville, élu et réélu y compris par des électeurs de gauche, pourra bien être l’homme qu’il lui faut. La dissolution, la plus belle boulette de notre histoire récente, est oubliée. Mais d’ici là, il y a le parti et ses primaires, aux antipodes d’une conception gaulliste de la Présidence de la République. L’alternance raisonnable entre deux partis offrant vraiment une alternative comme au Royaume-Uni a été manquée puisque la droite a toujours refusé d’être elle-même. Il faudra donc revenir malgré le quinquennat à une élection plus conforme à l’esprit de la Ve République. Les Français élisent une personne, non un parti.
Mais, justement, l’une des idées sorties pour la rentrée par les agitateurs, le gauchiste des catacombes Mélenchon et le révolutionnaire mondain Montebourg, c’est la nécessité d’une VIe République, comme si la France depuis qu’elle a coupé en deux son Roi n’avait pas collectionné les régimes et additionné les réformes constitutionnelles comme une vulgaire république bananière ! Les pays sérieux n’agissent pas de la sorte. Les Etats-Unis n’ont qu’une Constitution, amendée avec prudence, depuis l’Indépendance. Les Britanniques n’en ont pas, ce qui leur donne une grande souplesse, mais ils ont le même régime, adapté au temps avec empirisme, depuis la fin du XVIIe siècle. La France est confrontée à une situation catastrophique en raison de l’absence de compétence et de courage de sa caste politique, non parce que sa Constitution est mauvaise. Cette idée de VIe République est un leurre, un gadget, un alibi, bref un moyen d’échapper à ses responsabilités !
Dans cette concurrence médiatique des frivolités rivales, Mme Duflot emporte le pompon haut la main. Elle signe son retour sur la scène en parachevant son personnage. On commence par fonder son activité politique sur une escroquerie intellectuelle qui consiste à camoufler de vrais gauchistes en faux défenseurs de la Nature. On obtient ensuite des responsabilités qu’on n’a pas la compétence d’assumer. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’une géographe qui situe le Japon dans l’hémisphère Sud ait été comme le dit Valls le plus mauvais Ministre de l’équipe Ayrault, et que sa loi Alur soit une catastrophe pour la politique du Logement. Elle y ajoute avec beaucoup d’élégance un crachat vengeur dans la soupe. Lorsqu’un politicien privilégie à ce point sa place dans un parti et sa petite personne par rapport à l’honneur de servir la Nation, il a le mérite de montrer que notre problème tient moins à la Constitution qu’à la qualité de ceux qui nous dirigent.
Pendant ce temps, le Président a fait une sortie à Mayotte, un département avec 40% d’immigrés clandestins où on l’acclame. Le rêve !
2 commentaires
Je comprend votre analyse de la situation France, la critique de nos pauvres politiques, mais ce mal comment envisagez-vous l’enrayer, qui de tous vos collègues politiques aura le courage de prendre les vrais décisions, les grandes réformes sociales, administratives, économiques qui nous sont maintenant indispensables ?
Qu’elle est ce super responsable qui osera affronter les syndicats, les associations protectrices des privilèges acquis et maintenant immuables, qui sera assez fort pour supporter et s’accompagner d’une équipes incorruptible et décidée à affronter l’opposition gaucho?
Vous posez la bonne question. Mon expérience politique suscite chez moi un pessimisme difficile à cacher. J’ai beaucoup critiqué la politique menée par mes “amis”, mais en espérant que l’un d’eux serait le bon. Franchement, depuis Pompidou, et je n’étais pas assez proche du pouvoir pour en juger correctement, je suis allé de déception en désillusion. Chirac, Balladur, Sarkozy… Aucun n’a eu la lucidité, le courage, l’intelligence nécessaires pour enrayer le déclin du pays. J’espère un ou une “Thatcher” en France, mais je ne le vois pas. Le système et ses lobbys ont pris soin d’éliminer tous ceux qui pouvaient participer à ce redressement. Il faudrait un séisme pour changer non pas la Constitution, mais la caste et les partis qui s’en sont emparés. Il se peut que cela se produise dans l’année qui vient lorsqu’un grand nombre de Français ne supporteront plus d’être dirigés et représentés aussi mal.