L’écologie est un merveilleux alibi pour les politiciens. Vouloir sauver la planète ne peut que rendre sympathique. Loin des conflits armés, des polémiques viciées par l’idéologie et les rivalités personnelles, la lutte contre le réchauffement climatique n’a pour ennemies que la mauvaise volonté et l’ignorance, elle rassemble les Etats dans une croisade universelle et permet à chacun de faire assaut de conviction et de dévouement. En s’y engageant, sinon super-héros, le politique peut à nouveau jouir du respect des foules. Notre Président en a fait son cheval de bataille, le Saint-Père a rédigé une encyclique, et le Président Obama lui-même va participer à une émission de télé-réalité pour montrer à la face du monde à quel point il s’implique. Que l’Eglise veuille prouver qu’elle mesure les enjeux de l’époque et qu’elle s’ouvre aux débats les plus larges qui touchent au Bien Commun de l’Humanité est compréhensible. Elle est là pour faire prendre conscience plus que pour agir, puisqu’elle ne détient plus de pouvoir temporel. Le temps compte moins pour elle que pour les gouvernements éphémères soumis à réélection. Or chacun sait que les enjeux de l’environnement et du climat sont à long terme, même s’il est nécessaire de s’en préoccuper le plus vite possible. Chirac avait perçu l’intérêt tactique de la question en déclarant à Johannesburg, en 2002 : “notre maison brûle et nous regardons ailleurs”. On pourrait aujourd’hui retourner la phrase comme un gant.
Les Etats-Unis ont relancé en partie leur économie grâce au gaz de schiste et au pétrole bitumineux. Non seulement, les conditions d’extraction sont écologiquement risquées, mais la baisse du prix des carburants va entraîner une surconsommation. Aussi peut-on considérer la gesticulation actuelle du Président américain comme une supercherie destinée aux gogos. Reagan était passé du cinéma à la politique. Obama a fait entrer la politique au cinéma. De plus, tandis que ses avions font semblant d’attaquer l’Etat islamique, le feu, celui de la guerre, embrase les rivages de la méditerranée, l’intérieur de l’Afrique, entraîne des massacres dans une large partie du monde musulman, condamne de nombreux humains à la misère ou à la migration. Mais Obama regarde ailleurs, vers le réchauffement climatique, renversant curieusement la formule de Chirac. Les Chinois dont l’économie vacille n’ont pas renoncé au charbon qui pollue leur atmosphère. Les Japonais à la croissance flageolante vont continuer à utiliser le nucléaire. Certes les Allemands l’ont abandonné, mais c’est pour revenir aux sources d’énergie fossiles qui participent au réchauffement climatique alors que le nucléaire est neutre sur ce plan. Le monde s’intéresse peu, en dehors des discours à la maison qui brûle.
Les Français offrent comme d’habitude un exemple caricatural de la supercherie écologique. Chez nous, le débat est entièrement récupéré par les chorégraphies politiciennes.Au premier rang du ballet figure François Hollande “qui se verdit” comme l’écrivait récemment L’Express. L’économie française amorce une croissance molle liée à des facteurs extérieurs, comme la baisse des prix de l’énergie. L’Europe n’en a fini ni avec ses problèmes monétaires, ni avec les migrations. Les rives sud et est de la méditerranée proches de la France sont à feu et à sang, mais l’essentiel réside dans la “Conférence Mondiale des parties à la Convention cadre de l’ONU portant sur les changements climatiques” qui aura lieu à Paris entre le 30 Novembre et le 11 Décembre, la COP 21 : à temps pour qu’on s’en souvienne en 2017 à travers l’image planétaire du Président, mais avant que cela ne sente trop la campagne. La Loi sur la Transition énergétique qui vient d’être promulguée compléte la cohérence du message. Cette loi bavarde fixe des objectifs à long terme, saupoudre la vie quotidienne des Français avec les recettes habituelles d’incitations et de contraintes. C’est une loi symbolique qui veut attribuer à notre pays une réputation exemplaire. Comme si les mesures modestes d’un pays qui contribue déjà très peu au réchauffement climatique pouvaient avoir le moindre effet sur la planète !
Mais ces enjeux intéressent médiocrement le parti qui porte l’étendard de l’environnement. Europe-Ecologie-Les Verts songe avant tout à ses luttes internes, aux places à préserver ou à conquérir. Cet esquif qui a permis l’élection d’un certain nombre d’extrémistes de gauche dans notre pays veut continuer à flotter et il se demande qui va l’y aider. Certains se tournent vers le Front de gauche de Mélenchon et du PC, pour s’éloigner du bateau socialiste “macronisé”, avant qu’il ne coule, lors des régionales. D’autres préfèrent abandonner la coque de noix en perdition pour rejoindre l’escadre gouvernementale où il y a malgré tout plus d’avenir, des ministères vacants par exemple.. C’est ce qu’on fait Jean-Vincent Placé et François de Rugy prenant leurs distances avec les alliances gauchistes envisagées. On ne peut leur en vouloir. La lutte pour la survie doit commencer par soi-même.
Un commentaire
Si Placé avait réussi à obtenir la seule chose qui l’intéresse “un Ministère”,il serait toujours présent au sein du gouvernement socialiste…..Il n’est pas plus VERT que moi je suis ROSE !