L’illusion “Obama” se dissipe avant qu’il ne quitte la scène. Le microcosme médiatique français n’a cessé de le porter au pinacle. Les politiciens de notre pays à droite et à gauche ont sombré dans l’Obamania dont le comble a été atteint avec son “Prix Nobel de la Paix” décerné prématurément par ses amis sociaux-démocrates norvégiens. Sous des dehors de bon mari et père de famille attentif, d’américain moyen proche des gens, Obama a été le vecteur d’une idéologie camouflé en icône. Après l’héritier d’une dynastie pétrolière texane, façon Dallas, doublé d’un conservateur va-t-en-guerre, la silhouette élégante, la démarche souple et un certain sens de la formule du premier “noir” élu à la Présidence des Etats-Unis avaient séduit. Avec lui, l’Amérique qui avait menti, qui avait répandu la guerre, qui faisait peur laissait place à un pays exemplaire. Le mandat précédent avait commencé par une catastrophe politique avec les attentats du 11 Septembre, s’est poursuivi avec l’ouragan Katrina en 2005 et s’est achevé par un désastre financier avec la crise des subprimes et la chute de Lehman Brothers en septembre 2008. Il n’était pas difficile au nouveau Président d’incarner une nouvelle Amérique. Avec lui, elle tournait la page de la discrimination raciale dont les habitants afro-américains de la Nouvelle-Orléans avaient pointé la persistance. Avec lui, à la réponse guerrière de l’Administration Bush succédait une extension pacifique de la démocratie. Avec lui, et sa promesse d'”obamacare”, les Etats-Unis ouvraient une ère de solidarité sociale à l’égard des plus démunis. Avec lui, enfin, après la crise et la montée du chômage, l’Amérique retrouvait la voie de la prospérité.
Certes, malgré le ralentissement actuel, l’Amérique va mieux, avec une moyenne de 2% et plus de croissance après la récession de 2009, et un taux de chômage enviable de 5%. Mais l’exécutif n’y a que peu de part. Le Congrès majoritairement républicain l’incite à la rigueur. Néanmoins, les fondations sont fragiles. Elles reposent d’abord sur l’endettement des ménages et la dette vertigineuse du pays. La planche à billets de la Banque Fédérale fonctionne comme toujours pour produire une monnaie, celle des Etats-Unis, et un problème pour le reste du monde. Cette dynamique porte le risque de nouvelles bulles spéculatives. Elle maintient la consommation mais continue d’accroître la distance entre les plus riches et les plus pauvres. L’autre pilier réside davantage sur l’énergie que sur l’innovation. Le recours au gaz de schiste et au pétrole bitumineux avec leurs risques environnementaux a joué un rôle plus important dans le redressement de ces dernières années que la Silicon Valley. L’évolution des cours pèse évidemment sur ce moteur de la croissance.
Après une gestation très difficile, le système de l'”obamacare” a été partiellement mis en oeuvre. Ce sera le seul succès, très relatif par rapport aux promesses. 5% des Américains demeureront sans couverture maladie.
L’échec le plus cuisant s’est produit sur la scène internationale. Non seulement le “Nobel de la Paix”, qui voulait marier la démocratie et un monde musulman auquel il distribuait les marques de respect, n’a pas mis fin aux guerres, mais il les a relancées ou multipliées. L’Etat islamique a profité de son inaction en Irak, de son action souterraine en Syrie contre Bachar Al-Assad, pour s’implanter et diffuser des métastases des Philippines au Nigéria. La menace des Talibans subsiste en Afghanistan. Le désordre et la subversion qui règnent au sud et à l’Est de la Méditerranée exposent l’Europe à une vague migratoire et à un terrorisme qui ne suscitent chez le locataire de la Maison Blanche que des paroles de compassion et d’encouragement. Sa visite aux vassaux de l’Otan à Varsovie est un aveu : le Nobel de la Paix aura surtout rallumé la guerre froide contre la Russie. En envenimant au-delà du raisonnable la question ukrainienne, en poussant cette première Russie de Kiev à entrer dans l’organisation occidentale contre la Russie, en contestant le retour évidemment légitime, historiquement et culturellement, de la Crimée à la Russie, Washington veut prioritairement interdire à Moscou de jouer dans la cour des grands. L’Europe concourt malheureusement à cet impérialisme.
Enfin, la déception monte aujourd’hui dans la “communauté” noire des USA. Celui qui symbolisait la fin de toute ségrégation n’aura finalement réussi qu’à attiser les aigreurs. En stigmatisant le racisme de la police, en dénonçant “un grave problème”, Obama aura amorcé un mouvement de protestation, qui s’est traduit par l’assassinat de cinq policiers par un ancien militaire noir. La stratégie victimaire et non violente pour attirer la compassion du public par le biais des médias a été télescopée par le terrorisme qui inverse victimes et compassion. Martin Luther King a été doublé par Malcolm X. Obama, coincé entre les deux mouvements contraires a botté en touche en désignant, à son habitude, les armes comme coupable principal. C’était le seul argument de campagne qui lui restait. L’inégalité entre les noirs et les blancs aux Etats-Unis n’est pourtant pas une découverte. Elle se traduit sans doute par une justice plus sévère à l’égard des premiers. Mais, la dangerosité statistique de la population afro-américaine est un fait. Sur 165068 meurtres commis entre 2000 et 2010, on dénombre 4157 noirs tués par des blancs ( 879 sont policiers ), 37345 blancs par des blancs, 8062 blancs par des noirs, 46852 noirs par des noirs. Les meurtres interraciaux sont minoritaires, mais la surcriminalité des Afro-américains qui ne représentent que 13% de la population est avérée puisqu’ils ont été responsables de 52% des homicides entre 1980 et 2008. Elle explique en partie un taux d’incarcération de 40% et des réactions policières parfois expéditives.
L’icône communautaire aura donc déçu. Sa dénégation de la division des Américains est un aveu. Loin de les unir, en développant le thème communautaire, il aura accentué les fractures. En fait, l’enthousiasme des bobos du journalisme parisien pour le personnage réside dans le partage de l’idéologie de la nouvelle gauche. Le prolétariat industriel a diminué en nombre et n’hésite pas à voter pour la droite conservatrice car il se sent menacé dans son identité et dans son existence même. La gauche libertaire ne songe nullement à le protéger. Elle est pour la mondialisation des échanges, le remplacement des populations, la discrimination positive en faveur des minorités. Obama aura été le représentant idéologique américain “soft” de cette tendance. Son soutien au groupe de pression LGBT en est l’expression la plus révélatrice. Cette position inconfortable pour le grand allié des Saoudiens s’exprime sans détour vis-à-vis de pays moins riches et aura été imposée par le biais de la Cour Suprême aux Etats , au mépris de la démocratie. Elle l’aura largement emporté sur la défense des noirs dont la situation a peu changé.
2 commentaires
Obama est surtout emblématique des dirigeants actuels dont la caractéristique est l’inconsistance. On peut énumérer à l ‘infini leurs qualités mais l’addition de ces qualités ne fait pas forcément un homme d’État au sens réel du terme.
En France, nous avons Hollande qui à peu près du même bois c’est-à-dire du contre-plaqué. Ils sont des vedettes de la politique mais ne sont pas des Politiques au sens d’hommes aptes à diriger et à guider la Cité.
C’est Poutine qui a jeté le trouble dans cette vaste fumisterie. C’est l’homme qui était prévu mais on ne savait pas ce qu’il allait devenir. Or, lui, est un vrai chef. Obama et Hollande ne sont pas de vrais chefs ; ce ne sont que des présidents d’opérette.
Pour s’opposer au mondialisme, de vrais chefs d’État se révèlent, ceux qui sont capables d’incarner une Nation.
Un de plus qui en campagne électorale promettait de tout casser….Pareil au cinéma, ce n’est pas la couleur des acteurs qui importe, c’est le scénario !