L’Etat d’urgence a été à nouveau prolongé par le Parlement, à une large majorité. Il était difficile aux parlementaires de paraître timorés en matière de sécurité. L’extrême-gauche est seule à ne pas l’avoir voté. Mais à droite, le vote est demeuré symbolique. Les commentaires de l’opposition ont souligné que le gouvernement n’avait pas été capable d’utiliser efficacement les dispositions des lois d’instauration et de prolongation depuis novenbre 2015. Que reste-t-il d’une loi inefficace puisqu’elle n’arrête pas les attentats ? Pour Bayrou, c’est un signal. Apolline de Malherbe interrogeant Gilbert Collard résume assez bien sa pensée en disant : “l’Etat d’urgence, ça ne sert à rien, mais ça fait du bien.” C’est ce qu’on appelle en pharmacie un placebo. Le porte-parole des “Républicains” en recherche de formules a parlé de “rustines juridiques”. Le débat entre Valls et Wauquiez a été d’un meilleur niveau. Au second qui veut outrepasser les règles constitutionnelles et celles qui sont inscrites dans la loi sur l’Etat d’urgence en instaurant une détention préventive des “fichés S”, en changeant le droit, le Premier Ministre rappelle les précédents fâcheux de notre histoire avec un mot qui fait directement allusion à la Terreur révolutionnaire : les suspects. Curieux échange entre un élu de “droite” qui frôle une citation de Saint-Just en lançant : “pas de liberté pour les ennemis de la République” et un socialiste qui au lieu de reprendre la formule de “loi scélérate” de Blum stigmatise de manière allusive la loi des suspects instaurée par la gauche révolutionnaire en 1793.
Dans cette gesticulation de même que dans la polémique sur le dispositif de protection mis en place le 14 Juillet à Nice, on reconnaît la dérive du monde politico-médiatique qui ruine la démocratie. Les commentaires journalistiques privilégient l’émotion et les larmes, pointent avec délectation les défaillances, accueillent les polémiques avec gourmandise. Les politiques délaissent l’action pour la posture et la communication. Pour les uns, il fallait faire ce qu’eux-mêmes n’auraient sans doute pas fait. Pour les autres, ils ont fait mais ce qui est arrivé n’était ni prévisible, ni évitable.
L’Etat d’urgence est un état d’exception. Sa durée doit être limitée. Sa prolongation est la preuve qu’il est inopérant. Il permet des mesures qui privilégient l’action administrative par rapport à la procédure judiciaire. Il favorise la sécurité, le maintien de l’ordre public menacé de manière grave, au détriment des libertés privées : assignation à résidence, interdiction de manifester, fermeture de lieux publics, limitation à la liberté de circuler ou de séjourner, remise des armes, blocage des sites internet, et saisies sinon copies des données personnelles informatiques. Le Conseil Constitutionnel a avalisé le dispositif. Celui-ci n’est pas anodin. Mais s’il a permis des opérations utiles au début, il a perdu de son énergie en traînant en longueur. Son déploiement aurait dû permettre des opérations lourdes contre la délinquance des quartiers et les réseaux de trafic puisque le lien avec le terrorisme est désormais établi. On l’a utilisé hors de propos contre des militants écologistes, mais on a toléré des manifestations qui en détruisaient la signification et la force. Comment croire à l’Etat d’urgence quand le désordre s’installe avec Nuit Debout, place de la République, que des casseurs agressent sans vergogne des policiers, que des manifestations aux débordements violents sont tolérées ? Ces derniers jours des émeutes ont éclaté dans plusieurs quartiers du Val d’Oise pour s’opposer à une opération de la gendarmerie. Une fois encore, l’Etat a été incapable de protéger les biens privés et publics. On a tiré sur les forces de l’ordre, et on voudrait nous faire croire que l’Etat d’urgence signifie quelque chose. L’Etat d’urgence est aussi un rappel à l’ordre qui défend l’Etat de droit plus qu’il ne l’affaiblit. Lorsqu’une interpellation légale a lieu, il faut s’y soumettre sans résistance. Si un incident se produit et que l’hypothèse d’une bavure se fait jour, c’est à la justice de trancher et non à des personnes privées dont la rébellion doit être sévèrement réprimée. Tel n’est pas le cas.
Il faut donc appliquer avec rigueur toutes les dispositions de cet Etat d’exception. Faut-il aller au-delà comme le souhaitent des élus d’opposition en pratiquant des rétentions préventives de suspects, en les regroupant éventuellement dans un Guantanamo à la française, bref en outrepassant des principes juridiques aussi fondamentaux que la présomption d’innocence ? Instauré lors des “événements” d’Algérie qu’on ne voulait pas qualifier de guerre, l’Etat d’urgence est un dispositif qui a peur de ce mot. Or, c’est la situation de guerre qui justifie des mesures fondées sur une distinction que craignent les politiques. Au lieu de jouer les sémaphores et de lancer des signaux incohérents au fil de l’actualité, les élus devraient logiquement s’appuyer sur la discrimination essentielle lors d’un conflit, celle entre le compatriote et l’étranger, entre l’ami et l’ennemi qui ne peut être qu’un étranger ou un renégat. Ce principe pourrait permettre de déchoir de leur nationalité française tous les bi-nationaux coupables de sympathies avec des mouvances anti-nationales, puis de les expulser vers leur pays d’origine ou de les interner préventivement. Il resterait à traiter les “Français” qui ne semblent pas la majorité, ni même la minorité des individus impliqués dans les attentats. En ce qui les concerne, une surveillance accrue en amont et des peines extrêmement lourdes de plusieurs dizaines d’années de prison décidées par des jurys populaires en aval devraient être dissuasives.
Bien sûr cette distinction sera dénoncée comme rappelant les heures sombres de l’histoire. Il est temps de l’assumer en soulignant que, si la discrimination entre des Français et des étrangers à qui l’on n’avait rien à reprocher à l’encontre de la France était ignoble, celle qui permet de faire la guerre aux ennemis, fussent-ils déjà dans la maison, relève de la lucidité.
4 commentaires
Si une Constitution veille à la bonne marche d’un pays à la dérive , c’est qu’il est peut-être grand temps d’en changer !
LE PRIX DU SANG
Le zèle de ces « loufiats » politiques ̶ costume cravate, nœuds papillons et gros sabots ̶ , est impressionnant de culot. D’autant plus que, cette fois, rien ne les arrête !
Et, comme un malheur ne vient jamais seul, ces nouveaux évangélistes du chaos, tout occupés à faire coïncider l’inconciliable, et surtout épouvantés qu’ils sont par un futur et probable Frexit, mais aussi par cet insoutenable choix kafkaïen du : « Avancer ou disparaître », nous autorisent à conjecturer, sans jouer les Cassandre, qu’ils ne reculeront désormais plus devant aucune forfaiture antidémocratique.
Résultat : déjà hypnotisés par l’appât d’un gain pécuniaire hautement « sécurisé », lui, par leurs propres soins, et la rétine excitée par la vision « idyllique » d’un monde maniaco-oppressif, ils ne distinguent même plus entre l’arbitraire des oukases infligés au peuple et l’indignité morale de leurs privilèges…
C’est-à-dire, entre des coups de boutoir autoritaristes ̶ jusqu’ici triomphants ̶ , et le montage pérenne de « coups » juteux ; mâtinés de traîtrise sénatoriale et mis sur pied par une apostasie parlementaire, majoritairement anti-française.
Comment s’étonner, dans ces conditions, qu’ils ne cessent plus de nous « mythonner », à la pelle, des décrets humainement dégradants ̶ sans doute conçus dans les pissotières washingtoniennes ? ̶ , pour tenter de mieux nous faire avaler sans broncher leur nouvelle vulgate esclavagiste.
Reste, bien sûr, la menace terroriste. En réalité, un scénario hollywoodien, inventé par des délinquants oligarchiques, peu soucieux de la vie de centaines d’innocentes victimes.
En réalité, une sinistre farce, diffusée par des voyous atlantistes sans scrupules. Autrement dit, des va-t-en-guerre arc-boutés sur leur volonté militaro-financière d’appropriation illégale de territoires pourtant souverainement inaliénables.
Sauf que cette « farce » vaut aujourd’hui le prix du sang. Il est celui de la rançon à payer pour les souffrances répandues par les « bonnes œuvres » sanguinaires ̶ hollandistes compris ̶ de la mafia composant désormais l’échiquier apocalyptique de la sphère mondialiste.
Et cela, à travers la spoliation guerrière de toutes les nations qu’ils ont outragées. Des nations naguère encore souveraines ; aujourd’hui prises en otage dans de solides filets d’acier euro-atlantistes.
Or, cette rançon qui, depuis maintenant trop longtemps, a toujours été payée cash par les citoyens de ce pays, risque encore de l’être longtemps… Du moins, si l’on en croit les contrevérités officielles et les états d’urgences programmés… pour cause de faillite étatique.
Ce constat sans appel, des multiples débordements parlementaires, en cours depuis des années, démontre à l’évidence que, si le général de Gaulle était, lui, un Français qui parlait aux Français, la quasi majorité des « sénatoriens » et des parlementaristes anti-peuple : commandités par Washington et grassement assis sur des rentes de nabab, sont des « français » qui, eux… so##misent des Français.
Vous avez dit euro-atlantisme ? Vous avez dit IVe Reich ?
Nos politiques ne sont que de médiocres comédiens interprétant de mauvaises fictions. Ils ne supportent pas le réel ni le peuple qui fait partie de cette réalité. Ils veulent de l’imaginaire, leur imaginaire et se barricadent dedans.
Dans un pays libanisé, comme le nôtre, livré aux ennemis de l’intérieur que l’État refuse de nommer et de désigner, l’état d’urgence ne peut être qu’un comique grotesque vis-à-vis des terroristes. Ils savent très bien que la surveillance renforcée concerne plus les identitaires qu’eux-mêmes.
Pour nos petits comiques troupiers, l’essentiel est de faire croire et de faire semblant. Mais cela fonctionne de moins en moins même si on ne peut pas que la presse et la télé de complaisance ne fassent pas d’efforts.
Cet état d’urgence non respecté avec l’assentiment d’un pouvoir en déliquescence jette, en outre, le discrédit sur notre pays dans le monde entier. Nous sommes devenus les guignols de la planète.