A Philadelphie, le système a donné son grand spectacle. Hillary Clinton a donc été adoubée candidate du Parti Démocrate pour l’élection à la Présidence des Etats-Unis. Le rival, Bernie Sanders, mis sur la touche par les manoeuvres de l’appareil, s’est rallié pour faire battre Trump. Les deux derniers Présidents démocrates, le mari, et l’actuel, sont venus dire que cette candidate était la mieux qualifiée pour conduire le pays dans la continuité vers un futur radieux. La médiacratie pousse un ouf de soulagement. Le candidat républicain était en tête dans les sondages. Il était temps que l'”establishment”ripoline sa façade. Aussi, la mise en scène a-t-elle été soignée. Il y a longtemps que la politique américaine n’est plus qu’un jeu de communication où le fond a disparu au profit des signaux, des images et des coups. Les stars ont participé à cet étalage superficiel, ce qui est bien normal puisque c’est leur métier, et que le “progressisme” démocrate, cette espèce de décadence joyeuse et donneuse de leçon, correspond à ce qui remplace la pensée chez beaucoup d’entre elles. Lady Gaga ne pouvait manquer ce rendez-vous. Meryl Streep enveloppée dans une robe patriotique fort remarquée a commencé par un cri hystérique un discours qui soulignait le fait le plus important. Hilary Clinton serait la première femme présidente des Etats-Unis, comme si le sexe, le signal, était plus important que les idées défendues. Mais, le désastre Obama a été sauvé par les médias parce que c’était le premier noir à occuper la Maison Blanche. La prochaine fois, ce sera un hispanique. Les Républicains ont raté le coche en ne désignant pas Ted Cruz…
Une politique qui reste à la surface ignore ce qui se cache dans les profondeurs, ce qui ne peut être atteint que par la réflexion évacuée par le spectacle politique qui préfère l’ambiance, le réflexe, l’émotion. Une démocratie qui rend les citoyens aussi stupides mérite-t-elle d’être défendue ? C’est pourtant ce qu’a dit le grand illusionniste Obama, efficacement secondé par la militante devenue “First Lady”, Michelle Obama. Trump est présenté comme un danger pour la démocratie en raison de son amateurisme politique, voire de son extrémisme. Bill Clinton et Barack Obama apportent au contraire la caution de présidents aux bilans avantageux. Cette présentation est pour le moins superficielle. Les deux derniers présidents démocrates ont été l’un comme l’autre calamiteux dans leur gestion de la politique étrangère, là où le Président a un rôle primordial. Clinton a laissé pourrir la situation au profit de l’islamisme, en Somalie, en Afghanistan. Les Etats-Unis n’ont pas réagi aux attentats qui, au Kénya, en Tanzanie, au Yémen, et déjà à New-York ont révélé la montée du terrorisme islamiste. Le 11/9 est dans la trajectoire de son inaction. Son soutien aux musulmans dans l’ex-Yougoslavie a également souligné le rôle néfaste joué par Washington en Europe, qui facilite l’éclosion de micro-Etats, et accroît les tensions avec la Russie. Obama renouvelle cette politique ambiguë : il refuse la guerre au profit d’actions indirectes, transforme les capitulations de la démocratie en succès avec Cuba ou l’Iran, entretient des relations intéressées avec des pays qui ne respectent aucune des valeurs qu’il prétend défendre. Le monde est à l’évidence plus dangereux aujourd’hui qu’il ne l’était à la fin des trois mandats républicains en 1992. Aucun progrès n’a été réalisé en vue d’une solution au problème palestinien. Autour d’Israël toujours exposé au terrorisme, le désastre du printemps arabe soutenu par Obama a répandu la violence de la Tunisie au Yémen. Le chaos s’est installé en Syrie et en Libye. Dans ce pays, à Benghazi, l’ambassadeur américain a été assassiné dans des conditions abominables. La Secrétaire d’Etat, en charge de la politique étrangère, une certaine Hillary Clinton, a, pour le moins, été déficiente dans cette affaire mal préparée et mal suivie. Cette négligence s’est également traduite par de bien légères communications sur une messagerie privée. La guerre fait rage en Syrie et en Irak. Non seulement la politique d’Obama en est largement responsable par son aide à la rébellion contre Damas et par son inaction initiale en Irak. Le résultat en est l'”Etat islamique” dont les Français mesurent aujourd’hui les conséquences.
On dira bien sûr que l’ère Clinton est celle de la plus grande prospérité américaine, et qu’Obama a redressé la situation après la grande crise qui a coïncidé en 2008 avec la fin des Mandats de G.W. Bush. Ce jugement positif doit être relativisé, d’abord parce que le Président américain a dans le domaine économique un rôle plus réduit qu’en politique étrangère. Les budgets sont votés par des majorités législatives qui dans les deux cas sont devenues républicaines. La Banque Fédérale, d’une part, les Etats d’autre part jouissent d’une indépendance qui jouent un grand rôle. Clinton comme Obama ont soutenu la mondialisation par le biais d’accords de libre-échange. Ce sera un des débats à front renversé de la prochaine campagne puisque le milliardaire Trump captera sans doute des voix ouvrières, celles des chômeurs, aussi, qui s’estiment là-bas comme ici victimes de cette politique. Enfin, il faut rappeler que le surendettement des acquéreurs immobiliers à l’origine de la crise des “subprimes” date justement du laxisme et de la démagogie de l’ère Clinton.
Le bilan réel des démocrates est beaucoup moins flatteur. Il comporte notamment des risques considérables en raison du rôle primordial de la création monétaire, de l’absence de précaution écologique raisonnable, et de la part qu’y prend l’immigration clandestine. Des bulles spéculatives, des catastrophes environnementales, un affaiblissement de la cohésion nationale peuvent en être le prix. Selon l’ancienne comparaison platonicienne, le politique peut être un médecin ou un esthéticien. Il peut guérir, parfois avec des remèdes désagréables. Il peut se contenter de farder le malade. Ce sera le choix essentiel. En votant Hillary, les Américains choisiront une esthéticienne. Beaucoup en ont tellement conscience qu’une majorité de 60% ne fait pas confiance à “Hillary la malhonnête”. Il faut espérer que Trump sera un médecin, comme une Thatcher l’a été au Royaume-Uni. Bien sûr son style fait craindre que ce soit un charlatan. Le débat d’ici Novembre permettra sans doute de trancher.