Ce soir aura lieu le second débat entre les candidats à la primaire de la droite et du centre sur BFM TV. Les commentaires qui suivront mettront comme d’habitude l’accent sur le spectacle plus que sur le fond des discours. On scrutera l’attitude des concurrents, leur aisance, ou leur nervosité. On évaluera la portée des petites phrases et l’impact des traits lancés à l’un ou l’autre. A ce jeu, La démocratie toucherait le fond, si elle en avait encore un. Le regard sur la présidentielle américaine ne rassure pas sur la profondeur de la plongée. Les idées, les propositions, les solutions qui différencient les jouteurs demanderaient de fastidieuses analyses, des comparaisons chiffrées. La télévision doit susciter un intérêt bref mais intense. Ce qui compte, c’est l’affrontement principal défini par les sondages eux-mêmes induits par d’autres sondages et par des impressions globales sur les personnalités en course et sur leur chance de succès. Ainsi, Jean-Frédéric Poisson devrait susciter l’adhésion des conservateurs, mais ceux-ci, sachant qu’il a peu de chances de l’emporter, finiront par choisir un vote utile. Certains veulent incarner le renouveau, le leur, comme Copé, ou celui d’une nouvelle génération, comme Le Maire, ou encore celui d’une droite qui serait à gauche, comme NKM, ce qui d’ailleurs n’est pas une nouveauté. Il reste trois poids lourds qui, au contraire, bénéficient de leur expérience.
Il n’est pas absurde de confier le char de l’Etat à l’un de ceux qui l’ont déjà conduit. Un ancien Président et deux anciens Premiers Ministres, tous les trois ayant occupé différents ministères et pour les anciens Chefs de gouvernement des responsabilités locales importantes en Province, sont donc les plus à même de parvenir jusqu’à la véritable échéance démocratique, l’élection présidentielle. Leur principal handicap tient à la faiblesse de leur bilan qui n’est rehaussé que par la comparaison avec celui du mandat présidentiel actuel. Pour le reste, Sarkozy a laissé une France affaiblie par la crise économique de 2008, dont il avait combattu les effets à sa manière, c’est-à-dire avec beaucoup d’annonces, de gesticulations, et peu de résultats. Juppé reste associé à la bourde politique la plus lourde de la Ve République, la dissolution de 1997, qui a ramené la gauche au pouvoir, au moment où le contexte international rendait le redressement du pays possible. Cette étape manquée et les réformes stupides des Jospin, Aubry et Strauss-Kahn pèsent encore fortement sur notre pays. Reste Fillon, indemne de tout ennui judiciaire, le plus gaulliste des trois, qui a le sens de l’Etat, comme il vient de le montrer en remettant en place deux journalistes qui prétendaient confondre une émission politique avec une séquence de variétés. Avec sa réforme des retraites, et son langage de vérité sur la situation d’un pays en faillite, avec sa vision actuelle de la politique étrangère de la France, c’est objectivement celui qui devrait susciter le plus la confiance. La politique économique qu’il envisage casse les préjugés qui paralysent notre pays depuis des décennies. Malheureusement, le personnage ne cadre pas avec cette impulsion. Comment imaginer que cet homme qui a accepté la férule de Sarkozy sans broncher pendant cinq ans, alors que manifestement il n’en pensait pas moins, puisse crever l’écran, celui des blocages idéologiques du pays, et celui du spectacle politique qui n’aime pas les caractères trop réservés ?
Les Français n’ont qu’un intérêt limité pour la politique internationale. Celle-ci est pourtant à l’origine de problèmes qui se posent à l’intérieur de nos frontières. L’immigration, l’augmentation considérable de la population musulmane en France, la communautarisation de nombreux quartiers, non sans une certaine hostilité à l’égard de la nation, le risque de développement du terrorisme sont des questions chaque jour plus difficiles et qui sont directement liées à la politique étrangère. On parle beaucoup de la Syrie. On parle moins de la Libye. Le désordre qui y règne en fait une passoire, juteuse pour les trafiquants et les passeurs qui y sont installés, et attirante pour les subsahariens, du Soudan, de l’Erythrée ou de Somalie qui veulent joindre l’Europe en passant par l’Italie. On sait le rôle majeur que la France a joué dans la chute du colonel Kadhafi, et donc dans l’éclatement de ce pays. Certes la fin d’un dictateur qui avait trempé dans le terrorisme a pu susciter une certaine satisfaction. Mais, on a du mal à imaginer qu’une décision aussi grave ait été prise par des gouvernants sans qu’ils se soient informés des risques encourus. L’Elysée, Matignon, le Quai d’Orsay pouvaient se fournir des renseignements suffisamment précis pour éviter une pareille bévue. La Libye est aujourd’hui un Etat de non-Droit que nous avons créé. Un gouvernement proche des Frères Musulmans s’est installé à l’Ouest, à Tripoli. L’appui de la Turquie et du Qatar est allé évidemment dans cette direction. L’Est à Tobrouk est dominé par un autre pouvoir soutenu par l’Egypte et les Emirats, qui ne portent pas les “Frères” dans leur coeur. Un ancien officier de Kadhafi, exilé aux Etats-Unis en 1983, le général Haftar est à la tête des troupes qui se battent de ce côté. Mais il existe par ailleurs de nombreuses poches extrémistes ou tribales. Un troisième gouvernement imposé par l’Onu pour faire l’Union Nationale a plus récemment été implanté à Tripoli. Le degré de légitimité et l’emprise sur le territoire et les populations des uns et des autres doivent être envisagés avec circonspection. La politique menée par la France dans le monde arabe actuellement est affligeante, mais on ne peut que déplorer que la situation chaotique qui règne en Libye et ses conséquences calamiteuses pour l’Europe, et notre pays, en particulier, soient le résultat d’une action menée alors que Sarkozy était Président, Fillon Premier Ministre, et Juppé, Ministre des Affaires Etrangères. Ils ont été accusés de servir des intérêts nationaux. Manifestement, cet objectif, dénoncé, n’a pas été atteint !
4 commentaires
Bref, tout cela ne les empêchera pas d’aller bouffer ensemble , une fois le “cirque” terminé.
Nous commençons à en avoir l’habitude !
“Les commentaires qui suivront mettront comme d’habitude l’accent sur le spectacle plus que sur le fond des discours. On scrutera l’attitude des concurrents, leur aisance, ou leur nervosité. On évaluera la portée des petites phrases et l’impact des traits lancés à l’un ou l’autre. A ce jeu, La démocratie toucherait le fond”…
Ce qui s’est effectivement passé; comme toujours les “journalistes” ont posé des questions anecdotiques, sans intérêt pour notre information…Le plus solide semble effectivement être Fillon…mais passera-t-il la rampe ?
“Les commentaires qui suivront mettront comme d’habitude l’accent sur le spectacle plus que sur le fond des discours. On scrutera l’attitude des concurrents, leur aisance, ou leur nervosité. On évaluera la portée des petites phrases et l’impact des traits lancés à l’un ou l’autre. A ce jeu, La démocratie toucherait le fond”…
Ce qui s’est effectivement passé; comme toujours les “journalistes” ont posé des questions anecdotiques, sans intérêt pour notre information…Le plus solide semble effectivement être Fillon…mais passera-t-il la rampe ?
On devrait poser uniquement des questions émanant du Peuple…après tout c’est lui qui vote . Les questions des journalistes sont en effet attristantes et peu perspicaces.
Faudra-t-il un jour organiser également le même”jeu” pour sélectionner les animateurs ?