En ce 21 Janvier, jour anniversaire de la décapitation de Louis XVI qu’Ernest Renan qualifiait de suicide français, l’Avant-Garde, le réseau lancé par Charles Millon, Charles Beigbeder et moi-même, se réunissait à Paris. J’ai saisi cette opportunité pour faire venir des six coins de l’hexagone les membres du bureau du Rassemblement Pour la France que je préside et qui participe activement à l’action de l’Avant-Garde.
Le RPF est un mouvement gaulliste, dont les idées rejoignent celles des libéraux et des démocrates-chrétiens présents dans le réseau. Il entend participer à cette révolution conservatrice dont l’Occident et la France en particulier ont le plus grand besoin et qui rejoint l’intuition fondatrice du gaullisme, la volonté de renforcer la vitalité de nos nations, en maintenant, en restaurant mais aussi en innovant. La politique exige de connaître et de désigner son ennemi : ce sont les forces qui concourent à affaiblir et à diviser nos nations. La connivence des grands médias avec des groupes de pression et une infinité d’associations, fondées sur le communautarisme et sur des revendications particulières, crée une pression mortifère sur nos sociétés. Lorsque des hommes ou des mouvements incarnent la résistance à cette pression, ils deviennent les cibles de la puissance médiatique de ces forces. Les manifestations anti-Trump avant-même qu’il ait entamé sa présidence sont une illustration de ce phénomène. Depuis des années, la trilogie infernale de la pensée unique, du politiquement correct, et du terrorisme intellectuel mine nos démocraties, multiplie les interdits, et impose une obligation de penser selon la norme. Des communicants, de la presse ou du spectacle, véhiculent des idées qui correspondent au mode de vie de leur microcosme. En raison de l’importance cruciale de la communication à notre époque, les préjugés qui les inspirent, les ignorances et les erreurs qui les accompagnent, influencent la sphère dirigeante. Le microcosme et l'”establishment” se confondent. S’y opposer revient à prendre le risque d’être isolé, incompris et rejeté. Néanmoins, on assiste aujourd’hui à un vaste mouvement de libération de tous ceux qui perçoivent le danger de ce rapport de forces déséquilibré, non seulement pour la démocratie, mais aussi pour la survie de nos nations. Les peuples prennent un malin plaisir à déjouer la manipulation des sondages et à faire pleurer les commentateurs officiels. Les deux vecteurs de cette rébellion sont le bon sens et internet. Le bon sens, l’expérience personnelle délivrée des oeillères de la persuasion médiatique, rectifient la désinformation. Internet fournit d’autres informations qui démentent la “vérité” préfabriquée. Bien sûr, il faut être vigilant : les bobards y sont fréquents, mais la diversité alimente la réflexion, éveille le sens critique et suscite une nouvelle forme de démocratie plus authentique.
Le divorce est patent entre l’oligarchie, européenne notamment, et le peuple, lassé de se voir ignoré par la priorité accordée aux communautés, et submergé par une immigration dont l’importance et la nature empêchent toute assimilation. Les moyens techniques de la communication permettent aujourd’hui de redonner la parole au peuple. Il s’agit d’instaurer en France, selon le modèle suisse, une part de démocratie directe avec le référendum d’initiative populaire. C’est ce projet, commun au RPF et à l’Avant-Garde qu’en tant que gaulliste j’ai exposé lors de la réunion d’hier.
Le souverain est le peuple. Il peut exercer cette souveraineté par le biais de représentants. Il peut aussi l’exercer lui-même, directement, grâce au référendum. Le général de Gaulle avait introduit cette idée dans notre constitution. On peut contester l’usage qu’il en a fait. Le Référendum ne doit pas être un plébiscite. C’est ainsi que les deux “Bonaparte” avaient légitimé leurs coups d’Etat. Le général en a toujours fait un moyen de refonder sa légitimité. C’est évidemment dangereux, car, comme il l’a expérimenté, lui-même, dans l’humeur du moment, appelés à juger un texte long et complexe, les électeurs risquent de voter pour ou contre l’homme, et non de répondre oui ou non à la question posée. Pour éviter ce danger qui altère la régularité de la vie politique, il faut désolidariser le pouvoir exécutif du résultat du référendum. Ce n’est pas lui qui le déclenche mais une pétition populaire. En revanche, il doit se soumettre au choix du peuple. Celui-ci aura répondu à une question simple et courte, dénuée d’ambiguïté. Il aura pris le temps de la réflexion pour que le débat ne soit pas pourri par les passions et les émotions des circonstances. Trois modalités doivent être possibles. D’abord, après le vote d’une loi et avant sa promulgation, pendant trois mois, une pétition de 500 000 signataires peut exiger que la loi soit soumise à référendum. On aurait pu ainsi vérifier, au bout d’un an par exemple, et après avoir laissé le temps de l’information et de la réflexion, si les Français acceptaient vraiment le mariage unisexe. Ensuite, une proposition de loi peut être rédigée par des citoyens et recueillir le soutien de 800 000 signatures. Cette proposition serait alors présentée au suffrage populaire. Des sujets comme l’usage du cannabis, la taxation du diesel, ou le voile islamique pourraient être abordés de cette manière. Enfin une réforme de la Constitution exigerait un million de partisans. Bien sûr, ce dispositif devrait être décliné au niveau des collectivités locales.
La démocratie serait ainsi rétablie. Les Français prendraient l’habitude de se rendre aux urnes tous les six mois pour répondre à plusieurs questions séparées. La régularité et la diversité rendraient les débats plus sereins, et l’ambiance des résultats plus apaisée. Les deux difficultés qui surgissent sont les suivantes. En premier lieu, dit-on, il sera impossible de gouverner. Copé avait ainsi soutenu qu’en raison de l’urgence des solutions à apporter aux problèmes de notre pays, il fallait gouverner par ordonnances. Il est stupéfiant que ceux qui ont laissé s’aggraver les difficultés quand ils étaient au pouvoir soient maintenant si pressés. Même si l’on peut diminuer le temps du débat au début d’un mandat présidentiel, la soumission au suffrage universel, dans le cadre actuel, de réformes fondamentales, leur donnera une légitimité indiscutable et évitera que la rue violente n’y fasse renoncer, comme Chirac et Villepin l’ont expérimenté. Une fois ces réformes mises en oeuvre, la démocratie française pourrait prendre alors son régime de croisière. En second lieu, et c’est un vrai problème pour les chrétiens qui m’écoutaient hier, la vérité est ou n’est pas. Ce n’est pas la majorité qui en décide. Ainsi, un vote favorable au mariage unisexe ne modifie en rien l’aberration anthropologique qu’il représente. L’accepter serait sombrer dans le relativisme dénoncé par Benoît XVI. Je pense au contraire que la peur d’un choix favorable à l’erreur entraîne une attitude de Gribouille. Parce qu’on craint un vote contraire, on accepte que le microcosme qui nous gouverne impose son idéologie, et on se replie dans la dénonciation verbale de celle-ci. Le référendum au moins permet le débat, et soulève l’espoir d’une victoire. C’est un pari pascalien. Sans lui, on ne peut que perdre. Avec lui, la vérité a une chance de l’emporter.
Cette idée est bien sûr rejetée par l’oligarchie qui s’est arrangée pour rendre l’élargissement de l’usage référendaire prévu dans la révision constitutionnelle de 2008 impraticable. Le”référendum d’initiative partagée” exigeant la signature d’un 5ème des parlementaires et d’un 10ème des électeurs est mort-né. Pour que la démocratie revive en France, il est plus que jamais nécessaire d’instaurer un Référendum d’Initiative Populaire.
Un commentaire
La pensée et la politique du Général De Gaulle sont-elles toujours d’actualité et applicables salutairement de nos jours ?
Quelque soit notre nostalgie et notre admiration, il est vraiment permis d’en douter….
Certes “Si le passé ne doit pas être un port, il peut être un phare”. Proverbe Russe