L’idée d’une plateforme réunissant les partis, les associations, les laboratoires d’idées et les personnalités qui se situent politiquement entre les Républicains et le Front National, le vide idéologique du premier et la difficulté à s’ouvrir du second, va dans le bon sens. Si cette tentative réussit, il devra s’agir d’une chaîne destinée à réunir plutôt que d’une nouvelle formation concurrente des deux premières. Bien sûr, nul n’est naïf au point de croire que les dirigeants, les élus et les apparatchiks des partis se précipiteront pour accueillir à bras ouverts les nouveaux venus. Mais, en revanche, il pourrait en être tout autrement des sympathisants et des électeurs potentiels, fatigués des échecs répétés, des fautes stratégiques, des “batailles narcissiques”, et des dérives idéologiques.
On pourra reprocher au titre son caractère mièvre, ou fleur bleue, qui n’est peut-être pas à la hauteur des enjeux. Il y a là sans doute la triple volonté d’être dans le ton de l’époque, de ne pas pas faire peur en affichant le moindre extrémisme et de rester ouvert. Néanmoins, les amoureux ne doivent pas être langoureux, mais déterminés. Certes la France a de beaux restes, mais ils sont menacés, et on ne peut minimiser les dangers. La France, qui a été aux XVIIe et XVIIIe siècle la première puissance européenne, et donc l’un des pays les plus importants dans le monde, avec le peuple le plus nombreux du continent, la langue la plus employée dans les cours, les élites, et les relations internationales, et une civilisation copiée partout comme en témoignent les nombreuses répliques de Versailles, a perdu un à un tous ses atouts. Sa démographie a reculé après la révolution, et s’est effondrée durant la première partie du XXe siècle, notamment à cause de la saignée subie lors de la Grande Guerre. Elle n’avait retrouvé des couleurs qu’aux lendemains du second conflit mondial. Aujourd’hui encore, elle semble en meilleure posture que la plupart des autres pays européens qui vieillissent au point de dépérir. Il faut se garder d’une illusion. L’immigration y joue un rôle essentiel qui transforme profondément la population et entraîne des conséquences perceptibles dans les performances scolaires de notre pays, et dans son niveau de cohésion sociale, ce que Durkheim appelait la “solidarité mécanique” de ceux qui forment un groupe solidaire parce qu’ils partagent une identité. La poursuite d’une politique d’immigration, notamment en provenance de pays culturellement éloignés est suicidaire. Le rayonnement de la France, sauvegardé grâce à la seconde colonisation, celle du XIXe siècle, risque de s’inverser. C’est le Président Poutine qui aurait pronostiqué que la France deviendrait la colonie de ses anciennes colonies. L’absence de préférence nationale dans notre politique familiale, l’abandon progressif de celle-ci, tandis que de de prétendus “progrès” sociétaux portaient atteinte à l’institution familiale et que l’immigration était encouragée pour des raisons bassement électoralistes constituent le lourd bilan du socialisme, insuffisamment combattu par la soi-disant “droite”. Le mot “trahison” ne serait pas usurpé. La priorité des priorités est de stopper ce processus mortifère en restaurant l’objectif d’une identité réelle du peuple français. Celle-ci n’est pas raciale, mais culturelle, et elle exige que ceux qui peuvent la transmettre soient préférés à ceux qui en possèdent une autre. La diversité est enrichissante dans les échanges. Elle n’amène que la confusion et l’affaiblissement dans la transmission.
La restauration d’une éducation nationale digne de ce nom est donc indispensable. La langue y a le premier rôle. Il faut saluer la mise en garde de l’Académie Française dénonçant le péril que fait courir la stupidité “pédagogique”, mais surtout idéologique de l’écriture inclusive. Une fois encore, un groupe de pression peu nombreux, obsédé par des questions infimes justement ignorées des Français, occupe des places stratégiques qui lui permettent de développer des débats sans intérêt et d’obtenir des évolutions pernicieuses. On avait déjà connu cette dérive avec l’abracadabrantesque “théorie du genre”. Cette fois, c’est l’apprentissage de la langue française qui est rendu plus difficile pour combattre un sexisme illusoire qui habiterait le français. Il est vrai que la langue véhicule des idées, et que les totalitaires, depuis les jacobins jusqu’aux marxistes, en passant par les nazis, ont eu recours à ce moyen, mais c’est précisément avec ces intentions malignes que l’on veut changer insidieusement la langue. Une langue est un être vivant qui a sa vie propre. Il faut lui laisser sa spontanéité, en maintenant suffisamment de rigueur pour que les locuteurs s’expriment clairement et se comprennent. Toute volonté de la modifier impérativement et dès le plus jeune âge est suspecte. Il en va de même pour l’Histoire. Une nation est comme un fleuve. Ceux qui le prennent en chemin à leur naissance, ou à leur arrivée quand ils souhaitent se mêler à lui, doivent recevoir en héritage ou en cadeau de bienvenue, un récit national. Celui-ci devra mettre l’accent sur ce qui unit plus que sur les sources de division. Le sentiment d’appartenance à un pays, et la fierté qui peut l’accompagner, sont des vecteurs nécessaires de l’intégration. Le caractère “ethnocentrique” du récit national n’est pas un piège idéologique comme le serait une instruction partisane. Elle est une condition minimale du “vivre ensemble”, que toute étude approfondie pourra préciser ou corriger, dès lors que l’information circulera librement dans le pays. Au moins aura-t-on essayé en maintenant ce socle de formation d’éviter que des jeunes “Français” se sentent davantage héritiers de l’Empire du Mali, sujets du califat islamique, ou appelés à poursuivre on ne sait quelle révolution en “cassant du flic” sur les berges du canal Saint-Martin. Le recul des performance scolaires à l’issue de l’école et du collège, de même que ces dérives aberrantes d’étudiants prolongés sont des arguments imparables pour faire de l’exigence éducative une priorité du redressement national. (à suivre)