La France appartient au camp occidental. Elle faisait partie du Monde Libre, depuis la fin de la seconde guerre. Elle afficha plus d’indépendance avec le Général de Gaulle en quittant l’OTAN et sans hésiter à critiquer l’allié américain, sur l’Indochine ou le Moyen-Orient. Elle fut néanmoins à ses côtés lors de l’implantation des missiles soviétiques à Cuba. Plus tard, elle fut bien inspirée avec Chirac de ne pas suivre Bush dans l’aventure irakienne dont les conséquences calamiteuses enveniment encore la situation régionale. De manière incohérente, elle a malheureusement cherché avec Sarkozy et Hollande à devenir le “meilleur allié” de Washington, poussant son zèle jusqu’à se montrer plus va-t-en guerre, en Libye ou en Syrie ou participant à une stratégie hostile à la Russie. La fin de la guerre froide avait pourtant mis fin à l’existence des deux blocs. Il n’y avait donc plus de raison de traiter la Russie en ennemie, de lui appliquer des sanctions, et de rompre la livraison de navires de guerre qu’elle nous achetait. La politique russe était logique et ne manifestait aucune agressivité, si ce n’est sur un terrain qui avait été le sien durant des siècles, et que manifestement on voulait arracher à son influence. Historiquement, la Crimée est russe. Le fil conducteur des Etats-Unis envers la Russie a été la volonté de l’amoindrir, en allant jusqu’à installer des ennemis à ses portes, sur ses anciens territoires, en Géorgie ou en Ukraine, avec une technique de la manipulation des groupes extrémistes et des foules faite de manifestations, de provocations et de répression, dont la répétition sur différents terrains ne peut qu’éveiller des doutes sur leur spontanéité.
La politique américaine depuis 1945 n’a été ni claire, ni efficace. La Chine est passée au communisme, de même que le Viet-Nam plus tard, ou Cuba, malgré l’opposition impuissante et maladroite des Etats-Unis. Il n’y a, en revanche, pas d’exemple de pays communiste qui se soit libéré de l’emprise soviétique avant 1989. Les tentatives ont été écrasées à Berlin, Varsovie, Budapest ou Prague, sans que Washington intervienne. L’abandon des alliés, le Shah d’Iran ou le Négus d’Ethiopie, ou encore de l’Afrique du Sud face aux Cubains en Angola, a fait croire, durant les années 1970, juste avant l’arrivée de Reagan, que “l’Empire du mal” ne connaîtrait plus de limite. Il les rencontra en Afghanistan, mais au prix d’une alliance de l’Occident avec le diable, l’islamisme fanatique et rétrograde. Si on excepte les coups d’Etat qui ont écrasé les communistes au Chili ou en Indonésie, la politique américaine s’est soldée de 1945 à 1989 par un mouvement de retraite continue. La perte des colonies par les alliés français, britannique ou portugais a, en de nombreux points, facilité le processus. Le statu-quo coréen dont on mesure aujourd’hui les effets détestables peut résumer l’inanité de la politique américaine : parce que Truman a refusé à Mac Arthur de bombarder la Chine, et de brandir l’arme atomique, c’est la Corée du Nord qui menace aujourd’hui d’employer la bombe contre les Américains et leurs alliés.
La politique américaine est un tel mélange ou une telle succession d’intérêts économiques, de manoeuvres diplomatiques, de manipulations politiques et d’entreprises militaires intenses mais peu concluantes, qu’on peut se demander s’il y a une ou des politiques américaines, variables suivant les Présidents, les partis majoritaires, les administrations ou même leurs différents organes. Faute d’avoir pu sauver Tchang-Kaï-Chek, les Américains se sont rapprochés de Mao Zédong. Ils ont ainsi nourri leur plus grand rival d’aujourd’hui pour endiguer celui d’hier, la Russie, mais le premier est toujours une dictature “communiste”, non le second. Quelques constantes ont subsisté : le soutien indéfectible à Israël, contrebalancé par l’alliance systématique avec les musulmans conservateurs, les monarchies sunnites ou les Pakistanais. Ces liens n’ont aucune cohérence idéologique : Israël est certes une démocratie, mais il y a surtout aux Etats-unis une communauté juive qui pèse bien plus que les musulmans. Les alliés musulmans ne sont pas des démocraties, mais présentent un grand intérêt économique ou stratégique, qui justifie qu’on les traite avec plus d’égards que les Chrétiens, du Liban, de Syrie ou du Kosovo. Enfin, les objectifs économiques notamment l’énergie et les matières premières sont primordiaux. L’Afrique centrale, des Grands Lacs et du Congo, intéresse beaucoup plus Washington que la Somalie. Les participants français à l’opération Turquoise au Rwanda en 1994 en ont pris conscience face au FPR de Kagamé.
La Syrie et l’Irak constituent un exemple frappant de cette politique complexe, sinueuse et peu cohérente. L’Irak de Saddam Hussein, gorgé de pétrole était à la fois l’ennemi à abattre et une proie tentante. Renverser le dictateur, établir la démocratie, et surtout réintroduire le pétrole irakien dans un marché mondial dominé par les compagnies américaines étaient prioritaires. Quinze ans après l’intervention musclée, le bilan est lamentable : 5000 morts américains, une guerre civile continue entre Chiites, Sunnites et Kurdes, un effondrement du niveau de vie des populations, et un pouvoir détenu par des chiites proches de l’ennemi iranien. La victoire sur l’Etat islamique et la prise de Mossoul, avec une participation active des Kurdes indépendantistes et des milices chiites pro-iraniennes, est loin d’avoir éclairci l’avenir. La situation est encore plus confuse en Syrie où l’implication américaine n’a aucun fondement légal. A plusieurs reprises, l’armée syrienne ou ses alliés ont été victimes de bombardements soit en représailles de l’utilisation présumée d’armes chimiques, soit “accidentels”, mais toujours de nature à gêner une opération loyaliste ou à favoriser les rebelles ou les terroristes. C’est ainsi que le secteur gouvernemental de Deir Ez Zor, qui résistait héroïquement, a été coupé en deux par les islamistes à la suite d’une “bavure” de la coalition. Encore récemment, une unité puissamment armée de l’Etat islamique, a bizarrement pu s’échapper de Raqqah pour rejoindre la lutte contre l’armée syrienne. Enfin, il est clair que l’offensive menée par les Forces démocratiques syriennes puissamment soutenues et parfois héliportées par l’armée américaine, a pour objectif de s’emparer du plus grand nombre de sites pétroliers. Un risque d’affrontement avec l’armée régulière, voire entre Russes et Américains, et un handicap à la reconstruction du pays sont ainsi créés.
La politique erratique ou cynique des Etats-Unis, les craintes sans doute fondées d’Israël, les ambitions contrariées des Turcs comme leurs appréhensions devant la montée en puissance des Kurdes, les espérances d’indépendance déçues de ces derniers, la confrontation entre chiites et sunnites, entre Saoudiens et Iraniens, entre nationalistes arabes et islamistes (Frères Musulmans ou terroristes), la mosaïque que constituent les divisions confessionnelles ou tribales sont autant de menaces qui pèsent sur cette région du monde. Elle est un des berceaux de LA civilisation, le long du Nil, ou entre Tigre et Euphrate et de “notre” civilisation gréco-latine comme en témoignent bien des vestiges, en Syrie notamment. Elle est le lieu de naissance du christianisme dont les chrétiens d’Orient sont le témoignage vivant, qu’il faut impérativement protéger. Les “réfugiés” syriens ont parfois servi à justifier aux yeux des Européens une immigration qui venait d’ailleurs. Il est essentiel que cette partie du monde retrouve la paix, et ses habitants des conditions de vie acceptables. Ils en ont les moyens. Nous avons le devoir de les y aider, et cela passe à l’évidence par une entente avec la Russie. (Fin)
Un commentaire
Giscardogénèse du néo-islamisme
À noter que l’actuelle sanglante et barbare chienlit islamo-terroriste qui sévit dans le monde doit certes beaucoup, dans sa genèse, au pusillanime Carter (et ses successeurs)….mais plus encore au félon Giscard et son soutien LOGISTIQUE ubuesque à l’imam jihadiste de Neauphle-le-Château, sans quoi la conspiration islamo-révolutionnaire contre le Chah et contre la plurimillénaire Monarchie perse aurait immanquablement échoué… pour le plus grand bien de l’Iran et du monde, tant oriental qu’occidental.
Shahpour, exilé perse, 84 ans, Paris
Islamica Respublica delenda est