Platon a écrit que “la perversion de la Cité commence avec la fraude des mots”. La France est une Cité, une nation affaiblie par la corruption d’un vocabulaire miné par les manipulations idéologiques de laboratoires lexicaux destinés à la mutation des idées du peuple. Lorsque les mots changent, c’est la pensée qui change et la conscience collective qui constitue la réalité d’une nation parce qu’elle correspond à son identité. Lorsque l’Etat de droit remplace subtilement la démocratie, que le mot populisme devient une marque de réprobation, que la culture ne s’écrit plus qu’au pluriel, que la discrimination positive justifie l’inégalité jusqu’à permettre la préférence étrangère, la mutation se produit : les défenses immunitaires s’effacent, et c’est tout un peuple qui peut mourir, qui peut subir une euthanasie, car il ne va même pas en avoir conscience puisque les moyens de le dire auront disparu. La mort d’une nation, d’une civilisation, est moins visible que celle d’un homme, parce qu’elle est plus lente et imperceptible, et pour cette raison, il faudrait être au moins aussi soupçonneux envers les laboratoires qui triturent les mots qu’à l’égard de ceux qui manipulent les virus.
En 2017, les Français, dans un grand moment d’hébétude, ont élu un homme qui n’emploie jamais les mots au hasard, un homme qui est au premier rang de ceux qui véhiculent les mots qui tuent un peuple, un homme qui n’hésite pas à entretenir la repentance historique destinée à dégoûter les Français de leur histoire, en osant parler de crimes contre l’humanité, pour évoquer la présence de la France outre-mer, en oubliant l’oeuvre extraordinaire des médecins coloniaux français en Afrique et ailleurs. Cet homme est le chef de nos Armées, et récemment il a martelé que nous étions en guerre, en guerre contre le virus ! Rien n’est plus faux ! On ne fait pas la guerre à un tremblement de terre ou à une inondation catastrophique. On ne fait la guerre qu’à un ennemi humain qu’il faut avoir le courage de désigner. Un virus quelle que soit sa contagiosité, sa dangerosité pour la vie, n’est pas un ennemi, c’est une chose dont il faut limiter les effets, et qu’il faut tenter d’anéantir. Il est frappant de constater que lorsque les ennemis étaient bien des humains, on prétendait faire la guerre au terrorisme, c’est-à-dire à une abstraction sans oser la définir de manière explicite, en parlant d’islamisme.
Dans le roman d’Orwell, 1984, qui est devenu une clef pour comprendre notre monde, la dictature de “Big Brother” règne par une surveillance quotidienne et pointilleuse des individus, une maîtrise de leur pensée par l’usage d’une “novlangue”, et par la pression d’une guerre avec un ennemi lointain qu’on ne voit jamais. Celui que l’on voit, c’est le traître, l’ennemi intérieur. Ces menaces justifient la présence obsédante de “Big Brother” sur les écrans. Certes, le ton empathique et doucereux de M. Macron lors de sa dernière allocution semble disqualifier la comparaison… Et pourtant, si le style est différent, les avantages pour le pouvoir d’inventer une guerre imaginaire sont les mêmes. La guerre appelle à l’union nationale et contraint l’opposition à modérer ses ardeurs critiques. C’est d’autant plus utile quand on n’a pas préparé la prétendue guerre en réunissant les moyens du combat, lorsqu’on a refusé de fermer les frontières, en affirmant que le virus n’avait pas besoin de passeport. Cette formule absurde était inconsciemment révélatrice : le virus est un ennemi qui franchit la frontière, mais ce n’est pas un homme, comme s’il ne fallait pas un homme pour le porter avec lui… Mais, ce serait là un crime-pensée comme dirait Orwell, une pensée politiquement incorrecte, l’idée que l’ennemi puisse être un étranger franchissant une frontière européenne… L’autre avantage, c’est pour le pouvoir de se trouver comme seul à bord : les passagers sont enfermés dans leurs cabines, les coursives sont désertes, le ravitaillement et l’entretien de l’équipage et de tous ceux qui sont sur le navire dépendent entièrement du capitaine qui multiplie les annonces de distribution gratuites de vivres, en échange de la discipline et des efforts de chacun. L’idée de pourchasser les contestataires sur les réseaux sociaux ou celle de “tracer” les gens complètent cet idéal liberticide. Les vingt minutes de peur chiffrée quotidienne du Grand Vizir de la Santé remplacent les deux minutes de haine de 1984…
La différence est que le bateau en guerre accostera un jour, en conservant peut-être certains de ses occupants en quarantaine. Or, le rivage sera celui du monde réel, celui où les ennemis sont des hommes, ceux qui dans de nombreux quartiers vivent déjà en dissidence, et entretiennent les braises d’une guerre civile, dont les médias taisent la virulence potentielle, ceux qui livrent à notre pays une guerre réelle de l’autre côté de la Méditerranée, ceux aussi qui sont nos concurrents économiques que nous refusons de voir, contre l’évidence, comme de vrais ennemis. Lorsque la parenthèse du virus se refermera, il faudrait que les Français se rendent compte qu’il sont en guerre et contre des ennemis véritables.
4 commentaires
De même que l’appellation peu critiquée “Guerre économique” est injustifiée !
Il est étonnant de constater que ce mot “Guerre” moins on l’ a connu, plus on en parle…
Le “nous sommes en guerre” de Macron est destiné justifier la limitation des libertés individuelles au profit du gouvernement. Profiter de n’importe quoi, par exemple d’un virus, pour affaiblir nos libertés, voilà bien une démarche socialiste. Macron est plus dangereux que le virus.
Vous parlez de perversion : bonne idée ! Les Français ont élu un homme qui souffre d’un trouble de la personnalité, la perversion justement mais narcissique qui n’est pas reconnue comme pathologie par l’OMS. Le terme même est très galvaudé et souvent utilisé à tort et à travers mais pour Macron, c’est bien cela à mon avis. Son cas est caractérisé et grave et il n’y a aucun espoir de le voir changer ; seule solution : le faire partir et de toute urgence. Pour parvenir à comprendre un tant soit peu le caractère dérangé de sa personnalité, il faut accepter l’idée, par exemple, qu’il peut prendre plaisir à faire et voir souffrir les autres, qu’il vit en permanence dans le mensonge et n’a aucun affect, traits caractéristiques du PN. Un deuxième pas serait de le démasquer pour tenter de le neutraliser mais peu de voix se font entendre dans ce sens aujourd’hui encore malgré l’évidence. Quant à celles et ceux qui vont peut-être être approchés prochainement dans la perspective de la formation d’un gouvernement d’union nationale, ils seraient bien inspirés d’adopter la seule tactique possible vis-à-vis de ce genre de personnage toxique : la fuite et les gestes-barrière…
Ci-dessous une présentation de la question par Christine Calonne :
Maison de la Francité : https://www.youtube.com/watch?v=dl8oEjSg6ZI
@ Ribus:
Pardon, mais les coupures d’électricité de l’extrême gauche durant les débats relatifs à la réforme des retraites auraient empêché le fonctionnement des hôpitaux et des cliniques, dès lors Emmanuel Macron a déclenché une dictature de salut public comme l’avait annoncé Edouard Philippe face aux députés de la France Insoumise. Jusqu’à maintenant, l’actuel président de la république française aura été histrionique en ayant annoncé un programme économique alors que la loi du 20 Décembre 2017 en droit français du travail a créé au moins une période quinquennale de chômage conjoncturel…