Le pouvoir qui règne en France joue-t-il les pompiers incendiaires ? Certes, ce n’est pas une “barbouze” du style Benalla qui a mis le feu à Notre-Dame, pas plus que ce n’est une vaste conspiration mondiale, à laquelle notre gouvernement “progressiste” participerait, qui est à l’origine du Covid-19, mais dans les deux cas, bien qu’à une échelle très différente, il y a un scénario analogue : l’Etat a un devoir archi-prioritaire de protection des biens et des personnes, que le législateur a même cru devoir inscrire dans la Constitution sous le nom de principe de précaution, revêtu de l’onction écologique pour satisfaire l’idéologie à la mode et placé dans cette intention dans la Charte de l’Environnement. Mais personne ne niera que le paysage historique de Paris ou la santé en général ne se situent dans le périmètre de cette exigence. Or, dans les deux cas, l’Etat n’a pas assuré cette obligation. Il n’a pas protégé suffisamment un des monuments les plus symboliques de notre pays, et laissé perdre un trésor architectural avec l’incendie d’une charpente exceptionnelle héritée du XIIIe siècle. Il n’a pas davantage réuni à temps les moyens nécessaires pour répondre à l’arrivée dans notre pays du Covid-19, alors que celle-ci était inévitable, et l’exécutif parfaitement informé comme l’a révélé en son temps Mme Buzyn, l’ex-ministre de la santé. En revanche, dans les deux cas, il a récupéré la catastrophe pour en faire un instrument de son autorité et de son rôle de sauveur suprême. A peine les flammes de Notre-Dame étaient-elles éteintes que le Président annonçait qu’elle serait reconstruite en cinq ans, et plus belle. On ne lui en demandait pas tant. Personne ne souhaite sérieusement, à part lui et quelques adorateurs frénétiques, qu’une flèche Macron sur la cathédrale ne soit de ce pauvre quinquennat comme la pyramide du Louvre le fut d’un double septennat calamiteux pour la France, la marque mémorielle. Mais la rudesse grossière du général Georgelin, à qui a été confiée cette restauration enjoignant à l’architecte des monuments historiques de “fermer sa gueule”, en dit long sur la volonté d’appropriation de l’Elysée sur cette opération, et sur sa tendance à maîtriser l’information et comprimer la contestation.
De même, alors que l’exécutif avait jusqu’à la mi-Mars, nié, puis minimisé l’importance et le danger de la pandémie pour les Français, il a mis depuis en oeuvre une “théâtrocratie” qu’on avait déjà vu déployer à grands frais, après la révolte des Gilets Jaunes, avec la succession de longs monologues présidentiels, appelée sans doute par antiphrase, grand débat. Gros plan sur le pompier en action, et oubli du premier feu… Chaque soir le Grand maître du Covid, le DGS Salomon, celui-là même qui avait été prévenu dès 2018, de l’épuisement du stock de masques, donne un bilan chiffré de la maladie en France, en tentant de présenter comme un grand succès les lits se libèrent, alors que le confinement, en installant une “distanciation sociale” à l’évidence contraire aux libertés les plus élémentaires, ne pouvait que ralentir la diffusion… sans éteindre les braises. Si la magie de la conférence quotidienne s’efforce de transformer un désastre réel en performance chiffrée, l’intervention présidentielle plus rare, mesure la grandeur du sinistre en affirmant contre l’évidence que c’est une guerre, et fixe un horizon, celui du salut par l’action de l’Etat, le 11 Mai. Chacun comprend que ce jour-là le pompier aura triomphé du brasier, et que la vie pourra reprendre, mais chacun sait aussi qu’un horizon est fait pour fuir devant soi quand on est en marche. Ce fut au Premier Ministre d’assumer ce caractère évanescent du cap poursuivi. On sait maintenant que le déconfinement se fera par étapes, géographiquement par département et socialement par type d’activité, et encore, rien n’est vraiment sûr. Il peut y avoir un retour de flamme… En tout cas, nul ne pouvait mieux faire que nos pompiers de l’Elysée et de Matignon. Aucune faute ne leur incombe. C’est aux Français qu’il revient d’être responsables et disciplinés. Comme disait le préfet Lallement, faut pas que les morts en réanimation viennent se plaindre s’ils n’ont pas respecté le confinement ! Ni responsable, ni coupable, le pompier, même s’il commence à craindre que son défaut de vigilance ne l’amène un jour devant des juges…
Un incendie peut en cacher un autre, un vrai celui-là, si on compte le nombre de voiture brûlées dans les quartiers dits sensibles, jusqu’à deux pas de chez moi, à Tourcoing… Paradoxalement, le pompier s’en désintéresse, et ses admirateurs n’en parlent pas, et devinez quoi, c’est pour éviter l’embrasement des cités !
7 commentaires
Quand on voit un Général ex- Grand Chancelier à la tête de la rénovation de Notre-Dame , je m’étonne de ne pas voir nommé un ex-Évêque en charge de notre crise sanitaire…
Si on tentait d’expérimenter le même drame sur une charpente miniature, on aurait peut-être des surprises… Vu le mal que je me donne à chaque fois, pour allumer un simple barbecue, je pense que certaines questions resteront à jamais sans réponse.
“Vu le mal que je me donne à chaque fois, pour allumer un simple barbecue”.
Bonjour Delafosse, je vous recommande cette méthode que j’ai expérimentée et qui est sidérante d’efficacité:
Méthode dite : Façon cheminée
Cette technique d’allumage consiste à placer une bouteille dans la cuve puis de l’enrouler avec du papier journal. Vous allez ainsi créer une cheminée en papier journal. Versez ensuite le charbon dans la cuve en veillant à bien plaquer le charbon sur la cheminée de papier journal. Enlevez ensuite la bouteille. Il ne vous reste plus qu’à allumer le bas de votre cheminée à l’aide d’une longue allumette.
” Certes, ce n’est pas une « barbouze » du style Benalla qui a mis le feu à Notre-Dame,”
Mais qui? le saura-t-on jamais? cela pourrait mettre le feu au Pays qui se reconnaît, malgré tout, dans Notre Dame; les explications données ont été un peu courtes, me semble-t-il. Quant à la reconstruction, pourvu que ce ne soit pas un massacre supplémentaire !
Le confinement est à géométrie variable, les voyous en sont-ils dispensés?
L’Etat à mal défendu un trésor architectural symbole de notre civilisation. Il ne défend pas davantage l’idée centrale qui sous-tend cette civilisation : la liberté individuelle.
Publication au journal officiel du jour de 3 avis de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Ces textes sont extrêmement virulents contre la dérive totalitaire du Pouvoir en place.
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000041842574
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000041842594
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000041842607
Que ce soit dans le Patronat, le Clergé, la Politique, l’Éducation, la Justice, l’Armée, Police etc….toute forme de “Pouvoir” acquise, déstabilise la personnalité humaine et rarement dans le bon sens !
Macron n’est pas une exception…et nous-mêmes ?
@ Ribus:
En plus, malgré l’article 16 de la Constitution de la Vème République française, la liberté de réunion est actuellement refusée à certains parlementaires de telle sorte que vous seriez présentement verbalisé, même si vous refusiez le port du masque et du foulard en invoquant la liberté du culte laïque.