Le mirage entretenu par la macronie s’est effacé. Le régime de l’illusion permanente et de la manipulation systématique vacille, titube et menace de tomber. Le prestidigitateur a perdu a main. C’est Bruno Le Maire, grand spécialiste du vide, qui avait défini Macron comme un homme sans projet, sans conviction. Pour une fois, il ne se trompait pas. Depuis cinq ans, Macron a anesthésié le peuple français avec la complicité de la majorité des grands médias. Ni les élections intermédiaires, ni la gestion des crises n’ont été des succès. Mais le concert des commentateurs flagorneurs et des sondages autoréalisateurs avait permis au bavard impénitent et narcissique de bénéficier de l’image positive du “maître des horloges”, maîtrisant le temps et les situations. La dernière manipulation de l’opinion aura été fatale : elle s’est retournée en prophétie autodestructrice. Celui qui paraissait avoir réussi l’exploit d’être réélu sans cohabitation et devait dans la foulée être soutenu par une majorité absolue selon l’habitude acquise depuis l’adoption du quinquennat prenait son vol à l’international et planait au-dessus des banalités politiciennes du quotidien. Les affres du covid avaient habitué les Français à la soumission, les débordements des Gilets jaunes avaient réuni le parti de l’ordre derrière le président, la guerre en Ukraine achevait le cercle de la peur dans lequel se blottissait le camp présidentiel. Celui-ci répondrait à l’appel lancé pour résister à une nouvelle menace, celle des extrêmes : l’extrême-droite universellement rejetée, battue à l’élection présidentielle grâce à cette répulsion entretenue et instrumentalisée par la macronie ; l’extrême-gauche que l’on agitait comme un drapeau rouge lors des élections législatives pour terroriser les retraités aisés. Le RN allait être marginalisé comme d’habitude dans ce type de scrutin. Mélenchon, qui prend un malin plaisir à se caricaturer, allait cette fois incarner le danger, et en même temps assurer la mobilisation des électeurs de droite pour sauver la macronie… Le scénario s’est brisé sur le pays réel.
Après une victoire facilitée par le coup d’Etat médiatico-judiciaire contre Fillon et une majorité énorme issue d’un vote terni par l’abstention record d’une France sidérée, Macron a pendant cinq ans joué les autocrates, affiché un mépris inouï à l’encontre de “son” peuple, et considéré l’Assemblée Nationale comme une chambre d’enregistrement servile. On chercherait en vain une réussite objective dans un seul secteur de la politique menée : l’endettement et la dépense publique à tout-va masquent très superficiellement l’état économique calamiteux du pays, l’insécurité et la violence croissent en raison d’une réponse pénale totalement dépassée, la nation est menacée de mort par la submersion migratoire et l’effondrement de la transmission culturelle. Une majorité de Français était consciente de cet échec, mais on a entretenu sa crainte d’essayer la seule réponse pour sortir de cette impasse : une politique de droite, nationale, libérale en économie et conservatrice sur le plan des valeurs. Zemmour fut donc écarté, puis Marine Le Pen parvint à mobiliser une grande partie des mécontents, mais sans devenir suffisamment crédible pour susciter un élan positif. Le front républicain avec une certaine mollesse rassembla donc au nom de la défense de la République les électeurs des centres urbains favorisés, les retraités inquiets, et la gauche militante mobilisée contre “l’extrême-droite”, que Marine Le Pen avec sagesse, mais non sans démagogie, ni banalisation, n’incarne plus.
La répétition du scénario de 2017 semblait couronner l’habileté tactique de Macron, qui ne faisait campagne qu’avec dédain, de loin, comme ennuyé, dans cette attitude outrageante qu’il avait manifestée à l’encontre de Marine Le Pen lors du dernier débat. La droite dite républicaine était terrassée, condamnée au ralliement, après son humiliation dans l’élection présidentielle et face à la gauche rougie de Mélenchon. La réalité d’un positionnement au centre-gauche de la macronie pouvait s’afficher tranquillement avec une femme de gauche “premier ministre”, un rejet massif du RN, et un discours discriminant allant jusqu’à préférer un communiste “républicain” à un patriote qui ne le serait pas selon elle. Patatras ! Le voile trompeur s’est déchiré : l’abstention a souligné le malaise des Français, la majorité présidentielle fondée sur l’opposition amollie face à l’extrême-droite n’est plus qu’une apparence, un décor qui se lézarde. Plus que jamais, l’archipel français s’est révélé jusqu’à imposer sa géographie sur les bancs de l’Assemblée nationale. La macronie des métropoles et des régions prospères, les fiefs de féodaux républicains ancrés dans les territoires, la poussée nationale et sécuritaire de la France périphérique des victimes de la mondialisation, la montée subversive des banlieues et des minorités séparatistes et destructrices composent ce nouveau paysage. Contre les doctes prévisions des instituts spécialisés, la macronie a perdu la majorité et elle ne l’a pas cédée au profit du conglomérat d’extrême-gauche, mais l’a perdue face au décuplement inattendu du nombre des députés nationaux, sans doute plus nombreux encore si davantage avaient pu grâce à une alliance avec Reconquête être présents au second tour.
La France en voie de déclassement, de remplacement, de basculement, vouée au déclin et à la décadence, se retrouve donc avec un président reconduit sans bilan ni projet et qui n’a plus de majorité pour faire semblant de conduire une nation dont la disparition est vaguement inscrite dans la vision qu’il a du long terme. Ce trou d’air politique inattendu l’a pris au dépourvu. Il annule et reporte le conseil des ministres. L’horizon est bouché : dans la brume, on devine les falaises de la dissolution ou de la démission, plus près du rivage les écueils des motions de censure et du blocage de l’Assemblée. Pour affronter les vagues du mécontentement face à la baisse du pouvoir d’achat mais aussi à la montée de l’insécurité sur tous les plans, sur qui compter ? La Nupes n’est qu’une entente électorale entre des partis opposés sur des questions capitales comme l’énergie. Peut-être pourra-t-il récupérer quelques socialistes… Les autres seront des opposants d’autant plus motivés par la concurrence. Peut-être se tournera-t-il vers les Républicains mais le plein de traîtres a déjà était fait jusqu’à Sarkozy… Il est rare qu’un homme qu’on a voulu assassiner embrasse son assassin. La première force d’opposition sera donc le Rassemblement National. C’est lui qui doit relever le défi le plus important : devenir assez crédible pour enfin redonner de l’espoir aux Français et leur offrir un chemin d’espérance et de confiance, devenir un véritable rassemblement !
6 commentaires
“Après une victoire facilitée par le coup d’Etat médiatico-judiciaire contre Fillon”
d’ailleurs les juges ont à nouveau bien travaillé (mais plus discrètement cette fois), puisque les libéraux de LR n’ont obtenu le vote que d’un électeur inscrit sur 20 environ.
“une politique de droite, nationale, libérale en économie et conservatrice sur le plan des valeurs”
C’est impossible (on est libéral ou conservateur), et une nouvelle couche de libéralisme n’est certainement pas ce qu’il faut.
Ce qu’il faut, c’est que les forcenés libéraux se décrispent, prennent un peu de temps de réflexion, et admettent (enfin…) qu’ils se sont plantés. Cela permettra d’aller vers un parti de droite rassemblé, enfin populaire…et efficace.
Au sortir de ce cycle électoral, il est intéressant de faire une étude sociologique des grandes villes comme Paris ou Lyon et des campagnes. La bourgeoisie, bien à l’abri des quartiers vérolés par la racaille, se répartit désormais du centre-gauche à l’extrême-gauche, les bourges ont voté Macron (flagrant dans l’ouest parisien), les riches y voyant leur intérêt à court terme se contrefoutent du destin de la France et du sort du reste de la population, les bobos Mélenchon. La France périphérique, quant à elle, celle qui souffre des effets de la “mondialisation”, qui est encore enracinée, est clairement à droite.
Et ça continue… Bon sang, mais lisez Bastiat et apprenez ce qu’est le libéralisme avant d’écrire de pareilles inepties !
Les puissances d’argent ne manipulent-elles pas le petit roquet présidentiel d’extrême-centre aujourd’hui? Dès lors, pas étonnant qu’il applique une politique dévouée à la bourgeoisie d’argent qui vote pour lui!
Il n’y a pas que Bastiat, Rueff aussi.
« Toutes les turpitudes de notre régime, j’en ai toujours trouvé la source dans des interventions de l’État. […] Et je crois qu’il serait dans un pareil régime plus de bonheur pour les masses que dans les systèmes malthusiens qui donnent à leurs auteurs toutes les apparences de l’action généreuse, mais organisent la misère et la ruine. »
— Jacques Rueff, Pourquoi, malgré tout, je reste libéral, 8 mai 1934
Le gouvernement n’assure plus les tâches régaliennes (probablement parce que le nom indique que c’étaient les tâches dévolues au roi – un roi, quel vilain mot, mieux vaut un loup dévorant paré des oripeaux du bon chien de berger). Résultat, la racaille tient le haut du pavé (il lui suffit de dire qu’elle est discriminée et/ou qu’elle vient d’un milieu défavorisé, elle est alors intouchable), les gardiens de la paix sont sommés de ne pas faire de vagues et de faire tenir tranquilles les bons citoyens qui auraient tendance à récriminer, voire même se révolter devant cet état de fait. Arrêter un voyou est dangereux pour un policier ou un gendarme : il risque des dommages physiques pendant l’interpellation, des “vengeances” contre sa personne, ses biens, ses proches. Les peines prononcées ne seront pas effectuées, ou seulement très partiellement. Le personnel pénitentiaire est lui aussi en danger et les caïds font la loi dans et hors de la prison. Je pense même que cela leur fait des vacances : ils sont logés, nourris, blanchis, et protégés des agissements de leurs concurrents qui pourraient souhaiter leur faire la peau par les services mêmes de l’Etat (même s’il y a parfois quelques ratés).
Et aucun signe de redressement. La décision la plus urgente serait de renoncer à l’organisation des Jeux olympiques, cela permettrait des Jeux dignes de ce nom et dégagerait un budget pour des choses utiles et non du bling-bling qui plaît aux bobos mais est financé essentiellement par la sueur des petits travailleurs. D’ailleurs, en cas d’entêtement, ce ne sera pas du bling-bling mais une catastrophe qui cette fois impactera aussi les bobos adorateurs de la pensée unique dictatoriale.