L’apprenti-sorcier et le barrage !

En 2017, les Français ont commis une faute magistrale en se soumettant à la manipulation qui, éliminant Fillon, faisait élire un ex-ministre de Hollande, Emmanuel Macron, venu du PS en passant par Attali et la banque Rothschild. Son profil et son absence d’expérience du terrain auraient dû les inciter pourtant à la méfiance. Comme l’avouait récemment son mentor Alain Minc, abasourdi par l’annonce intempestive de la dissolution, la créature s’est évadée du cercle de la raison. Pauvre Minc-Frankenstein ! Après sept ans de crises, l’hôte de l’Elysée avait marginalisé l’Assemblée, chambre d’enregistrement pendant cinq ans, et bordel, bousculé de loi en censure et de censure en passage en force par le 49/3 ou l’appui des comparses du conseil constitutionnel. L’apprenti-sorcier qui a hérité des institutions solides de la Ve République a réussi l’exploit de recréer la IVe République, le régime des partis et de la chambre ingouvernable, faute de majorité. Immédiatement après les résultats des élections européennes qui plaçaient le RN largement en tête devant le parti présidentiel, Narcisse, humilié, fit exploser sa majorité relative en prétextant qu’il voulait établir la clarté. Il disposait d’une majorité relative. Il en a désormais une autre qui n’est plus la sienne. Bravo l’artiste ! Non seulement, il a accru la confusion, mais il l’a fait d’une manière qui accentue le fossé qui sépare sa gouvernance du fonctionnement normal d’une démocratie.

La méthode fut d’abord la précipitation. La campagne de trois semaines au début de l’été fut expéditive. Elle évita les débats de fond et le temps de la réflexion sereine d’un peuple pour laisser place aux réflexes d’une foule désemparée. Ce fut ensuite la manipulation. Après un premier tour qui mettait le RN en position d’obtenir la majorité absolue, et donc le gouvernement, se déclencha le “blitz” de la semaine précédant le second tour. D’une part, on organisa des désistements systématiques pour éliminer les triangulaires afin de laisser le RN seul contre tous, soit contre la majorité sortante, soit contre la gauche, soit parfois contre LR. Une addition de voix disparates d’électeurs dénués d’idées communes a permis d’élire des députés dénués de programme commun, unis seulement par le stimulus du barrage. D’autre part, pour donner de la consistance à ce mouvement pavlovien se déclencha une hystérie anti-RN qui multiplia les tribunes et les appels contre une extrême-droite fantasmée, tandis qu’on oubliait l’extrémisme de gauche, l’état du pays, et l’immigration avec la délinquance, l’antisémitisme et la violence qui en sont les conséquences maintenant évidentes. La démocratie doit offrir au peuple la capacité d’indiquer une direction vers laquelle il souhaite aller. Les élections anglo-saxonnes à un tour le permettent clairement. Les Britanniques l’ont prouvé une fois encore avec une alternance, la semaine dernière. Le vote des Français soumis à l’impératif du barrage est un sens interdit qui va amener le pouvoir à tourner en rond en l’absence de majorité claire. Même la gauche unie tactiquement pour les élections ne l’est pas sur la politique à mener, et comme elle n’est pas majoritaire, il faudrait que les macronistes voire les Républicains s’allient à elle pour gouverner. Si le RN et ses alliés ont moins d’élus que les deux autres blocs, alliés de circonstance, ce sont eux qui ont mobilisé le plus grand nombre d’électeurs, 37,25% contre 25,33% pour le front populaire et 24,07% pour l’ex-majorité. Durant cette semaine noire, chacun a pu constater  l’existence d’un déséquilibre entre la gauche et droite, dans le peuple en faveur de la seconde, mais dans les groupes de pression en faveur de la première. Comment peut-on accepter dans un Etat de droit que des fonctionnaires annoncent leur intention de désobéir si le RN parvient au gouvernement ? Comment tolérer la sélection entre les événements ou les candidats systématiquement mis en oeuvre par la plupart des médias, qui ont discrètement permis à un gauchiste fiché S d’être élu à Carpentras tandis qu’on relayait des rumeurs que M. Attal faisait courir sur des candidats RN, celui d’Arras par exemple qui fut battu en dépit de son avance au premier tour.

M. Attal, comme M. Macron ont été membres du PS. On peut comprendre qu’ils n’aient pas hésité à favoriser la gauche. On comprend moins que des électeurs qui se croient de droite se soient laissés berner à ce point. Il est vrai que des élus que l’on croit de droite, Bertrand, Estrosi, Edouard Philippe, etc .. n’ont eu aucun scrupule à préférer des candidats d’extrême-gauche à ceux du RN. Quand on se tourne vers l’Italie ou l’alliance des droites existe depuis des décennies et occupe le pouvoir, on parvient à cette triste et vieille conclusion que nous avons la droite la plus bête du monde, et qu’en cela elle est bien représentative du peuple français qui a VEAUté hier. Ce dernier a une excuse : désormais, il y a aussi un autre peuple en son sein. La gauche n’est pas intelligente, elle est maligne et capable de tout pour se maintenir au pouvoir. Les désistements contre-nature de 2024 se situent dans la suite des apparentements de 1951 qui avaient empêché la victoire du RPF du Général de Gaulle, de la proportionnelle de 1986 qui avait handicapé la majorité de Chirac, du coup d’Etat médiatico-judiciaire de 2017. Les triturages et tripatouillages électoraux sont sa spécialité. Ils garantissent à bien des élus nocifs pour le pays de mener une longue et fructueuse carrière.

En face, la droite est bien maladroite. Comment expliquer la véhémence de Zemmour contre le RN, sa dispute brutale et publique avec Marion Maréchal ? Comment admettre le refus du RN de s’allier à Reconquête ? Comment accepter l’opposition des Républicains à une alliance de droite contre la gauche unie comme le souhaitait Ciotti ? Comment aussi ne pas s’étonner dans un pays qui vénère, certes à tort, les diplômes, que l’on ait proposé Bardella qui en a peu et qui n’a pas non plus d’expérience comme futur premier ministre, en le présentant comme le sauveur jusqu’à faire disparaître, sur les affiches, le candidat local ? Ce n’était pas le meilleur moyen de convaincre les électeurs macronistes ou LR hostiles à la gauche de pencher vers le RN.

Il est fort probable que nous revoterons pour élire des députés dans un an et plus. Le contre-sens commis hier ne peut résoudre les problèmes de la France. Il les accentuera. Il est donc logique que ce recul artificiel prépare un saut d’une grande ampleur. Nous sommes revenus avant 1958.

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2 commentaires

  1. Les Français n’ont commis aucune faute en 2017. Au contraire, les dirigeants et militants de LR, en s’obstinant sur une ligne qui a montré ses limites, ont conduit d’abord à l’élimination de leur candidat (qui, suite aux primaires, avait encore sur-enchérit sur cette ligne) puis à la décomposition de leur parti aux échéances suivantes.

    Cette ligne fautive consiste en un libéralisme idéologique (privatisations et mises en concurrence, particulièrement d’Edf ; pourrissement délibéré de l’éducation nationale par absence de remise en cause des réformes de la gauche, et par réformes propres à la droite, statut ou programmes du lyvée en 2010).

    Elle consiste également en une contribution à la mise à l’écart du FN/RN.

    On voit mal comment une alternance réelle serait possible tant que les dirigeants et militants LR (y compris les anciens députés alliés à ce parti) refuseront de se remettre en cause, et donc de remettre en cause cette ligne.

  2. Il y a une justice immanente! Ces sales bourges friqués moralistes qu’ont été les joueurs de l’équipe de France de foot durant cette campagne électorale ont été vaincus ce soir par l’Espagne! Je savoure cette défaite avec délectation! Que ces belles âmes redescendent un peu sur terre, se mettent au niveau des Français qui votent massivement à droite et, accessoirement, apprennent à jouer au foot au lieu de dire ce qu’il faut voter et pour qui!

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