La candidature de Robert Ménard pour les municipales de Béziers peut revêtir l’ampleur d’un séisme. La forte personnalité de l’homme, son courage, son combat incessant en faveur de la Liberté de la Presse et donc de la liberté d’expression en font un personnage hors du commun. Fondateur de Reporters sans frontières et Secrétaire Général, il n’a jamais craint de s’exposer pour défendre et protéger la liberté des journalistes. Son parcours politique peut paraître étrange, de l’extrême gauche à l’extrême droite. En fait, il est très logique : déranger, briser le système de la connivence des pouvoirs, transgresser en permanence la pensée unique et le politiquement correct. C’est sur ce chemin que je l’ai rencontré. Ce qu’on attend de lui à Béziers, c’est de faire souffler un vent de liberté, non pas de proposer une alternance classique et superficielle, mais de réussir une alternative au système paralysant qui limite l’offre politique à l’ump et au ps. La France est bloquée depuis 1981 entre de réformes idéologiques de gauche et la peur de la droite de les remettre en cause. Au niveau local, le passage d’un camp à l’autre ne se traduit pas par un changement politique : le socialisme municipal, des dépenses excessives pour soutenir une démagogie catégorielle, perdurent au-delà des alternances partisanes. La soif de pouvoir et de revenus de plus en plus confortables, qui s’additionnent discrètement, a développé le mille-feuille territorial. En revanche, le recul de la liberté est de plus en plus frappant. Une censure qui ne dit pas son nom multiplie les procès liés à l’expression de la pensée. On semble trouver normal qu’un manifestant non-violent soit en prison quand des pilleurs de trains de banlieue sont en liberté. En fait, les parlementaires, qui viennent deux jours par semaine à l’Assemblée ou au Sénat sont davantage mobilisés par leurs mandats locaux que par des questions de principe ou de valeur qui les intéressent peu.
La candidature de Robert Ménard à la mairie de Béziers, ce sera l’affrontement dérangeant entre un paradoxe et une imposture. Ménard est, en effet, un candidat qui a une stature nationale, et même internationale en raison de son activité de journaliste et de Secrétaire Général de Reporters Sans Frontières, et cependant, il va être Maire à plein temps d’une ville dans laquelle il a vécu auprès de ses parents, lorsque ceux-ci on quitté l’Algérie Française en 1962, pour s’installer dans le quartier populaire de la Devèse à Béziers. Il aura à affronter une quadruple imposture : comme l’ indiqué sans vergogne la responsable ump de la circonscription, un “chabada politique” va tenter de contrer l’offensive de Robert Ménard. Dans la mesure où la gauche est divisée à Bèziers, la “droite” va essayer de se maintenir en douceur en soutenant les maires en place dans quatre ou cinq communes des environs, notamment Sauvian. A l’évidence, il ne s’agit pas d’un accord de bonnes volontés en vue du Bien Commun mais simplement d’une entente de connivence afin de préserver un pouvoir. Contrairement à ce qu’avait annoncé le député récemment réélu, le cumul des mandats nationaux et locaux se perpétuera en cas de maintien de l’équipe en place : un député-maire et un sénateur et président de l’agglomération. Cette situation fera, comme l’a dit sans ambages le maire sortant du député-maire un maire annexe, député voué localement au quotidien tandis que le président d’agglomération se réservera les projets. Enfin, on voit dans le double discours de l’ump une quatrième imposture. Les affiches parlent de reconquête comme si les municipales s’inscrivaient dans une sorte de guerre civile où chacun des camps devait planter son drapeau sur des fiefs. Et on se rend compte à travers cet exemple que les élus sont prêts à toutes les compromissions avec l’adversaire pour se maintenir au pouvoir.
Robert Ménard lance aujourd’hui une opération pilote. Soutenu par de nombreux Biterrois, rejoint par Debout la République, par le RPF et par le FN, il casse un système qui consistait à faire monter les voix du FN, tout en maintenant les votes de 20% des Français dans une zone d’exclusion. En réunissant tous les Français, Robert Ménard bouscule le système et se dote d’une force de frappe électorale capable de réveiller la Belle Endormie qu’est Béziers, et de choisir entre les folies dépensières de Frèche à Montpellier et l’immobilisme de Couderc à Béziers, une troisième voie, celle d’un dynamisme réaliste et responsable. Dans le Nord, il y a un exemple d’une pareille remise en cause d’élus en place depuis trop longtemps pour répondre avec efficacité aux problèmes du jour : lorsque Borloo a gagné Valenciennes en 1989.
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