La Cour de Cassation vient d’annuler une décision de justice qui condamnait Christian Vanneste. Tant mieux. On se souvient que ce professeur de philosophie, député UMP du Nord, avait écrit dans un quotidien que l’homosexualité “était inférieure” à l’hétérosexualité. En fait, il laissait entendre que si tout un chacun était ou devenait homo, l’humanité aurait du mal à assurer sa reproduction, ce qui paraît difficile à contester. Quoi qu’on pense de ce raisonnement, et des récriminations subséquentes, il faut se méfier de cette traque aux opinions qui choquent ou dérangent, avec poursuites judiciaires à la clé. Elle rejoint fâcheusement les lois dites “mémorielles” dans un puritanisme dont la liberté d’expression fait les frais. On a le droit de préférer Chateaubriand à Robespierre, les Auvergnats aux Bretons, les Italiens aux Scandinaves -et de juger que la pensée de Pascal est “moralement supérieure” à celle de Coluche ou de Derrida. On a le droit d’aimer ou de détester telle école esthétique, telle figure historique, telle idole populaire ou telle confession, dès lors qu’on ne calomnie pas une personne déterminée.
Certes, il vaut mieux éviter de blesser quiconque, et Vanneste a regretté publiquement l’emploi du mot “inférieur”, qui a pu être interprêté comme l’expression d’un mépris, encore que les homos soient loin d’approuver tous l’action des lobbies censés les défendre. Certains refusent d’être identifiés à une minorité définie par ses préférences affectives ou sexuelles ; d’autres sont viscéralement hostiles aux happenings du genre Gay Pride. Bref, il n’était pas plus opportun de poursuivre Vanneste que les caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo : la liberté d’expression a beau avoir des effets pervers, elle reste précieuse ; ne laissons pas le bienséance, le conformisme ou l’électoralisme la mettre en berne. (…)
♦ Denis TILLINAC, dans Valeurs Actuelles, 20 novembre 2008
2 commentaires
Un grand bravo à Christian Vanneste qui a le courage d’affirmer publiquement son opinion sur un sujet tel que celui-ci, il est dommage qu’aujourd’hui peu d’hommes politiques osent en faire de même alors qu’ils n’en pensent pas moins.