Sans doute le calvaire judiciaire qui s’achève pour moi pourrait-il servir de support à une réflexion sur la dérive de notre “République”, ce mot dont l’usage inflationniste ruine la valeur. Le 16 Avril, la Cour d’Appel de Paris a prononcé ma relaxe . Celle-ci met pratiquement fin à 10 ans durant lesquels les actions judiciaires ont envahi ma vie politique. Cela avait commencé en Décembre 2004 par une très courte intervention dans l’hémicycle pour m’opposer à l’introduction de “l’orientation sexuelle” dans la loi créant la HALDE. Ayant eu l’idée scandaleuse et saugrenue de la répéter dans la presse, je fus poursuivi et je découvris à cette occasion le poids et l’acharnement du groupe de pression lié à ce sujet. Après un premier lynchage en règle, et le désagrément de devoir m’expliquer devant les tribunaux pour avoir, contrairement à beaucoup d’autres, fait mon “boulot” de député, cette première manche s’acheva en 2008 par une cassation sans renvoi qui souligna la totale ineptie des poursuites à mon encontre.
Quatre ans plus tard, dans une video d’une discrète association catholique, je m’opposai au mariage unisexe et m’inquiétai de la capacité du lobby de modifier l’opinion publique puisqu’il était déjà parvenu à faire croire qu’une déportation des homosexuels avait eu lieu en France durant la guerre. Je précisai, bien sûr, que celle-ci avait eu lieu en Allemagne, et dans les départements français annexés. J’eus à nouveau droit à une séance de lynchage réunissant de nombreux médias, mes adversaires politiques, et… l’UMP qui finit ainsi de me révéler la lâcheté, l’ignorance et la paresse qui règnent à la tête de ce parti. C’est d’ailleurs le jeune politicien professionnel que j’avais préparé pour ma succession qui l’a précipitée en se chargeant de mon exécution. Une nouvelle procédure judiciaire fut lancée contre moi. Elle ne visait pas l’exemple de la déportation, mais mon analyse du poids du lobby dans la politique et les médias. Tous les jours, cette importance se confirme. La reprise en boucle des mêmes arguments est d’ailleurs d’une drôlerie révélatrice. Ainsi, la déportation n’aurait pas été évoquée devant la Justice “pour des raisons juridiques” est-il répété sans cesse pour tenter d’expliquer que ce qui avait provoqué le tollé n’a pas eu de suite judiciaire. La raison juridique ? C’est que j’avais dit la vérité ! Mme Joly m’avait traité de négationniste. Elle a été condamnée pour diffamation et fait appel. Aucune “raison juridique” ne s’y est opposée. M. Placé a subi le même sort pour avoir jugé que, taxé d’homophobie, je devais aussi être raciste, voire antisémite. Frédéric Mitterrand m’avait collé l’étiquette de “condamné”. Pas de chance, c’est lui qui l’est, comme on dit dans les cours de récréation. La récréation est d’ailleurs le titre de son bouquin qui ne vole pas plus haut que l’auteur.
Mon histoire, c’est du Shakespeare : beaucoup de bruit pour rien. Au début, je suis la cible d’une vindicte généralisée et collectionne les noms d’oiseaux et les épithètes les plus désagréables. Le sulfureux voire l’ignoble personnage mérite le châtiment. Bizarrement, lorsque les faits ou la Justice me donnent gain de cause, je disparais des radars. Depuis que, sans la moindre raison légitime, l’UMP m’a mis sur la touche, j’ai pratiquement cessé d’exister. L’opération du lobby a atteint son objectif. Un élu capable d’argumenter et d’user de connaissances sur le sujet, bref un élu qui “bosse” a été bâillonné et par ailleurs empêché de continuer son travail parlementaire consacré à 99% à d’autres sujets plus importants. Je ne compte pas en rester là. Il est réconfortant de constater que les magistrats du Siège, à la XVIIe Chambre et à la Cour d’Appel de Paris, ont démontré la solidité de l’institution. La liberté d’expression n’est pas un bibelot décoratif. C’est pour une démocratie digne de ce nom, la loi et les prophètes ! Ce sont les politiciens qui fournissent aux magistrats l’occasion de réprimer la pensée parce qu’ils ont inscrit la censure dans la loi, comme ils ont rendu possible le laxisme judiciaire qu’ils ont aujourd’hui le toupet de mettre seul en cause, dans les drames qui occupent la “une”. Ce sont des journalistes qui lancent des chasses aux sorcières au mépris des valeurs de l’éthique qui devrait animer leur profession. Lorsque la liberté d’expression remporte une victoire contre le microcosme tissé de copinage et de connivence qui entend imposer sa pensée et ses pratiques au pays, un pas est accompli dans le redressement de celui-ci. La France souffre sous une oligarchie incompétente, égoïste, et dénuée de courage, plus empressée à faire taire les idées qui la dérangent qu’à dénoncer et châtier les turpitudes de ses membres. Mettre fin à son règne est un impératif de salut public !
12 commentaires
je suis tout à fait d’accord M. VANESTE, comme le disait CHURCHILL le socialisme est le totalitarisme, et à l’heure actuelle c’est ce que vit notre France, il va falloir une révolution pour revenir a une vie normale..
On devine les noms des très courageux Benjamin Lancar et Gérald Darmanin… Mais l’UMP qui vous écarta, avant même que la justice n’eût tranché (bien entendu, ils distingueront entre faute politique et faute pénale) n’obtint de toute façon pas la reconnaissance du mouvement GayLib qui lui était associé : tout de même, une entité qui avait ses entrées à l’UMP et qui refusait d’appeler ses militants et sympathisants à voter pour le candidat de l’UMP, cela valait bien la peine d’essayer de lui plaire… D’ailleurs, tout faire pour ne pas décevoir une minorité qui ne pèse probablement rien électoralement, en tout cas bien moins que ceux qui s’opposent aux revendications de cette minorité, cela donne une idée de la déconnexion des politiciens de la réalité.
Je vous avais interviewé après que la Cour de cassation vous avait blanchi, et j’ai bien envie de citer un extrait de vos propos :
” La compassion est un sentiment qui me paraît essentiel pour un chrétien, parce qu’elle est au cœur de la vie, mais elle doit être aussi dans la Vérité. Or, il est clair qu’elle est aujourd’hui utilisée, manipulée dans des buts liés au pouvoir et à la domination. La compassion, la victimisation jouées et suscitées par une désinformation habile doivent être dénoncées, car elles masquent les vrais malheurs qu’elles privent du nécessaire soutien. La désinformation et la manipulation des médias reposent sur des techniques très simples : associations pavloviennes d’idées, amalgames, mensonges devenus vérités à force d’être répétés. Par exemple, le fait que je ne sois pas favorable à l’institutionnalisation de l’homosexualité aboutit à « il pense comme Himmler ». ”
Et c’est bien là un grand drame de nos sociétés, la primauté de l’émotion, de l’image et de la pseudo-indignation : celle à la manière de Stéphane Hessel, bien sélective et ostentatoire. Je le constate très, trop souvent, s’indigner permet de se prendre pour un intellectuel sans avoir à rien démontrer. Notamment juriste et éthicien de formation, quand j’entends parler de “droits” ou le mot “éthique” employé à toutes les sauces sans démonstration, je me dis que nous vivons dans une époque bien étrange : jamais nous n’avons autant eu accès à l’information, l’instruction, et pourtant nous ne sommes apparemment pas plus posés intellectuellement que nos ancêtres. Peut-être pas moins, mais pas davantage semble-t-il. On se gave juste de mots creux pour se faire plaisir, on s’indigne pour se sentir exister, et puisque l’on ne veut pas exister avec déplaisir, on s’indigne dans le sens du vent, croyant peut-être souvent à tort que les médias donnent la vraie tendance de l’opinion publique. Et puisque trop le croient peut-être, nombreux sont ceux qui expriment leur indignation à deux balles pour ne pas choquer leurs voisins de palier qui, eux aussi, s’indigneront pour ne pas choquer les premiers. Un certain de Gaulle qualifiait les Français de veaux, certes au sujet de l’Occupation, mais cela vaut pour le reste (et cela vaut dans bien d’autres pays que le nôtre)…
Quand l’indignation ne suffit pas pour étouffer l’argumentation, on menace, on poursuit, on censure. J’en ai encore fait les frais hier dans une discussion au sujet du meurtre de la petite Chloé où, soutenant des partisans de la peine de de mort face à ceux qui les qualifiaient de frontistes et mettaient en doute leur intelligence, j’ai vu plusieurs de mes messages très polis, pas du tout illégaux censurés : quand un modérateur constate que celui qu’il approuve voit ses arguments démontés, il reste les ciseaux pour son contradicteur. Et, cependant, ces gens auront peut-être la conviction d’être encore des Charlie. Ils ont peut-être leur liberté d’expression, mais certainement pas de liberté de penser, ils se contentent de suivre les feuilles mortes dans le vent, comme aurait dit Gustave Thibon.
Vos condamnations étaient aussi les nôtres…en tous cas vécues comme tel par beaucoup d’entre nous .
On comprend pourquoi de nombreux Députés préfèrent dormir plutôt que de s’exprimer et dénoncer en toute liberté …..On peut par ailleurs constater à regret que le Peuple en fait autant !
@ Monsieur le Député Christian Vanneste:
Je tiens à rappeler que Gérald Darmanin avait déclaré publiquement qu’il ne se présenterait jamais contre vous et je pense que sa propension à manipuler l’opinion publique explique qu’il ait été choisi comme porte-parole de Nicolas Sarkozy.
Eh bien, ça ne se bouscule pas dans les médias pour annoncer la nouvelle : Le Parisien et Têtu pour le moment. Évidemment, Têtu ne pouvait pas ne pas en parler…
Vous faites désormais partie de la confrérie des Chevaliers de la liberté d’expression, hommes d’honneur et de talent qui ont subi les foudres de la police de la Pensée.
Vous étiez dans votre bon droit mais vous avez eu de la chance aussi. Car aujourd’hui, il faut avoir un bon dossier, un bon avocat et la chance d’être jugé par des juges impartiaux, non politisés et soucieux d’appliquer le droit.
Bravo pour cette victoire.
Bonsoir M. Vanneste, Ne craignez pas d’être seul quant à subir ou pour avoir été trahi. Rien de commun par rapport à ce qui vous a touché. Moi, je suis victime de ce que l’on appelle, dans le jargon de la société savane, d’un aléa thérapeutique. En clair, pour vous et moi, un permis de tuer sans sommation. Pour faire court, un cancer à la vessie…. une impossibilité par le praticien de me sonder… il utilise un mandrin et pénètre de force dans ma vessie pour me faire subir 9 séances d’instillation, pour palier à une éventuelle récidive, de bécégéthérapie (bacille de coke). Des bactéries qui, dès lors qu’elles sont en contact avec le sang (hématurie) déclenchent la tuberculose. J’ai donc eu la tuberculose avec miliaires …. 6 mois de traitement assortis de nausées, de claquages, de mal être, etc…. Un refus de délivrer un dossier médical…. une procédure … pré-dirigée pour aboutir vers un expert (collègue de mon contaminateur). Une justice à la pointure de la dite société savante …… avec une dépense de plus de 30 000 € pour mon cas ! Et en récompense de m’être attaqué contre un monsieur de notoriété locale …. je suis condamné pour avoir osé porter plainte contre un praticien qui a commis une faute, puisque, quelques semaines après avoir abandonné les soins par ce praticien, c’est un autre spécialiste en urologie qui a découvert que je ne pouvais pas être sondé sans risquer de me blesser. Mais, de vous à moi…. de votre cas, comme du mien …… cela ne défraie pas les chroniques….. ce qui intéresse le journaleux ….. c’est l’assassin, violeur de Chloé …… (parce que c’est un Polonais) … Ah ! si cela avait été un ……. ni son nom…… j’arrête parce que je sature tellement nous sommes entrés dans un monde …… immonde !
Les journalistes auront tenté de diffuser beaucoup de néologismes systématiquement utilisés dans des débats pompeux et superficiels. “Droitisation”, “bravitude”, “homophobie”, “éco-responsabilité” ressemblent pourtant à la Lingua Tertii Imperii dénoncée par Victor Klemperer, ce qui devrait faire réagir les esprits lettrés. Sans prendre les temps de définir les mots qu’ils utilisent, les censeurs médiatiques tracent une ligne manichéenne entre les tenants de la pensée unique et ses opposants. Electoralement, ce procédé est redoutable puisqu’il repose sur des procédures judicaires iniques.
L’affaire Vanneste est tout à fait symptômatique des moeurs politico-juridiques dans ce pays. Je ne dis pas des moeurs politiques et des moeurs juridiques car l’autre affaire du “Mur des cons” a révélé un “magistral” tropisme.
Trahi oui, dans un parti les places sont chères et le principal ennemi est souvent dans son camp.
Condamné non, et quand bien même, les lois qui se concoctent permettront des atteintes liberticides, alors condamné la belle affaire, n’en serait-on pas un honnête homme pour autant.
Christian Vanneste, pour ce que je le connais, est un de ces honnêtes hommes, trahi, condamné ou non, c’est le non qui a prévalu, mais le courage ne s’arrête pas à la décision d’un juge.
@ Xavier Collet:
Admettons que Jean-François Copé ait exclu de l’Assemblée Nationale un Député qui, par son comportement, renie ses déclarations publiques. Dans ce cas, comment se fait-il que Jean-François Copé ait obtenu l’investiture UMP pour les Municipales de 2014, alors que ce dernier s’était maintenu à la présidence de l’UMP, s’appuyant ainsi sur des fraudes électorales ayant totalement contredit les déclarations du Député-Maire de Meaux pendant la campagne interne de 2012 ?