L’Europe est une grosse baleine échouée sur la plage où débarquent des milliers de clandestins qu’elle est bien incapable de contrôler. Elle vit encore assez pour nourrir les crabes qui se régalent à ses dépens, élus et fonctionnaires dont on est bien en peine de savoir quel service ils rendent vraiment aux Européens. On sait seulement ce qu’ils coûtent, quels problèmes ils sont incapables de résoudre et quelle réglementation stérilisante ils sont aptes à produire. Il y a par exemple 751 députés européens élus à la proportionnelle qui ne rendent aucun compte à des électeurs qui ne les connaissent pas. Ils dépendent davantage des partis qui les placent en position éligible sur des listes et s’inscrivent dans des groupes politiques aux idées assez floues, et aux contours mal définis au sein d’un consensus mou de bon aloi dans cette institution confortable. Une démocratie parlementaire consiste à représenter le peuple par des élus qui expriment en son nom la volonté générale. Comme à l’évidence il n’y a ni peuple européen, ni volonté générale , les députés européens ne représentent rien. C’est tellement vrai qu’ils n’ont ni l’initiative législative qui appartient aux technocrates de la Commission, ni le pouvoir de légiférer qu’ils “partagent” avec le Conseil. Le coût de ces élus est équivalent à celui des députés nationaux dont la représentativité et l’utilité sont moins contestables. Le flux de règlements et de directives qui inonde notre continent est essentiellement d’origine technocratique au confluent des cabinets, des bureaux et des lobbys. 55000 fonctionnaires servent la machine. On a pu souligner combien celle-ci affectionnait la réglementation détaillée d’activités aussi essentielles que, par exemple, le conditionnement de l’huile d’olive sur les tables des restaurants.
Précise et minutieuse dans le détail, la technocratie européenne qui a vidé l’Europe de son élan et de son esprit s’est révélée impuissante à réaliser ses objectifs et incapable de faire face aux principaux défis qui se dressent devant elle. Pleine de morgue, elle avait projeté, avec la stratégie de Lisbonne, entre 2000 et 2010 de générer l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde. Malgré les étoiles favorables qui se sont alignées dans le ciel ( faibles taux d’intérêts, euro faible et baisse de l’énergie et des matières premières) elle en est encore à se réjouir de taux de croissance médiocres et d’un chômage qui reste élevé, si on compare ces chiffres à ceux des Etats-Unis. En Juin, le taux de chômage américain est tombé à 5,3% et sur un an la croissance s’est élevée à 5%. L’Europe des 28 compte 9,6% de chômeurs et sa croissance est de 1,8 %. Si on se limite à l’Eurozone, c’est respectivement 11,1% et 1,5%. L’idée que les chiffres sont d’autant moins bons que l’Europe est davantage intégrée vient vite à l’esprit. Encore faut-il tenir compte de l’écart entre le nord et le sud, avec un chômage supérieur à 20% pour des pays comme l’Espagne ou la Grèce, du rattrapage effectué par les pays nouvellement entrés ou durement touchés par la crise, et du vieillissement de la population, qui devrait être un sujet angoissant.
C’est ce dernier point qui rend particulièrement inquiétante la satisfaction béate du Commissaire européen aux migrations, Dimitris Avrimatos, un diplomate grec, vieux routard de la politique depuis 1993, et recyclé à Bruxelles, selon l’habitude, pour avoir échoué à prendre la présidence de Nouvelle Démocratie à Athènes. Selon lui, tout est donc pour le mieux sur les rivages européens. Schengen doit rester en dehors des discussions. Comme d’habitude, la politique européenne est à voie unique, à voix unique aussi, qui est celle du savoir des technocrates face au “populisme”. La poussée migratoire est une déferlante. En 2014, les franchissements illégaux des frontières ont augmenté de 164%, les demandes d’asile de 45%. Depuis le début de l’année, les demandes de protection ont grimpé de 78% : 565 000 en six mois ! Face à ce qu’il considère comme une fatalité, heureuse à la limite, notre Commissaire rappelle que les migrations sont dans l’ADN européen, en oubliant que celles-ci se faisaient en sens contraire et ont permis d’étendre notre culture sur une bonne partie du monde. Pour lui, il s’agit d’élargir l’Union, d’aider les pays limitrophes (175 millions d’Euros d’aide à notre grand “allié” turc), de favoriser les “routes légales d’accueil”, et d’assurer la répartition des réfugiés. En amont et en aval, au Niger comme en Grèce, des “hotspots” , l’un de ces termes miraculeux qu’affectionnent les technocrates, comme si le seul fait de les employer avait déjà résolu le problème, vont étayer l’accueil des migrants. A aucun moment, notre Commissaire ne sort de son étroite spécialité. Que l’Europe devrait davantage se préoccuper de sa natalité, du plein-emploi des Européens, de la sécurité de ses frontières, de la paix dans les pays touchés par le fanatisme qu’elle pourrait balayer facilement si elle le décidait, sont des sujets qui ne sont pas de sa compétence.
L’Europe est une Big Mother sénile, prête à réglementer en tous sens, à protéger de tout toutes et tous, mais dont les comportements sont à ce point incohérents et aveugles que ses protections tatillonnes nous exposent davantage au danger. Un discours purement technique et politiquement correct associé à une absence de volonté forte conduit à une effrayante passivité de l’Europe devant son déclin et, demain peut-être, son engloutissement.
2 commentaires
Parait-il que le Sénat est incontournable dans une démocratie.Alors pourquoi ne pas créer un sénat européen.La soupe sera bonne,je suis candidat , personne ne se révoltera contre cette initiative puisque plus personne ne se révolte sur rien !