“Nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne”. Cette phrase du Général de Gaulle rapportée par Alain Peyrefitte, qui explique la politique “algérienne” du Général par le réalisme politique beaucoup plus que par les principes abstraits qu’on lui prête souvent, est avec raison utilisée pour mettre en garde contre une immigration excessive qui aurait finalement le même effet que le maintien de l’Algérie française : une disparition progressive, démographique et culturelle de notre nation. Celle-ci est déjà en marche. La récente élection présidentielle en a sans doute accéléré le processus.
Le terrain privilégié de la campagne a été l’économie. Ce choix a mis à l’écart les questions de l’identité menacée de notre pays, de la sécurité de ses habitants, par rapport au terrorisme mais pas seulement, et celle de notre politique internationale. La droite a enfourché ce cheval de bataille en étant persuadée que sa compétence, à l’évidence plus grande que celle des socialistes, allait être accentuée aux yeux de l’opinion par les cinq années désastreuses du mandat Hollande résumées par l’échec de la prétendue lutte contre le chômage. Le programme de Fillon était de loin le plus sérieux et le plus cohérent sur ce point. Il s’est heurté à trois obstacles mortels. D’abord, le candidat masqué de la gauche, le président actuel, avait gommé son socialisme originel, abandonné à des démagogues, l’un habile et l’autre ridicule. Le ralliement d’hommes soi-disant de “droite” dès le début de la campagne, comme la nomination de deux ex-LR aux ministères de l’économie et du budget après l’élection, participent à cette entreprise de séduction par l’économie qui a fonctionné auprès du Medef et d’une partie de l’opinion. Un banquier est efficace en économie ! L’expérience de la crise des “subprimes” aurait pourtant dû éteindre cette illusion, notamment à l’égard d’un professionnel à l’expérience très limitée. Mais, le programme tardif du candidat élu avait le grand mérite d’être beaucoup moins sévère que celui du gaulliste. Le premier visait le succès électoral à tout prix, l’autre le redressement du pays. Les Français qu’on traite à la morphine de l’assistance, de l’emploi public débordant et de l’endettement depuis près de quarante ans ont préféré la thérapie douce au remède de cheval. Le coup de Jarnac fut porté par le duo justice-médias : un mis en examen, manifestement soucieux de son niveau de vie familial, pouvait-il être aussi exigeant envers ses concitoyens ? L’autre “droite”, le Front National, n’a pas voulu être en reste, et a laissé ses positions économiques prendre le dessus dans le débat sur ses revendications en matière de sécurité et d’immigration. L’abandon unilatéral de l’Euro et la démagogie sociale ont empêché beaucoup d’électeurs de droite sérieux de rejoindre un pareil projet au second tour. La droite a perdu la bataille de l’économie contre toute attente.
Sarkozy avait été au Budget, à l’Intérieur et à l’Economie. C’est le Ministre de l’Intérieur (et son Kärcher au service de l’identité nationale) qui a été élu en 2007. Il fallait déployer la stratégie sur le même terrain, celui où le président élu n’a aucune compétence et fait même preuve d’ignorances coupables. L’économie n’est pas une fin mais un moyen. Seul un pays prospère peut défendre son existence et son identité. Macron pense qu’il n’y a pas de culture française mais des cultures en France parce que sa logique lui fait concevoir la France comme un territoire plus que comme une histoire et le peuple français comme une population, non comme une nation. Ses déclarations favorables à l’immigration lui font envisager celle-ci comme un atout économique, d’ailleurs discutable, sans tenir compte des problèmes culturels qu’elle engendre. La majorité des Français sont blancs. Ce n’est pas décisif, mais dès lors que selon le modèle américain, on considère la couleur comme une barrière qui sépare de prétendues communautés, on crée alors des risques de conflits. En revanche, la culture, et la religion, dont les sots seulement ignorent le rôle culturel considérable, sont au coeur de l’identité et de la cohérence d’un groupe national. Sur ce plan, la religion musulmane pose un problème particulier : contrairement au christianisme ou au bouddhisme, elle n’est pas violente par accident. Elle est née dans la guerre. Certes beaucoup de musulmans se sont éloignés de cette origine, mais le risque subsiste comme en témoignent le terrorisme actuel et le fait que, dans le monde entier, il n’y a guère de pays où la présence de musulmans n’engendre pas des frictions communautaires. De plus, la discrimination est essentielle dans cette religion, puisqu’elle institue une supériorité du musulman au détriment des adeptes d’autres confessions, et professe un sens aigu de l’inégalité, notamment entre les hommes et les femmes. La critique de ces aspects de l’islam n’a rien d’une phobie et le discours convenu sur l’égalité des religions relève de l’aveuglement. L’identité française subit deux menaces, celle d’une population musulmane excessive, mais aussi celle d’une absorption par le Mac-World anglo-saxon. L’Europe, même délivrée de l’Angleterre, et dominée par l’Allemagne, ne nous protégera pas sur ce plan puisqu’elle est un vecteur de la mondialisation et que l’Allemagne est une zone de prospérité relative qui, subissant le poids de l’histoire, répugne à s’affirmer comme nation. Face à la “catastrophe populiste”, le candidat élu en France est donc apparu comme le sauveur de la mondialisation en marche. La caste dominante et ses médias lui en sont infiniment reconnaissants.
On remarquera enfin que Macron a gagné contre des candidats, François Fillon et Marine Le Pen, qui, tous deux, souhaitaient une réorientation à l’égard de la Russie de Poutine. Il y avait là au moins une volonté d’indépendance sinon de solidarité civilisationnelle avec un grand pays, européen et chrétien essentiellement, qui cultive l’héritage grec à travers l’orthodoxie comme nous avons hérité de Rome par le catholicisme. La Russie et la France avaient une mission reconnue à ce titre de protection des Chrétiens d’Orient, que la Russie a retrouvée alors que notre pays y manquait. On dira bien sûr que l’on doit s’éloigner de Moscou au nom de la démocratie et du droit international. Les mêmes qui ont empêché Trump de se rapprocher de Poutine cherchent aujourd’hui à l’évincer. Ce sont eux qui tressent des louanges au nouveau président français. Chez BFM, “embourbé dans les affaires” est un titre qui vise aujourd’hui Trump après avoir servi contre Fillon. Cette servilité des médias pour manipuler l’opinion au profit d’une pensée unique de même que l’alliance avec des démocraties aussi rayonnantes que l’Arabie saoudite devraient modérer notre arrogance au nom des droits de l’homme et de la démocratie. Ce sont des mots d’autant plus souvent proclamés qu’ils correspondent de moins en moins à la réalité.
14 commentaires
Macron élu le 7 mai, des magasins ouverts le 8 mai. Le symbole est là : le tout économique, ne parler que de performance économique, de rendement…
Je suis libéral en économie, mais le 8 mai, le dimanche, ça compte pour moi ! C’est ce qui scande notre mémoire nationale, nos semaines. C’est là où les familles ont un temps précieux pour elles dans la semaine (et pas, comme le prétendait le ministre du Travail à l’époque du débat sur le travail dominical sous Sarkozy, un repos dont la suppression serait compensé par l’ouverture des crèches : tiens, on créé de l’emploi !). Le tout économique, c’est aussi donc ce travail du dimanche qui défait la société (rencontres cultuelles, sportives, etc.) et les familles, qui permettent d’inscrire les individus dans une histoire commune, prolongeant celle que nous ont léguée nos pères.
Je préférerais que la France soit la 15e puissance économique mondiale, mais pleine de son identité, de son histoire, toujours parcourue de ce qui a fait son génie et sa renommée, sa beauté, plutôt que de la voir dans les premiers de la classe dans un monde uberisé, aux pays multiculturels sans âme. J’écoutais encore ce matin la chanson de Duteil, “La langue de chez nous”, et je vibre pour cette France. Non, tout n’est pas qu’économique, j’aime profondément mon pays parce que je m’inscris dans son histoire. Allez, je partage cet amour pour notre langue qui nourrit notre âme, façonne notre manière de voir le monde : https://www.youtube.com/watch?v=kSS8LmgmOg8
Des gagnants de la mondialisation ont su hiérarchiser les priorités : à quoi bon un homme performant économiquement s’il n’est pas enraciné ?
https://www.lesalonbeige.fr/des-gagnants-de-la-mondialisation-voteront-marine-le-pen/
Entièrement d’accord.
Moi aussi .
Merci de nous avoir rappelé cette superbe chanson d’Yves Dutheil, que ne l’apprend-on dans les écoles, et qu’attendent les radios pour nous la repasser.!
Je pense aussi à ces “journalistes qui massacrent notre langue (ex: “actu” pour actualité, ou “détone” pour “dénote” et vise-vers! dans trop de leurs écoles on enseigne plus la technique que le contenu, et la déontologie)…l’économie encore avant la culture…
Il est à noter que de Gaulle place la culture grecque et latine avant la religion chrétienne.
C’est logique : elle est venue avant, participe davantage au terreau culturel indo-européen, est demeurée après avec les Lumières, mais le christianisme surtout catholique est lui-même gréco-latin. Il est plus juste de parler d’hélléno-christianisme que de judeo-christianisme.
Le christianisme eut la chance de rencontrer la culture gréco-latine, mais il n’est pas grec pour autant (Nietzsche l’avait bien montré).
Il serait plus juste, comme le pensait Derrida, de parler de judéo-islamisme (et de christianisme tout court).
” la culture, et la religion, dont les sots seulement ignorent le rôle culturel considérable, sont au cœur de l’identité et de la cohérence d’un groupe national. ”
La religion n’est plus, après l’Humanisme, les Lumières, le Positivisme, au cœur de la nation française. L’incroyance est la deuxième conviction de France. Des concepts théologiques tels que la Révélation, la Résurrection, l’Immaculée-Conception, le libre-arbitre (pour exonérer le Dieu de l’existence du mal), les grâces efficace ou suffisante, ou encore l’infaillibilité pontificale (concile Vatican I, 1870), ne sont qu’à usage religieux interne, sans apport réel à notre civilisation, et en aucun cas des ” valeurs “. À la vertu théologale de charité, la civilisation laïque oppose l’exigence de justice.
Oui, mais il ne s’agit pas de la religion conceptuelle, mais de religion sociologique qui continue à déterminer des comportements et des préceptes de vie chez les incroyants qui en héritent. Exemple : chez les chrétiens, on n’égorge pas son mouton en famille.
Chez les incroyants non plus !!
Il fallait lire, chez les incroyants de tradition chrétienne.
À noter que les deux partis arrivés en second tour de la présidentielle sont ceux qui avaient UN leader. PS et LR souffrent de polyarchie.
Très juste.