A nouveau, les combats reprennent en Libye, et comme d’habitude, l’ONU affirme qu’il ne peut y avoir de solution militaire, mais seulement une solution politique. La plupart du temps, la solution politique intervient néanmoins après la victoire militaire de l’un des camps en présence, malgré le ballet diplomatique déployé pour trouver un accord, et parfois en le déchirant sans vergogne, une fois signé. C’est ainsi que les communistes du Nord-Vietnam avaient annexé le sud après le départ des Américains, en dépit des Accords de Paris, signés le 21 Janvier 1973, qui avaient permis à la mascarade annuelle du Prix Nobel de la Paix de récompenser les signataires, Henry Kissinger et Le Duc Tho. Dès 1975, la dictature communiste d’Hanoï, qui avait obtenu le retrait des Américains, et avait laissé des troupes au Sud-Vietnam, reprenait l’offensive, facilitée par les difficultés intérieures aux Etats-Unis à la suite du Watergate. Elle s’emparait de la totalité du pays, provoquant l’exode des “boat-people”, de vrais réfugiés, ceux-là, dont 250 000 moururent en mer, tandis que nos crétins d’intellectuels “français”, mais surtout gauchistes, se réjouissaient de la “libération” de Saïgon. Le Congrès américain avait refusé d’aider les soldats sud-vietnamiens que les Etats-Unis avaient formés et équipés et qui, pour beaucoup, se sont défendus avec courage, sont morts, ou ont subi une longue captivité. La lâcheté et la sinuosité du comportement international des démocraties sont hélas une constante de l’histoire, comme le sont aussi la détermination et, souvent, l’efficacité des dictatures et autres régimes autoritaires. Certes, il y a des exceptions heureuses, comme la réponse de Mme Thatcher aux militaires argentins, lors de la guerre des Malouines en 1982. Un des rares chefs de gouvernement ou d’Etat démocratiques à faire preuve de volonté et de rigueur, avait gagné la guerre, gardé les territoires britanniques… et fait tomber une dictature. Bien sûr, les Nations Unies, divisées entre le colonisateur et la dictature de droite, avaient inutilement appelé à la concertation…
Le Nobel norvégien a encore fait plus fort en auréolant Barack Obama, dès 2009, sur ses bonnes intentions. Dix ans plus tard, son retrait des troupes américaines d’Irak, son discours pro-islamiste du Caire, et son soutien au prétendu printemps arabe laissent le champ de ruines, les monceaux de cadavres, la multiplication des métastases terroristes et l’éclatement des territoires que sa politique criminelle d’indécision et de choix funestes a provoqués. Parmi ses victimes figure la Libye : lors du vent de révolte contre les dictatures militaires arabes, le colonel Mouammar Kadhafi avait été renversé, après huit mois de “guerre civile”, de Février à Octobre 2011. Les Occidentaux avaient aidé directement les rebelles, les médias des grandes démocraties avaient désinformé l’opinion avec enthousiasme, et chacun avait applaudi lors du massacre bien peu glorieux du “tyran”. Celui-ci n’avait pas été contesté par un peuple qui n’existe pas. Il tenait d’une main de fer une mosaïque tribale prête à éclater entre Arabes et Berbères de l’Ouest et de l’Est, eux-mêmes répartis en tribus rivales, Banu Slim, Megarha, Warfala, etc… et évidemment, Kadhafa. S’y ajoutent les Touaregs et les Toubous du sud. Comme dans les autres pays arabes, la révolte populaire apparente a masqué la tentative des islamistes, et notamment des Frères Musulmans, de s’emparer du pouvoir. L’opération avait donc le soutien primordial du Qatar et de la Turquie, comme en Syrie. Les Occidentaux, et la France de Sarkozy, avaient été les mercenaires dévoués et naïfs, mais pas forcément désintéressés, de la manoeuvre qui avait écrasé le régime. L’ineffable BHL en avait été le grotesque chantre. Après la chute et l’assassinat du despote, la Libye a explosé en laissant percer sa réalité : une myriade de milices tribales, locales, ou islamistes, jalouses les unes des autres, et puissamment armées par les Occidentaux et les commanditaires arabes ou turcs du renversement du régime. Peu à peu, la situation s’est clarifiée pour faire apparaître deux forces : à l’est, l’Armée Nationale Libyenne du Maréchal Khalifa Haftar, ancien officier de Kadhafi, mais opposant de longue date, basé à Benghazi et Tobrouk, soutenu par le Parlement élu en 2014 et par un certain nombre de pays, comme les Emirats Arabes Unis ou l’Egypte ; à l’ouest, le GNA de Tripoli, “gouvernement d’union nationale”, présidé par Fayez Al-Sarraj, et s’appuyant sur le Conseil d’Etat, une sorte de sénat issu, lui, des élections de 2012. Il bénéficie de la reconnaissance de la “communauté internationale” puisqu’il est le résultat de l’accord inter-libyen de Skirat de 2015, promu sous l’égide de l’ONU. Derrière cette façade, il y a la réalité des milices dont celle de Misrata, fer de lance anti-Kadhafi, et proche des Frères Musulmans. Actuellement, les forces “nationalistes” de l’Est essaient de s’imposer à la galaxie islamiste de l’Ouest, et personne ne s’étonne plus de l’acharnement de l’ONU à faire perdurer une situation plus explosée qu’explosive qui est la cause de ce flux de migrants qui cherchent à parvenir en Europe, et des multiples trafics qui l’accompagnent ou nourrissent l’islamisme du Sahel. Il paraît évident qu’ici comme en Syrie, la solution est militaire et doit donner l’avantage aux nationalistes sur les islamistes. Le Maréchal Haftar a constitué une armée qui s’est imposée dans le Sud, et a pour objectif de contrôler les frontières : c’est l’intérêt des Européens (https://www.elwatan.com/edition/international/crise-libyenne-comment-haftar-a-renverse-le-rapport-de-force-en-sa-faveur-07-03-2019) et de la France en particulier. Mais de l’ex-Yougoslavie au Moyen-Orient en passant par le Rwanda, les méandres diplomatiques du “machin” qu’on appelle l’ONU n’ont débouché que sur deux résultats : soit le chaos permanent, soit la victoire de l’un des adversaires, et pas nécessairement le meilleur. C’est l’ONU qui avait décidé une “zone d’exclusion aérienne” pour empêcher l’aviation libyenne de bombarder. Les avions de l’OTAN, français en particulier, en avaient profité pour bombarder l’armée libyenne. C’est-elle encore qui consacre la fiction du gouvernement de Tripoli. L’établissement d’un régime militaire à Tripoli, allié à celui de Caire serait qu’on le veuille ou non, le meilleur moyen de stabiliser la région, et de lutter contre l’islamisme, qui, cette semaine encore, vient de tuer un militaire français au Mali.
3 commentaires
Oui, parfois il vaut mieux une victoire militaire indiscutable qu’un mauvais compromis qui ne satisfait personne. Cela vaut sans doute pour Israël et Gaza.
Sans aucun doute !
Les choses semblent bouger en effet mais les informations que l’on a de la situation sont disparates et peu détaillées. C’est un conflit à suivre de près car la zone est sensible. Vous avez raison de rappeler la manipulation et les turpitudes de l’ONU, l’OTAN, et des politiciens. Comme d’habitude, on va nous désigner un bon et un méchant. La campagne d’information de propagande ne saurait tarder d’où l’intérêt de rechercher les sources fiables et objectives sur un pays et une zone géopolitique qu’on connaît assez mal en réalité.