Ce matin, j’ai participé au débat sur la proposition de loi déposée par le député Jean Glavany et plusieurs de ses collègues du Groupe SRC visant à abroger l’article 89 de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales qui a été examinée ce mardi matin dans le cadre de leur séance d’initiative parlementaire (concernant le financement par les communes de l’enseignement libre).
Cette proposition a été répoussée par la majorité parlementaire constituée par l’UMP et le Nouveau Centre. J’ai pu constater la présence de plusieurs députés socialistes du Nord, et c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pu entendre deux élus socialistes du Nord s’attaquer une fois de plus à l’enseignement libre, alors que celui-ci est particulièrement présent dans notre département et accueille les élèves sans la moindre restriction sociale. Dans une ville populaire comme Tourcoing, on sait que les établissements privés reçoivent près de la moitié des élèves au niveau primaire, et près des 2/3 dans les collèges. Or, j’ai pu entendre dans la bouche des élus de l’opposition que l’enseignement privé devait demeurer marginal et qu’il était hors de question qu’il bénéficie de moyens identiques à ceux de l’enseignement public.
Rarement, des interventions ont à ce point présenté une image caricaturale : cela était le retour de la laicité de combat, avec pour Monsieur Bataille, qui manifestement ne doit pas beaucoup connaître le fonctionnement de l’enseignement catholique sous contrat, l’idée que l’existence de l’enseignement libre et sa défense, étaient du « bushisme à la française », avec pour conséquence l’interdiction d’enseigner Darwin à l’école !
Rarement la mauvaise foi a été à ce point étalée par des intervenants. Il leur parait scandaleux en effet que l’aide à l’enseignement privé puisse permettre l’exercice réel de la liberté du choix de l’enseignement, car ce serait selon eux, accorder un privilège aux écoles privées.
Il faut s’accrocher pour comprendre le raisonnement : donner la même chose, c’est donner plus ! J’ai du à plusieurs reprises leur rappeler que cela ne concerne que le fonctionnement et que les établissements privés et les parents qui leur confient leurs enfants sont pénalisés, puisqu’ils ont à leur charge au niveau primaire l’ensemble des dépenses d’investissement.
Cela constitue une très large économie au profit des communes qui n’ont à intervenir que dans l’entretien et la construction des bâtiments de leurs écoles publiques. C’est notamment le cas dans la ville de Tourcoing.
Une fois de plus, en panne d’idée(s), le regard tourné vers le rétroviseur et les débats du XIXème siècle, les socialistes ont démontré que leur conception de la laicité était celle de la guerre scolaire et non de la tolérance, que leur conception de l’égalité consistait à favoriser les uns au détriment des autres, et que leur conception de la liberté tendait à imposer une école au détriment d’une autre.
A plusieurs reprises, j’ai entendu les orateurs socialistes préciser que l’école publique était l’école de la République. En tant qu’enseignant d’une école catholique sous-contrat, et époux d’un proviseur de l’enseignement public, j’affirme hautement que nous avons l’un et l’autre travaillé pour le service public de l’Education nationale, c’est-à-dire pour l’école de la République dans laquelle il n’y a pas de place pour le sectarisme.
8 commentaires
Le combat de la laïcité n’est pas dépassé. D’ailleurs, c’est qui qui a crié au scandale (j’exagère à peine) lors de l’ouverture d’un lycée musulman à Lille ? Il me semble bien que c’est la droite locale… Au lieu de financer l’enseignement privé, l’Etat ferait mieux d’améliorer le service public de l’éducation nationale. Car s’il y a tellement d’inscrit d’élèves scolarisés dans l’enseignement privé, c’est d’abord et surtout parce qu’il y a une carence du côté des écoles publiques. Soit, laissons les écoles privées exister, mais que les choses soient claires et que les fonds en soient exclusivement privés. Bon à partir de là, tout le monde connaît la propension de Christian Bataille à caricaturer les débats !
Bien que de droite (héhé), j’ai fait toute ma scolarité à l’école publique. Dans un collège et lycée bien bourgeois d’excellentes qualités. J’ai des amis enseignants, le niveau du public se dégrade à vive allure, quand j’aurai des enfants, je me demande si je ne vais pas les mettre dans le privé. J’aimais le public, mais, étrangement, la République dépense des fortunes pour des résultats minablissimes.
Mon domaine, c’est la science, je ne sais pas ce qu’il faut faire pour redresser l’école. Les politiques doivent trouver le moyen de dépenser mieux et moins. Bon courage.
Et malgré tout, vive la République, vive la France!
Pour l’enseignement, ça n’est pas compliqué : un contenu clair pour chaque niveau de classe, revenir aux enseignements de base, méthode de lecture syllabique, pédagogie qui enseigne selon un niveau de difficulté croissant. Les élèves montent dans le niveau supérieur quand ils ont acquis les bases voulues et non à l’ancienneté comme ça se fait actuellement.
Une institutrice retraitée de l’enseignement public.
Ailleurs dans le monde, le privé est encore plus jugulé (toujours par les mêmes “progressistes”) et il veut imposer un peu plus sa vision du monde. Cours obligatoire relativiste d’éthique et de culture religieuse, même dans les écoles dites privées !
Voir :
http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2007/11/exprimenter-pendant-une-gnration.html
Ah nos bons gauchistes n’ont pas changé !
Ne dites pas de mal des gauchistes…pour le moment ils squattent les facs avec l aval du gouvernement.
Mais quand tout le monde ira dans les facs privées pour pouvoir étudier en paix qui bloqueront ils les syndicats bolcheviques??
C est ça que cherche le gouvernement??
@Léa : « l’ouverture d’un lycée musulman à Lille..[ouinnn].. »
[ndlr : une phrase supprimée]
Il me semble qu’on parlait d’enseignement *libre*. C’est-à-dire, si j’ai bien compris, d’un enseignement qui a pour but d’épanouir l’individu, …pas de l’asservir.
Et effectivement, – et particulièrement dans votre petite patrie (autoproclamée) des droits de l’homme, si prompte à voter des lois liberticides pour faire taire tout esprit critique, et à se coucher devant l’obscurantisme – le combat de la laïcité n’est pas dépassé. Et particulièrement le combat contre les laïcards, athégristes, et autres « laïques à la fröönçaise » qui sont généralement les premiers à se coucher, telle des carpettes, devant l’obscurantisme de cette secte-religion contraire aux droits de l’homme.
[ndlr : une phrase supprimée]
Bah ! …ce n’était qu’un détail vestimentaire… 😉