M. Christian Vanneste alerte Mme la ministre de la culture et de la communication sur le refus du Centre national de la cinématographie d’accorder une aide au titre du programme “Cinéma sans frontières” au film bouleversant d’Andrej Wajda, “Katyn”. Alors que ce film, véritable chef d’oeuvre, est consacré à un drame humain considérable, doublé d’un mensonge historique et politique, et qu’il a été récemment nominé aux oscars pour le titre de meilleur film étranger, le CNC n’a pas jugé utile de le subventionner. Cet ostracisme constitue un véritable scandale, d’autant plus que l’aide du CNC est accordée de manière très banale pour la diffusion d’une oeuvre étrangère. Selon le CNC, ce film ne constitue pas une oeuvre cinématographique (sic) et il n’y aurait aucune utilité de le diffuser auprès des spectateurs français. Andrej Wajda est un des plus grands cinéastes vivants, notamment en Europe, et le plus grand en Pologne. Il souhaiterait donc connaître les raisons de ce refus de la part du CNC et savoir si elle entend demander au CNC de revoir sa position.
Réponse du Gouvernement :
Le Centre national de la cinématographie (CNC) peut, sous certaines conditions, accorder des subventions afin de soutenir la distribution d’un film en salles. C’est la commission d’aide sélective à la distribution siégeant auprès de la directrice générale du Centre qui émet un avis sur le soutien à apporter ou non à la distribution d’un film selon un faisceau de critères qui concernent à la fois l’intérêt et les qualités artistiques du film même, mais aussi la pertinence et la qualité du travail de diffusion qu’envisage le distributeur (exposition et promotion du film). L’avis de la commission sur le film « Katyn » ne constitue en aucune façon une remise en cause de la reconnaissance du grand cinéaste qu’est Andrzej Wajda. D’ailleurs, le CNC avait initialement accordé un soutien à la production du film en 2005, dans le cadre de l’aide aux films de langue étrangère, procédure destinée à soutenir les cinéastes étrangers reconnus au plan international et en France. Mais les producteurs ont finalement changé de stratégie de financement, renonçant à une coproduction avec la France et donc du même coup au bénéfice de cette aide. Il apparaît que la commission d’aide à la distribution du CNC a estimé que le travail de distribution envisagé pour le film était insuffisant, la sortie proposée étant extrêmement réduite (12 copies pour la France), de même que le budget de promotion envisagé (59 000 EUR), ne donnant pas les moyens au film de trouver une vraie place auprès du public. De plus, le film a fait l’objet d’une vente par le distributeur à Canal + pour une diffusion préalable à la sortie en salle du film. Le film a ainsi été diffusé 13 fois sur Canal + Cinéma en décembre 2008 et janvier 2009. En accordant aussi l’exclusivité à un service de télévision, le distributeur semble avoir fait le choix de privilégier la diffusion télévisée sur la diffusion en salle, au risque que le film soit moins attractif pour les exploitants susceptibles de le programmer. C’est sans doute le motif pour lequel la commission n’a pas jugé opportun de soutenir la distribution du film à travers un mécanisme qui a pour objectif d’aider la prise de risque et l’investissement des distributeurs dans le cadre d’une exploitation primitive en salles, conforme à la chronologie des médias. Le ministère de la culture et de la communication regrette, compte tenu de l’intérêt et de la qualité du film d’Andrzej Wajda, qu’un dialogue plus approfondi n’ait pu être mené entre le distributeur du film et le CNC en vue de la plus large diffusion de cette oeuvre dans les salles de cinéma.
Question publiée au JO le : 14/04/2009 page : 3419
Réponse publiée au JO le : 28/07/2009 page : 7480
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